Aujourd'hui, un sonnet de Verlaine, tiré du recueil « Sagesse », publié en 1880.
L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable.
Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
Que ne t'endormais-tu, le coude sur la table ?
Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
Bois-là. Puis dors après. Allons, tu vois je reste,
Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
Et tu chantonneras comme un enfant bercé.
Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame.
Il dort. C'est étonnant comme les pas de femme
Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.
Midi sonne. J'ai fait arroser dans la chambre.
Va, dors ! L'espoir luit comme un caillou dans un creux
Ah, quand refleuriront les roses de septembre !
On retrouve la mélancolie propre à Verlaine, la légèreté de cette musique qui nous berce. Mais on peut être piégé par la fausse simplicité de ce texte où le poète est hanté par ses voix, où l'instance d'énonciation est flottante (« je », « tu », « madame », « il ») comme les lieux, où certains alexandrins sont déconstruits (vers 5 par exemple). Alchimie d’écriture où la forme figée du sonnet épouse à merveille la confusion intérieure du poète.