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Billet de blog 11 juin 2010

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RESISTANCE A LA RECONNAISSANCE DU SURF PAR LE MOUVEMENT OLYMPIQUE

 Pendant longtemps les fédérations sportives traditionnelles ont refusé de considérer ces activités physiques comme des disciplines sportives à part entière.

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Pendant longtemps les fédérations sportives traditionnelles ont refusé de considérer ces activités physiques comme des disciplines sportives à part entière.

Dans le chemin qui a mené à la reconnaissance de la Fédération internationale de surf au sein du CIO, la première pierre fut posée par la Fédération française de Surf (sous la présidence de Jean Saint-Jean) qui fut acceptée comme membre du Comité National Olympique lors de l’assemblée générale du 29 mars1988, alors qu’aucune autre Fédération nationale de Surf dans le monde n’avait été autorisée à pénétrer les arcanes du mouvement olympique. Mais cette porte du mouvement olympique a grincé pour s’ouvrir. La surprise est venue notamment de l’opposition des Fédérations françaises influentes de canoë-kayak et l’abstention de la natation, des sports sous-marins et du ski nautique. Ces frères d’eaux voyaient peut-être dans les surfeurs l’incarnation d’un leviathan (dans les traditions juives et chrétiennes, le léviathan est un monstre reptilien marin incarnant le Mal, et souvent représenté sous la forme d’un gigantesque serpent de mer, dont les ondulations sont à l’origine des vagues.) susceptible de détourner leurs athlètes du droit chemin, de l’effort et de l’abnégation indispensables dans la quête du graal olympique. Bref, la candidature du surf au sein du mouvement olympique français n’aurait pas pu voir le jour sans les qualités persuasives du tribun moderne que fut Nelson Paillou, président du Comité National Olympique et Sportif Français qui persuada ses collègues des enjeux et de l’intérêt de la chose, tout en précisant que « cette fédération ne couvre ni le canoë-surf ni le surf de montagne ».

L’attrait des sports de glisse par les jeunes

Les organisations sportives qui percevaient les nouvelles pratiques de glisse comme une concurrence et une menace ont bien compris qu’il était plus judicieux de les intégrer en leur sein, en leur accordant une place à la marge de leur organisation, plutôt que de les laisser gambader et s’organiser à l’extérieur de leurs murs. Alors que la discipline du windsurf (qui comme sonnom l’indique utilise le vent pour surfer les vagues) fut inventée par les surfeurs et intégrée comme discipline du surf aux statuts de la Fédération française de Surf-Riding dès les années 1970, le terme de Windsurf fut rapidement remplacé par le terme plus générique planche à voile permettant ainsi d’accorder à la puissante Fédération française de voile, la légitimité d’organiser cette discipline. Au grand dam de quelques esthètes, le windsurf a vu ainsi ses bras coupés de son histoire et de sa filiation au surf. Ce renoncement fut cependant récompensé par une reconnaissance rapide de la planche à voile comme discipline olympique grâce au réseau de la Fédération internationale de voile.

La notion de sports nautiques en référence à la navigation des bateaux et emprunté à l’univers de la marine et de la voile s’est récemment imposée pour regrouper les pratiques sportives en lien avec l’eau. Les Fédérations nautiques, appuyées par les industries nautiques ont bien perçu tout l’intérêt de se positionner sur un champ plus large et d’intégrer les pratiques de glisse en se rappelant que les bateaux glissent aussi. Dès lors, il n’est pas étonnant que de nombreuses Fédérations nationales de surf soient encore rattachées à des Fédérations nationales qui relèvent directement ou indirectement de sports nautiques. Tentation de jeunisme, tous les sports d’eaux revendiquent un lien étroit avec la glisse. Une valeur positive susceptible de capter de nouveaux adhérents et partenaires. Bien évidemment !

Quels que soient les chemins de traverse adoptés par les structures fédérales, on assiste à une forte démocratisation des pratiques confirmant ainsi l’attrait de la jeunesse du monde pour les sports de glisse. La reconnaissance de la fédération internationale de surf (ISA) par le CIO en1997, constitue le premier témoignage de l’intérêt accru du mouvement olympique au surf.

Le CIO prend la vague

Pour la première fois, une personnalité du CIO, Jean-Laurent Bourquin (Jean-Laurent Bourquin occupe les fonctions de senior manager au CIO, en charge des activités des Jeux Olympiques et des relations avec les Fédérations Internationales) prend la parole à propos de la reconnaissance et de la place du surf au sein du mouvement olympique. Son interview fait écho aux propos du président de la Fédération internationale Fernando Aguerre qui estime que le surf n’est pas reconnu à sa juste valeur au sein du mouvement olympique et s’impatiente d’une reconnaissance du surf au programme des Jeux olympiques et aux Jeux de la jeunesse. Le président de la fédération Internationale (ISA) est appuyé dans sa démarche par des acteurs de poids de l’environnement du surf, notamment les entreprises majeures du business du surf et l’association des surfeurs professionnels. Si la solution de la création de « parcs à vague » s’impose pour l’ensemble de ces acteurs comme la seule réponse possible à la reconnaissance du surf au sein du mouvement olympique, le débat ne doit pas pour autant être confisqué aux surfeurs de base.

 

Francis Distinguin

Président de la Fédération Européenne de Surf de 2007 à 2009. Coordinateur d’une cellule de réflexion sur l’évolution du surf au 21ièmesiècle auprès de la Fédération Internationale

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