La qualité des communications par téléphone portable est notoirement inférieure à celle autrefois permise par les téléphones filaires. Certes, nous sommes devenus joignables partout, mais souvent dans de mauvaises conditions. Personne pourtant ne s'en plaint vraiment, ce qui laisse penser que l'essentiel n'est peut-être pas dans la qualité du réseau de téléphonie sans fil ou dans l'étendue de sa couverture, mais dans l'avantage symbolique que chacun ressent, et pas si confusément que ça, à être appelé sans pouvoir (ou vouloir) répondre. Ce qui ferait alors le succès du portable, ce serait donc moins de parler à autrui parmi ses proches et connaissances que de consulter sur sa messagerie le nombre et la qualité des appels n'ayant pas abouti.
Auparavant, trouver un message sur son répondeur à la maison, cela signifiait surtout : "j'étais absent quand quelqu'un a appelé" ou "j'étais là mais je ne voulais pas être dérangé par quiconque (je ne savais d'ailleurs pas tout à fait qui appelait)". Aujourd'hui, et les smartphones ne changent pas grand'chose à la donne, trouver un message sur sa boîte vocale tend à signifier : "J'étais plus ou moins disponible quand vous avez appelé mais j'avais mieux à faire que de vous répondre (ayant quantité d'autres contacts que vous, permettez-moi de vous le suggérer en passant)." Ou, mieux encore : "Le nombre et la qualité des messages laissés par vous me comble d'aise. Je ferai de mon mieux pour ne pas vous rappeler dès que possible."