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Billet de blog 8 juin 2010

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SURFER OU DISPARAÎTRE

L’art de surfer dans les sociétés liquides 

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’art de surfer dans les sociétés liquides

Surfer de nouvelles vagues suppose de saisir la dynamique de l’environnement. Dans la mesure où chaque vague est unique et différente, il est essentiel de repérer les dangers, les similitudes, les correspondances, les régularités. Surfer consiste à se laisser envahir par l’environnement et s’imprégner de ses humeurs. Apprendre à lire exige de décrypter l’océan, de comprendre son vocabulaire et son langage, de percevoir les signes annonciateurs d’un temps nouveau. À chaque fois un processus similaire s’engage. Identifier les caractéristiques de l’environnement, repérer les constantes dans le chaos, évaluer les variations, saisir la dynamique afin d’écrire une partition. L’enjeu est alors moins de maîtriser le vocabulaire technique que de comprendre la dynamique des processus en jeu.

En ce début de siècle, on assiste à l’effondrement d’un monde solide et stable, et l’apparition d’un monde liquide, fluide et aléatoire. Dès lors, le surf envisagé comme processus, prend aujourd’hui toute sa pertinence dans les différents champs des savoirs. Le langage surf s’est infiltré dans les discours de la philosophie, de la sociologie, de l’économie,… et des nouvelles technologies de l’information pour exprimer l’émergence de nouvelles sociétés liquides.

Comprendre comment le surf a pénétré ces différents savoirs n’est pas chose facile tant chaque domaine est déterminé par un langage propre qui constitue autant de remparts à la compréhension par les non experts. La difficulté est ici de ne pas se laisser prendre au piège des vocabulaires savants mais de rester centré sur les processus en jeu. Il s’agit seulement du point de vue assumé d’un surfeur voyageur qui observe comment les phénomènes de glisse et de flow permettent de repenser nos modèles théoriques et d’envisager le monde qui se dessine.

Le surf a débordé l’espace de la plage pour inonder un monde devenu liquide. Le terme surf, souvent utilisé comme métaphore pour illustrer une idée, une sensation, a aujourd’hui pénétré tous les discours. Ainsi, chacun surfe aussi bien sur la vague de la politique que sur la toile. Rapidité des déplacements, communication instantanée, métamorphose permanente des systèmes et des organisations, autant d’éléments qui annoncent l’émergence d’une nouvelle société liquide mondialisée où se redéfinissent les relations aux amis, à la famille, au travail. Chacun est ainsi contraint de changer sa vision et perception du monde, abandonner le point fixe, la droite comme références absolues pour envisager le monde sous le prisme de la différence, de l’aléatoire et de l’incertitude. Ces mutations inquiètent nos sociétés plus enclines à affirmer des vérités validées par des experts de tous ordres que de porter un regard critique de bon sens en essayant de comprendre la dynamique des processus en jeu.

Nos institutions, nos organisations et leurs dirigeants seront rapidement amenés à intégrer ces mutations pour répondre aux enjeux de ce monde nouveau et aux attentes de la jeunesse. Ceux qui n’engageraient pas une telle démarche seront condamnés à rester accrochés, agglutinés sur leur îlot de certitude, en attendant – spectateurs impuissants – la montée des eaux.

Aujourd’hui, l’impératif n’est plus seulement de savoir marcher, mais d’être capable de surfer sur l’incertitude du monde. Surf or dy ! résonne aujourd’hui en écho aux injonctions militaires Marche ou crève ! des sociétés positivistes révolues.

Francis Distinguin

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