Un poème de Max Jacob datant de 1912 :
Avenue du Maine
Les manèges déménagent.
Manège, ménageries, où?... et pour quels voyages?
Moi qui suis en ménage
Depuis... ah ! il y a bel âge !
De vous goûter, manèges,
Je n'ai plus... que n'ai-je?...
L'âge.
Les manèges déménagent.
Ménager manager
De l'avenue du
Maine
Qui ton manège mène
Pour mener ton ménage !
Ménage ton ménage
Manège ton manège.
Ménage ton manège.
Manège ton ménage.
Mets des ménagements
Au déménagement.
Les manèges déménagent,
Ah ! vers quels mirages ?
Dites pour quels voyages
Les manèges déménagent.
La poésie est protéiforme. Elle peut se frotter à l’histoire comme dans les Épopées, à la Philosophie, à la Science, dire les doutes, les sentiments, les bonheurs et les tourments petits ou grands de l’homme face au monde ou face à lui-même. Sa force est d’être une langue capable d’englober toute autre langue. Elle peut aussi, comme ici, s’amuser de ses propres mots, devenir un manège sonore qui joue de ses propres sons, de ses propres échos, jusqu’à l’humour, jusqu’à l’absurde, jusqu’à être ivre de tourner en rond. Mais si on avance dans le texte, dans quelle avenue le poète nous Maine-t-il ?
Quelques mots sur l’auteur, Max Jacob, célèbre entre autres pour sa poésie burlesque, et qui connut un destin tragique. Ses origines juives lui valent, six mois avant la Libération de Paris, d'être arrêté par la Gestapo. Interné par la gendarmerie française dans le camp de Drancy, il y meurt en cinq jours, trente heures avant sa déportation programmée pour Auschwitz.