« Voici venu le temps du crétin roi ! »
En ces temps de propagation de virus de toutes sortes, il en est un, le « connarovirus », qui a vraisemblablement choisi de couronner une espèce bien particulière de victimes, les crétins.
L'épidémie, semble avoir commencé il y a deux ou trois décennies et amorce depuis quelques années une phase inquiétante de pandémisation.
De discrets signes avant-coureurs avaient alerté de trop rares experts. D'après plusieurs études récentes, dont une étude norvégienne de 2018, une baisse généralisée du quotient intellectuel moyen serait effective, notamment en Occident, depuis une quinzaine d'années, et s’expliquerait par des causes environnementales (précisément, je cite, « un environnement culturel moins favorable pour les jeunes générations »).
Une autre étude pointe le danger des écrans (tablettes, smartphones, ordinateurs, télé...) pour les enfants et les adolescents (retard de langage, difficultés d'apprentissage…).
Les enquêtes PISA confirment, dans nombre de pays, cette baisse de niveau, et bien d’autres études encore sont alarmantes !
« Nous devenons de plus en plus stupides, ça se passe maintenant et cela ne va pas s’arrêter ! »
(Edward DUTTON, Vester Institute for Social Research, UK)
La plus grande fabrique de crétins : les USA
Ce pays a été bien souvent en avance de dix ou vingt ans sur le reste de la planète, dans bien des domaines (technologies, modes, musique...) pour le meilleur comme pour le pire. C'est encore le cas dans l'émergence puis le développement du connarovirus qui nous intéresse ici.
Jean-Paul Dubois (prix goncourt 2019) l'avait bien remarqué, il y a déjà une vingtaine d'années, dans son essai « L'Amérique m'inquiète » :
« L'Amérique était sans doute le seul zoo de la planète à laisser errer et divaguer en liberté une pareille variété d'individus exotiques, aux idées toxiques et retorses, tous affairés, chaque matin, à bricoler et à mettre en œuvre une masse de projets incongrus, terrifiants ou pathétiques. »
« Car comment expliquer autrement que dans ces années- là, un président des États-Unis écrive à un maire de Floride pour le féliciter d'organiser une chasse au diable sur sa commune, que des sociétés financières rachètent à vil prix les assurances vie des mourants dans le besoin, qu'une strip-teaseuse obtienne par jugement d'un tribunal de Californie de pouvoir déclarer ses prothèses mammaires comme des outils de travail pour les déduire de ses impôts, qu'un médecin fouille l'anus d'un condamné à mort trente minutes avant son exécution, qu'un cancéreux attaque l'Etat de Californie pour avoir le droit d'être congelé vivant, que des gladiateurs s'entretuent après s'être fait tatouer « Jésus » sur la peau de l'estomac, que des prisonniers s'agenouillent devant un shérif d'Arizona pour qu'il leur dédicace des bibles, que toute une secte vive dans des abris souterrains en attendant l'apocalypse, que des bourreaux affables contraignent et maintiennent les quatre membres d'un condamné à mort au moment de la piqûre létale ? »
Plus récemment, le virus ayant fait son chemin, il est parvenu à couronner dans ce pays son crétin le plus emblématique. Il faut bien admettre que, pour qu'une majorité des Américains élise un personnage inculte, caractériel, narcissique et incompétent à la tête du pays, il est nécessaire qu'une partie importante de cette majorité soit elle-même déjà infectée par ce virus.
1 - Le niveau d’éducation :
« La partie émergée et donc visible du système éducatif américain est certes brillante et performante. Dans le pays de l'argent-roi des universités illustres se distinguent au niveau planétaire et trustent régulièrement les premières places dans les classements mondiaux (M.I.T., Harvard, Berkeley, Princeton, Columbia...), simplement parce qu'elles ont des moyens financiers considérables, et que pour y faire leurs études, les étudiants américains paient très cher et s'endettent souvent pour la vie. Notons que le nombre des étudiants qui accèdent au haut niveau de ces quelques universités est très faible, rapporté à la population totale du pays. L'excellence des diplômes qui y sont délivrés attire également les meilleurs cerveaux du monde entier.
Dont acte !
Mais examinons la partie immergée de l'iceberg éducatif américain (attention, ça jette un froid !) :
Quelques faits et chiffres :
- Les USA se classent au 49ème rang mondial pour ce qui est de l'alphabétisation des adultes (voir note*).
- Au 41ème rang au classement PISA pour les mathématiques
- Près de la moitié de la population américaine rejette la théorie de l'évolution et croit aux thèses créationnistes** ; parmi eux un nombre conséquent de « terreplatistes » !
- 42% des élèves du secondaire (ceux des « high school », équivalent de nos lycées) ne peuvent nommer un seul pays d'Asie !
La liste serait longue de tous les autres indicateurs, inquiétants, mesurant le niveau des élèves, des enseignants, des programmes, tant au niveau des Etats qu'au niveau fédéral.
Tout cela pour expliquer que ce n'est pas n'importe quel lycéen ayant fini sa « high school » qui a accès à l'Université, comme c'est le cas des bacheliers en France.
Aux USA, ni l'examen de sortie du lycée (d'ailleurs exigé seulement dans 33 Etats, et auquel près de la moitié des lycéens ne se présentent même pas !), ni la réussite au SAT***, ni même la réussite au « regents*** » à New York, ne suffisent pour intégrer une université bien cotée, ce qui se fait uniquement sur dossier.
C'est dire qu'en amont de ce niveau requis pour y accéder il y a des établissements secondaires souvent d'un très faible niveau !
Aux USA le système éducatif est très décentralisé ; ce sont les Etats qui s'occupent des programmes, des manuels, du recrutement, d'où une très grande disparité, y compris dans le choix des matières enseignées et des matières optionnelles offertes.
On ne trouve pas, au niveau du secondaire, des exercices élitistes comme la dissertation chez nous. L'évaluation se fait essentiellement par QCM****. Il n'existe pas non plus des matières comme la philo, destinées à développer l'esprit critique. Ces matières « qui font réfléchir » ne peuvent être choisies qu'au niveau du supérieur (philosophie, sociologie, psychologie...), et le sont beaucoup plus rarement qu'en Europe, étant donné que l'enseignement supérieur américain est à visée surtout utilitariste, c'est à dire étroitement lié au marché de l'emploi (c'est ainsi que les études les plus demandées sont le commerce, l'informatique, la technologie...)
Un autre aspect original et important dans le système éducatif américain est l'accent mis sur l'épanouissement du jeune, la formation du caractère, la mise en confiance, le sport (aspects très positifs si l'on évite les dérives de "l'enfant roi"!).
Il suffit de se souvenir de certains films pour teenagers dont l'action se déroule dans les collèges américains (les collèges américains sont des établissements d'enseignement supérieur, rien à voir avec les collèges français). Souvent le personnage principal masculin est un « mâle alpha », à qui on passe tout, qui règne sur sa bande, en s'imposant par la violence. Des dialogues de niveau CM2, outranciers ou débiles, dans la bouche de jeunes adultes, c'est toujours surprenant pour un spectateur européen !
A l'inverse on insiste rarement, dans les établissements scolaires américains, sur la nécessité de l'effort, et beaucoup d'écoles sont très laxistes.
Bien sûr il ne faut jamais généraliser, surtout pas dans ce pays où les inégalités ont atteint des sommets. Ces mêmes inégalités touchent la qualité de l'enseignement. A côté d'établissements de bon niveau dans nombre de grandes villes, on trouve dans certains comtés de « l'Amérique profonde » des écoles surprenantes, extravagantes, où la bible est LE programme d'où dépendent tous les autres !
Voici par exemple un « test » de sciences ( ! ) donné dans une classe de niveau CM1, dans une école à Greenville, en Caroline du sud :
4th grade Science Quiz :
Dinosaurs: Genesis and the Gospel :
1- true or false: The earth is billions of years old
2- true or false: Dinosaurs lived millions of years ago
3- On what day did God make dinosaurs? 6th
4- true or false: Dinosaurs lived with people
5- What did people and animals eat in the beginning? plants
6- Which one fits the Behemoth described in Job 40? (circle the picture)
(ici 3 dessins représentant un éléphant, un rhinocéros et un dinosaure ;
l'élève a cerclé le dinosaure)
7- true or false: If an animal has sharp teeth, it must mean it is a meat-eater.
(les réponses données par l'élève qui a obtenu 10/10 sont en caractères gras)
Il faut bien comprendre que dans ce pays toutes les idées ou croyances peuvent être exprimées et publiées, même les plus idiotes (selon nos critères), même des propos racistes, en raison du sacro-saint premier amendement de la Constitution américaine. »
« Les crétins osent tout, c’est même à cela qu’on les reconnaît ! »
Cette célèbre réplique culte d’un film français (légèrement modifiée) peut-elle s’appliquer aux Américains ?
Il faut ici parler du poids de la religion, et du fameux « exceptionnalisme » américain.
Rappeler d’abord les origines puritaines de ce pays. À l’époque du « Mayflower », les premiers colons anglais qui débarquèrent sur la côte Est au début du XVIIe siècle étaient essentiellement, soit des repris de justice exilés de force vers le Nouveau Monde, soit des fanatiques religieux chassés d’Angleterre.
Le Nouveau Monde est vite devenu pour ces derniers la nouvelle « terre promise ». Fortement et exclusivement imprégnés de culture biblique, ils ont vécu leur destin américain exactement comme avait vécu leur destin le peuple hébreu de l’ancien testament.
Ainsi sont nés le concept de « destinée manifeste », et « l’exceptionnalisme » américain, c’est-à-dire la volonté de se voir et d’être différent, voire unique, d’être un « peuple élu » par Dieu, un peuple providentiel et prédestiné.
Cela explique un comportement et un mode de pensée encore actuels, qui nous paraissent toujours, à nous autres Européens (du moins la majorité d’entre nous), si étranges et agaçants à la fois : la bonne conscience toujours affirmée, la certitude de son bon droit, d’avoir toujours raison, voire le manichéisme simpliste (à l’œuvre dans beaucoup de films américains).
Plus de 70 % des Américains se disent chrétiens, parmi lesquels de plus en plus d’évangéliques protestants, sans compter les 6 % de pratiquants d’autres religions.
Plusieurs fois, lors de mes voyages aux Etats-Unis, j’ai eu l’occasion de discuter avec des Américains. Lorsque je disais que j’étais athée, je percevais souvent chez mon interlocuteur un profond malaise. Ne pas croire en Dieu est pour une grande majorité d’entre eux une chose inconcevable. Aujourd’hui encore, dans plusieurs états américains, vous ne pouvez revendiquer votre athéisme ou agnosticisme sans prendre de gros risques, tels que l’interdiction d’accéder à certains emplois publics. des croyances
Le poids écrasant des croyances religieuses explique en grande partie le manque de recul et d’esprit critique des Américains.
Car le point commun de tous ces croyants, c’est qu’ils ne doutent absolument jamais !
Alors oui, beaucoup (heureusement pas tous !) répondent à la définition : ils osent tout !
Ils osent affirmer que la terre (et tout ce qui s’y trouve, les animaux, les humains, les dinosaures…) est née il y a environ 6000 ans. Certains osent proclamer bien fort (pas seulement sur les réseaux sociaux, mais même dans des écoles, des fondations) que la Terre est plate !
Ils osent propager des idées réactionnaires d’extrême droite (suprémacisme blanc, anti-avortement…) comme le font le Tea party et d’autres mouvements ou partis, plus ou moins folkloriques, plus ou moins effrayants (rappelons que le KKK, le ku klux klan, a toujours pignon sur rue !).
Ce grand pays exportateur, leader mondial du capitalisme financier prédateur, a malheureusement une énorme capacité de nuisance sur toute la planète. Sans parler de ses interventions militaires et diplomatiques, de sa prétention à jouer le rôle de gendarme mondial (toujours selon leur « bon droit », leur « bonne conscience », voire même au nom de leur « devoir »), il faut, pour rester dans le cadre de notre sujet (le crétinisme montant), mentionner ici tout ce qui nous vient d’outre atlantique, et dont nous nous serions volontiers passés.
Je ne sous-estime pas tout ce qui nous a enrichis, venant des Etats-Unis, que ce soit dans le domaine du cinéma, de la littérature, de la musique et dans bien d’autres.
Je déplore simplement l'invasion de comportements, modes de pensée, modes tout court, qui tendent à uniformiser par le bas les façons d'être et de vivre sur toute la planète, et de gommer par là-même les spécificités, originalités, richesses séculaires de chaque pays, voire de chaque région ou province, en somme de nous faire perdre notre âme.
Est-il vraiment nécessaire de développer, donner des exemples ? Chacun peut en trouver, selon sa sensibilité. Personnellement ce qui m’insupporte le plus aujourd’hui c’est la malbouffe, un certain type invasif de cinéma (blockbusters débiles…) et le « politiquement correct » à l’américaine.
Enfin, je ne peux clore ce chapitre sans parler du « Crétin en chef » et de ses émules depuis deux ou trois ans.
Longtemps, au niveau de nos chefs d’État, c’était entente cordiale ou détestation cordiale, mais dans ce dernier cas on y mettait tout de même les formes, un minimum de bienséance régissait les relations publiques ou diplomatiques (même si en privé on utilisait un autre langage).
Désormais, avec Trump, Bolsonaro, Erdogan, Orban et tous les autres populistes (à ce niveau aussi c’est la contagion) on utilise là encore un vocabulaire et un discours du niveau « cour de récré » :
On s’échange directement des noms d’oiseaux, on traite la femme de l’autre de « pouffe », on prétend en avoir une plus grosse que son adversaire …. etc.
Y a-t-il plus belle illustration de notre thèse de départ ?:
« Voici venu le temps du crétin roi ! »
(Addenda : cette charge « anti crétins américains » ne se veut pas anti américaine ! Aux Etats-Unis, pays des inégalités maximales, l’éventail est très large entre la catégorie, certes nombreuse, dont j’ai parlé, et son autre extrémité composée de gens tout à fait fréquentables, intelligents et sympathiques. C’est un pays passionnant à visiter, peut être justement en grande partie à cause des contrastes et des surprises, pas toujours agréables, qu’il ne cesse de nous donner. Vous avez l’impression parfois d’un perpétuel festival de carnavals, tantôt tristes ou tragiques, tantôt gais, tantôt fous. (Pensez au goût des parades, des pom pom girls, des matchs de base ball, aux drapeaux et bannières, au goût des uniformes, aux meetings électoraux, aux sinistres démonstrations du KKK, aux masques et déguisements….)
Les opinions que j’ai développées sont partagées par bien des Américains du camp démocrate qui ont le sentiment très fort d’un pays divisé, et que ceux de l’autre bord sont leurs ennemis et n’appartiennent pas au même peuple.)
Notes:
* Selon une autre source que les chiffres avantageux de la CIA. Ici comme ailleurs tout dépend de la méthode de calcul et donc des critères retenus.
** D’après les « créationnistes jeune terre », la terre est née le 23 octobre en 4004 avant JC ! les terreplatistes croient que la terre est plate.
*** Le SAT est l’examen commun à tous les lycéens américains, consistant en une série de QCM, une simple formalité pour n’importe quel élève français de terminale. Il faut noter qu’il n’y a aucun moyen d’échouer: les étudiants reçoivent un score entre 800 et 2400, qui sera utilisé pour leur inscription à l’université. Le Regents est l’examen qui se rapproche le plus du bac français, avec 5 épreuves dans les « matières de base », surtout sous forme de QCM.
**** Un bachelier français, maîtrisant très bien l’anglais, a toutes ses chances.
( NB: le traitement du sujet étant loin d’être épuisé, je continuerai dans de prochains billets, avec : le rôle des religions, l’environnement culturel moins favorable pour les jeunes générations, le rôle de l’intelligence artificielle…)