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Billet de blog 4 mai 2017

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Classe ouvrière, classe informière et les périls immédiats du post-fascisme

Si se formait hier, avec l’invention de la machine à vapeur, une classe ouvrière, pour reprendre le titre du bel ouvrage d’Edward P. Thompson, se constitue aujourd’hui, avec la puissance acquise par les ordinateurs, une classe « informière », dont l’organisation politique, qui se cherche, déterminera l’avenir des institutions et des gouvernements.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les ordinateurs sont aujourd’hui capables de rassembler, d’analyser, de compiler, de communiquer des données en nombre très important concernant presque tous les domaines de la vie sociale. Des automates, alimentés par ces données, parviennent à résoudre des problèmes simples, à corréler par exemple un examen diagnostique avec un soin, ou des infractions, des points de litige, avec un choix d’options juridiques. Dans les cas les plus simples, ces machines peuvent prendre des décisions.

À la fin du XVIIIe siècle, la machine à vapeur a commencé de remplacer la force des bras humains. En ce début de XXIe siècle, l’informatique, l’intelligence artificielle et l’automatique commencent de remplacer les éléments les plus simples du raisonnement humain.

Comme il se déplaça autrefois de la propriété des terres agricoles à celle des machines et des usines, le capital se réalloue massivement aux fermes de données et aux réseaux d’information qui se superposent aux réseaux de transports et d’échanges et transforment la production. Le travail en est considérablement changé. Ce changement est mondial et irréversible.

La révolution de la machine à vapeur a engendré la croissance et permis l’essor des pays où elle survenait : l’Europe puis, très vite, les États-Unis. Elle a transformé des sociétés essentiellement rurales et agricoles en sociétés urbaines et industrielles.

Les paysans sont devenus des prolétaires, Peu à peu, l’artisanat a cessé d’être la condition première de la production manufacturière.

La vie quotidienne de millions de personnes, jusqu’à celle des ouvriers, qui se sont organisés, en syndicats et en partis politiques, s’est améliorée ; l’espérance de vie a augmenté ; l’instruction s’est diffusée ; les sciences se sont développées à un point sans précédent.

Mais ces profondes transformations ont apporté de grandes douleurs, tué des millions de gens : le colonialisme, que permettait le fossé technologique et qui, pour cette raison, fut le frein principal au développement, les deux guerres mondiales, la Shoah.

L’espoir est aujourd’hui, à la veille d’un bouleversement plus important que celui de la première révolution industrielle, parce qu’il concerne le monde entier, d’éviter les maux associés aux progrès, de ne pas permettre que soient jetés de côté ceux que remplaceront machines et réseaux, mais au contraire de faire en sorte que ce remplacement soit pour eux une libération, comme pour tout le genre humain, éloigné peu à peu des aspects les plus serviles du travail.  

Cet espoir a besoin d’intelligence. Pas artificielle celle-là. L’intelligence des hommes à vivre ensemble, à fabriquer des sociétés qui évoluent dans le temps, à se transformer eux-mêmes, à aimer la beauté et la justice.

À cet espoir s’oppose la peur, qui fait le lit des menteurs et des démagogues.

Une menteuse et une démagogue est parvenue au second tour de l’élection présidentielle française.

Elle sait, mais feint d’ignorer, dévoyée par un orgueil démesuré, que le travail ne sera plus jamais comme avant.

Les protections qu’elle offre sont illusoires dans le meilleur des cas, destructrices à moyen terme, c’est-à-dire dans les cinq ans.

La peur qu’elle instille fera le lit de la haine, de la guerre bientôt, « chez nous », comme aiment à dire ses partisans, qui, pour paraphraser le mot de Churchill obtiendraient, si elle devait parvenir à l’Élysée, le chômage et la guerre. Quant au déshonneur, il faut espérer que les électrices et les électeurs français ne le permettront pas, et éviteront à leur pays de sombrer dans l’ignominie d’une victoire des post-fascistes.

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