Un court poème qui illustre cette citation - terriblement actuelle - de Pascal : "Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre".
Le Long du quai
Le long du quai les grands vaisseaux,
Que la houle incline en silence,
Ne prennent pas garde aux berceaux
Que la main des femmes balance.
Mais viendra le jour des adieux ;
Car il faut que les femmes pleurent
Et que les hommes curieux
Tentent les horizons qui leurrent.
Et ce jour-là les grands vaisseaux,
Fuyant le port qui diminue,
Sentent leur masse retenue
Par l’âme des lointains berceaux.
Sully Prudhomme est un poète un peu oublié de nos jours, célèbre pour avoir été le Premier Prix Nobel de littérature de l'histoire. Apparenté un temps aux Parnassiens, la deuxième strophe a des accents mallarméens. Les vaisseaux, grands berceaux, sont eux aussi balancés par la houle, tout comme le cœur des hommes, tiraillés entre l'attirance de l'inconnu et l'attachement au foyer. Notons que les berceaux auront cependant le dernier mot.
L'occasion de dire ici ma prédilection pour les poèmes courts qu'on peut lire et relire trouvant à chaque fois de nouvelles connexions entre les mots. Je vous laisse trouver les vôtres.