Une partie de la journée peut facilement être accaparée par les procédures de sécurité au travail.
La journée commence par un briefing qui est en grande partie consacrée à la sécurité. Les incidents / accidents survenus, les nouveaux risques apparaissant au grès de l'avancée des travaux ou des changements de saison… ces safety meeting sont assez ouverts. En effet, pas de "management" à l'horizon, on est entre ouvriers. Et puis tout ça est théorique. En général une fois le meeting passé, tout le monde reprend ses habitudes. Un petit exemple : Tous les jours un point particulier est détaillé. Ce jour là on parle de l'utilisation des échelles. Un petit power point, des photos assez comiques, un topo sur ce qu'on peut faire ou pas, et comment avec une échelle. En gros, on ne peut rien faire sur une échelle, à part la monter ou la descendre. On a passé notre semaine perché sur des escabeaux faute d'avoir le matériel nécessaire à notre travail à 2,5 mètres de hauteur, au vu et au su de tous les responsables du site.
On pourrai se demander pourquoi on est payé 30 minutes pour ça. En partie parce-que c'est efficace je pense mais surtout pour des raisons juridiques. En effet depuis 2004 le code criminel oblige les employeurs à assurer la sécurité de leurs employés sous peine de poursuites. Ces safety meetings sont une des pratiques mises en place par les entreprises pour répondre à ce nouveau risque juridique.
Celle-ci ne se sont pas mises à se préoccuper du jour au lendemain de la santé de leurs employés. Cette législation est une conséquence de l'accident de la mine Westray en 1992 qui a tué 26 mineurs, et qui n'avait rien d'un accident.
Je ne suis expert ni en droit ni en anglais, j'ai du mal à comprendre toutes les subtilités des droits et devoirs des travailleurs que je signe sur chaque nouveau site, mais j'ai au moins compris que tout est fait pour nous mettre la pression. En effet une des nouveautés (à en croire mes collègues canadiens) est que l'on a l'obligation de cesser le travail si on considère que celui-ci est dangereux. Avant il paraît qu'on avait seulement le droit. En apparence c'est une avancée, mais ça a tout l'air d'être un moyen de faire reposer la faute à l'employé qui n'aurai pas refusé un travail dangereux (sur un chantier, on trouve toujours quelque-chose de dangereux, il suffit d'ouvrir les yeux).
Il faut voir le bon côté des choses. Certaines entreprises prennent ça très au sérieux, ce qui peut nous faire perdre des heures. J'ai travaillé sur un chantier où on arrivait à 7h pour un safety meeting de 30 minutes, où on attendait 1 à 2 heures pour avoir un permis de travaux et où le moindre petit pépin stoppait tout. Un vrai bonheur ! Tout ça payé par… la compagnie pétrolière, qui espère bien se refaire sur nous un jour, plus tard… En attendant on en profite pour faire la sieste dans le truck en espérant qu'il manque une signature sur le nouveau permis de travaux. On prend son de soi comme on peut.