Ce matin, dernier film de Paul Vecchiali, Nuits blanches sur la jetée, au cinéma l'Escurial, boulevard de Port-Royal, dans le 13e arrondissement de Paris. Depuis sa sortie (le 28 janvier déjà), je me disais qu'il fallait que j'y aille ; aujourd'hui, enfin, j'avais envie de le voir. Ce temps d'attente devait à la paresse, certainement, mais aussi au pressentiment que le film demandait une disponibilité dont je ne me sentais pas capable jusque là. Et c'est vrai, il faut être dispos et disponible pour ce texte (les dialogues), littéraire, dense, qui rappelle à notre souvenir des mots oubliés ou tombés en désuétude. Qui rappelle aussi et surtout des sentiments éprouvés un jour et qui, au détour d'une phrase dite par l'un ou l'autre des deux acteurs, nous surprennent en traîtres. Et nous font peut-être basculer de nouveau, d'autant que le jeu de Pascal Cervo et d'Astrid Adverbe, stylisé juste ce qu'il faut et ancré dans le présent du récit (et du tournage), permettent de les accueillir sans leur faire obstacle.
Je ne veux pas révéler la fin du film, que de nombreux spectateurs auront devinée au fil de son déroulement, s'ils ne connaissent pas la nouvelle adaptée. Elle n'est de toute façon pas de l'ordre de la révélation et ne s'impose pas de manière univoque et brutale (heureusement d'ailleurs, car je ne l'aime pas tellement). Par contre, un autre moment assez fort se produit vers le milieu, quand le film lui-même, via Fedor (le personnage joué par Pascal Cervo), semble relayer le départ ou le décrochage temporaire vis-à-vis des paroles échangées que peuvent s'accorder alors les spectateurs—pour plonger dans la nuit filmée par Vecchiali, s'attarder sur les visages ou les gestes des acteurs, se laisser porter par la durée et le rythme des plans.
Pourquoi aime-t-on certains acteurs ? Parce qu'ils sont capables sans doute, que leur palette, leur gamme, comme on dit, sont très larges. C'est certainement le cas des deux acteurs de ce film, qui nous emmènent du très près au très loin. Mais il doit y avoir plus évidemment. Alors voilà : Pascal Cervo m'évoque un amour d'enfance, tandis qu'avec Astrid Adverbe, je réalise mon affection (et une certaine attirance) pour les femmes aux sourcils affirmés. Ce qui en soi appelle d'autres questions, etc.
Sans transition, une fantaisie vidéo qu'une amie m'a envoyée il y a quelques semaines.