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Billet de blog 12 janvier 2011

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-LES CONSEQUENCES PSYCHIQUES DU MANAGEMENT-

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous constatons tous aujourd’hui que les entreprises, et certains organismes, exigent des salariés « toujours plus », « toujours mieux » et « toujours plus vite ». Pour répondre à ce besoin pressant, les nouveaux modes de management fondent leurs pratiques sur ce qu’on appelle la « mise sous tension ». Cette mise sous tension sous entend que l’individu est conditionné pour effectuer une cadence de travail rapide et optimale.

Ajouté à un système de notation très exigent, amenant les employés à toujours se surpasser, cette forme de management qui utilise le stress et la pression permanente comme « carburant », offre aux entreprises un vivier d’employés ultra performant, passionné et motivé grâce « aux stimuli » provoqués par le besoin lié à la réussite et à la reconnaissance sociale.

Le stress est, il est vrai, un facteur essentiel de mouvement et de créativité qui, bien gérer, peut apporter indubitablement de bons résultats au sein des entreprises. Mais pour des raisons de rentabilité, ces mêmes structures sont souvent tentées de pousser le stress et la pression interne à un niveau très élevé. Il y règne alors un climat insécurisant et un sentiment de mal- être général qui altère l’exaltation produite par la mise sous tension…

Par le caractère extrême que revêt leurs systèmes de management, ces dites entreprises obligent implicitement leurs employés à se dépasser au-delà de toutes limites. « En réalité, explique un manager, on va vous donnez une mission, deux missions, trois missions mais on sera déçu si vous n’en faites que trois. On vous demande d’aller plus loin que ce qui est exigé. C’est dit sans être dit, ça doit être compris ». Cette citation me semble très explicite quant à la situation du travailleur confronté à l’exigence permanente de ses supérieurs : Quoiqu’il fasse, il est coupable de ne jamais en faire assez ! Donc, tant qu’il reste passionné, l’individu demeure sous le joug de l’illusion et cumule les missions, mais si l’individu ne parvient plus à maintenir le rythme et s’épuise, il se verra accablé de culpabilité et sera rejeté par ses confrères.

Cette façon de procéder des entreprises qui consiste à mettre sur la touche les employés peu rentables est très néfaste car elle détruit volontairement la personnalité de ces derniers. Certes, elle permet de pousser l’individu apeuré dans un dépassement permanent mais le laisse sans vie lorsque celui-ci a épuisé toutes ses ressources, vidé par un immense don de soi dont il perçoit, dans son état dépressif, l’inutilité et la vanité.

Pour clore ce funeste tableau, je souhaite ici définir deux types de stress ayant pris une forme destructrice dû à la mauvaise utilisation qu’en font certaines entreprises :

-D’une part, il y a le stress léger, provoqué par le surinvestissement de l’individu dans l’entreprise, mais toujours en accord avec la logique de celle-ci. Ce stress léger détruit la personne à petit feu, apportant insomnie, fatigue et irritabilité. Dans cette étape, l’individu n’a pas encore pris conscience qu’il n’est qu’un objet que l’on rentabilise.

-D’autre part, il y a le stress lourd, provoqué par le choc entre la réalité et l’idéal professionnelle du travailleur. Consumé, il réalise soudain qu’il a été utilisé par l’entreprise pour assurer ses performances. C’est la « désillusion », apportant une dépression et une aboulie lourde (perte de la volonté d'agir).

Ces deux types de stress apportent donc ruine et désolation chez l’individu, le poussant même jusqu’à la « rupture », ce point de non retour qui est finalement la seule issue possible à cet engrenage dévastateur. Malgré une certaine évolution des comportements sociaux, il est encore rare qu’une entreprise concilie performance économique et équilibre du personnel. Cette double exigence réclame des moyens (mise en place de systèmes de gestion particuliers) et un respect d’autrui qu’elles ne possèdent pas où ne souhaitent pas mettre en pratique pour des raisons pécuniaires.

Je conseille donc, à tous ceux qui possèdent peu de connaissance en sociologie, de faire preuve de la plus grande prudence avant d’entrer au service d’une entreprise. Même si le manque de moyens ou l’ambition nous pousse parfois à tout accepter, il serait préférable de faire preuve d’ingéniosité pour ne pas tomber dans ce piège.

Par: Trommenschlager Franck/www.psy-luxeuil.fr

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