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Billet de blog 3 août 2022

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Face aux recommandations du GIEC, comment réconcilier l’écologie avec le nucléaire

L'écologie politique a toujours manifesté une aversion contre le nucléaire. Pourtant, cette source d'énergie décarbonée n'est pas dénuée d'intérêt. D'où vient alors ce désamour pour le nucléaire ? Le nucléaire devrait se guérir de deux maux : sa filiation militaire qui met en exergue sa dangerosité, et l'absence d'une vision stratégique renouvelée et forgée avec l'adhésion de la société.

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La crise climatique conduit à une crise énergétique dont l’acuité est renforcée par la guerre livrée par la Russie à l’Ukraine. Les recommandations du GIEC mettent en cause l’exploitation des combustibles fossiles qui sont responsables de l’augmentation de la température à la surface de la planète par l’entremise de l’injection massive de CO2 dans l’atmosphère qui en résulte. Les majors internationales pétrolières et gazières qui nourrissent nos industries sont encore florissantes et bénéficient d’une puissance économique considérable acquise grâce aux profits non moins considérables qu’elles engrangent du fait que la ressource est pratiquement gratuite. Face aux recommandations du GIEC, relayées désormais par l’ONU, elles affichent des objectifs de neutralité carbone, mais à long terme seulement, sans ralentir leurs activités climaticides qu’elles poursuivent sans sourciller comme en témoigne le maintien du méga-projet d’oléoduc en Afrique centrale conduit par TotalEnergies, ou encore sa réticence à stopper ses importations de pétrole et de gaz russe. Certains actionnaires commencent à s’en émouvoir, mais son PDG a affirmé d’un revers de main lors d’un dernier Conseil d’Administration mouvementé que « si les actionnaires rebelles n’aiment pas les émissions de CO2, ils aiment le dividende ». Si le bannissement des exportations russes de pétrole et de gaz vers l’Europe apparait à première vue aller dans le bon sens, la plupart des pays européens ne disposent pas de sources d’énergie alternatives décarbonées suffisantes (hydraulique, éolien, photovoltaïque, nucléaire) pour faire face, et plusieurs (Allemagne, Pays-Bas, …) ont donc décidé de se tourner à nouveau vers le charbon… que l’on avait laborieusement précédemment proscrit.

En France, nous disposons d’une importante capacité de production d’électricité d’origine nucléaire, qui est mise en avant par ses supporters avec raison comme une solution efficace pour réduire la crise climatique. En effet, une récente analyse détaillée et impartiale[1] confirme que la fabrication d’énergie électronucléaire produit peu de carbone, et constitue donc une réponse pertinente. Pour autant, les choses ne sont pas aussi simples et il faut regarder de plus près ce que l’on entend par nucléaire. En effet, 50 % du parc électronucléaire est actuellement à l’arrêt en raison de problèmes de sûreté suspectés potentiellement graves. Le manque à gagner va être compensé … non pas par des énergies renouvelables (hydraulique, éolien, photovoltaïque) actuellement insuffisantes, mais par la remise en service d’une centrale à charbon, émettrice de CO2 ! D’autre part, le nucléaire traîne avec lui un passif important dans l’opinion française qui a été magnifié par l’accident de Tchernobyl (l’affirmation médiatique raccourcie « le nuage radioactif qui s’arrête à la frontière ») et celui de Fukushima, lesquels ont véhiculé, et véhiculent encore, beaucoup d’inexactitudes, de postures et parfois d’impostures. D’où vient ce désamour du public pour le nucléaire, une filière d’excellence française pendant des décennies ? Le point de vue développé ici est que le nucléaire civil a beaucoup souffert de son lien historique avec le militaire et d’une trop longue absence de vision stratégique.

Un péché originel  

Dans l’esprit du public, le nucléaire est synonyme de bombe atomique. Il s’agit d’une technologie destructrice mise en place pour un usage militaire. C’est en effet par là que tout a commencé, le Général de Gaulle ayant voulu construire une autonomie française (surtout vis-à-vis des USA) et une capacité militaire atomique qui soit propre à la France. Notre pays est ainsi devenu membre du Conseil de sécurité de l’ONU, le cercle influent et étroit des pays disposant de l’arme nucléaire. La technologie nucléaire est née dans le giron militaire qui avait besoin de Plutonium pour faire la bombe. C’est la raison pour laquelle lorsqu’il s’est agi d’utiliser la technologie nucléaire dans le civil pour produire de l’électricité, le choix que les américains ont fortement influencé s’est porté sur une technologie de réacteurs utilisant comme combustible l’Uranium. Car la fission de l’uranium produit entre autres produits de fission (déchets) du Plutonium. Dans la filière électronucléaire actuellement majoritaire, les objectifs militaires et civils demeurent donc mêlés[2]. C’est là une sorte de péché originel de la filière électronucléaire civile de n’avoir pas su s’extirper du militaire, et se trouver ainsi dans l’inconscient collectif toujours liée à la bombe atomique. Pour s’en convaincre, il suffit d’entendre comment le public comprend les accidents nucléaires de Tchernobyl et de Fukushima : des explosions nucléaires (comme pour une bombe) alors qu’il s’agissait en réalité d’explosion de vapeur pour le premier, et d’explosion d’hydrogène pour le second. Néanmoins, les conséquences de tels accidents nucléaires sur la santé et l’environnement sont aussi à l’origine de la défiance du public vis-à-vis du nucléaire.

L’origine militaire du nucléaire a aussi produit une culture du secret, qui se justifiait pour le champ militaire, mais s’est finalement avérée contre-productive dans le champ civil, en permettant l’émergence d’une nucléocratie toute puissante qui n’avait pas de comptes à rendre à la population. La persistance du secret dans le développement du nucléaire civil combinée à la toute-puissance d’EDF a laissé des traces profondes et délétères dans l’opinion publique qui perdurent encore. Une mutation claire du champ militaire vers celui du civil favoriserait certainement une meilleure acceptation par le public de la technologie nucléaire civile. Et a fortiori si celle-ci était démontrée moins dangereuse.

La filiation militaire entretient la défiance des mouvances politiques écologistes

Plusieurs scientifiques reconnus indépendants des lobbies en présence, comme Jean-Marc Jancovici mais aussi d’autres, ont depuis longtemps démontré la supériorité du nucléaire vis-à-vis du changement climatique par rapport aux centrales utilisant des combustibles fossiles. Un argument opposé par les mouvances politiques écologistes stipule que les rejets de radioactivité par les centrales nucléaires sont plus dangereux, et d’autant plus en situation accidentelle qui ne peut être exclue. En fonctionnement normal des installations, la compétition s’exerce donc entre la dangerosité du CO2 (centrales à combustibles fossiles) et celle de la radioactivité (centrales nucléaires), le premier étant rejeté massivement dans l’atmosphère tandis que des traces de la seconde sont rejetés dans les milieux.

Pourquoi les analyses argumentées, approfondies et dépouillées de parti pris, comparant les différentes façons de produire de l’énergie vis-à-vis de leur impact sur l’environnement et la santé en raison de leurs rejets dans l’environnement, sont-elles inaudibles pour les écologistes dès qu’il s’agit de situer le nucléaire ? On observe en effet souvent que pour l’écologie politique, née dans un anti-nucléarisme viscéral, quasi religieux, qui tient de la profession de foi, aucun argument objectif n’est recevable. La meilleure illustration se situe sans doute en Allemagne. Les écologistes allemands, très actifs et organisés, ont réussi à investir le champ politique des Landers et, après l’accident de Fukushima qui n’est évidemment pas non plus étranger à cette décision, à imposer finalement à l’Etat fédéral un retrait du nucléaire. Faute d’une analyse préalable suffisamment approfondie, cette décision a renforcé sa dépendance aux combustibles fossiles. L’importation des combustibles fossiles russes, se tarissant dans les conditions actuelles dictées par la guerre en Ukraine, la contraint à réactiver ses anciennes centrales à charbon, dont les mêmes écologistes avaient obtenu la fermeture… Face à cette déconvenue, il est clair que la réflexion stratégique et technique préalable n’avait pas été suffisamment sérieuse. Outre les conséquences de Fukushima, il y a fort à parier que c’est la filiation militaire du nucléaire qui, par analogie à l’anti-militarisme qui prolifère généralement dans les milieux écologistes, a nourri cet anti-nucléarisme viscéral. Ceci est d’ailleurs malheureusement source de décrédibilisation de ces mouvements auprès de l’opinion et pourrait expliquer pourquoi, en France, ils peinent depuis si longtemps à mobiliser les électeurs derrière leur bannière alors que leurs combats trouvent de plus en plus un large agrément dans la société.

Un nucléaire clairement dégagé du militaire aiderait notablement à se libérer de cette entrave.

Une longue indécision politique très délétère

En France, c’est la vision stratégique construite par le Général de Gaulle au lendemain de la guerre qui, grâce à des investissements massifs de la nation et des objectifs clairement précisés sur le long terme et durablement maintenus, a permis l’émergence d’une technologie nucléaire d’excellence. Or, depuis les années 50, où la raison militaire dominait, le contexte a profondément changé, voyant le nucléaire se mettre au service d’applications civiles de production d’énergie. Cependant, aucune nouvelle vision n’a accompagné ce mouvement qui a donc continué sur la base de choix stratégiques et technologiques anciens, sans aucune remise en cause.

De plus, comme le pétrole était encore abondant, extrait à peu de coût, le nucléaire comme source d’énergie a subi des coupes budgétaires réalisées dans des contextes purement court-termistes. On a stoppé des programmes entiers de recherche (régénération, etc…) et complètement perdu des compétences construites sur des décennies. On a cédé pour des raisons conjoncturelles purement politiques sans anticiper les conséquences sur la stratégie énergétique du pays (arrêt de Fessenheim). De la même façon, sous les gouvernements de gauche comme de droite, on a tergiversé pendant très longtemps, et ce n’est pas fini, sur la question de la gestion des déchets radioactifs où l’on voit bien que, malgré tous les efforts déployés dernièrement, l’adhésion du public est difficile. Clairement, les politiques au pouvoir ont décidé de ne rien décider pendant trop longtemps, et cela a notablement abimé le tissu professionnel portant la technologie nucléaire. En conséquence désormais, la relance du nucléaire affichée par le gouvernement actuel est dictée par les nucléocrates d’hier et calée sur l’EPR (european pressurized reactor) - en gros des REP améliorés (réacteurs à eau pressurisée) plus gros et plus complexes – et cela pose question car elle ne repose sur aucune vision qui serait susceptible d’améliorer significativement ses faiblesses (autres que sa filiation militaire évoquée plus haut).

Les entraves pénalisant la filière actuelle des réacteurs à eau pressurisée

     Les déchets

Dans ces réacteurs, la combustion de l’uranium enrichi ne s’effectue qu’avec un très faible rendement, un très faible pourcentage (quelques %) se trouve consommé, de sorte que de nombreux déchets sont produits, en particulier des déchets à vie longue, voire très longue - plutonium, américium, neptunium, etc… - qui émettent des radiations dangereuses lorsque le vivant y est exposé. Les technologies de gestion des déchets ne sont pas capables d’en réduire la dangerosité (transmutation vers des substances stables ou radioactives de moindre durée de vie). Une petite partie d’entre eux peut être recyclée dans des réacteurs, mais cela reste un peu anecdotique face à la quantité de déchets que génère une centrale sur sa durée de fonctionnement. Il ne reste que le conditionnement et le stockage pour de très longues périodes à l’abri de tout contact avec le vivant. Ce qui apparaît à beaucoup, il faut bien le dire, comme une non-solution, car non durable à l’échelle humaine.

Pourquoi ne pas envisager une filière nucléaire différente qui, forte d’un meilleur rendement d’utilisation du combustible nucléaire, produirait peu de déchets ?

       La sûreté

Une autre entrave aux réacteurs à eau pressurisée est leur sûreté qui en elle-même constitue un problème technologique majeur nécessitant une expertise dédiée de haut niveau. Dans ces réacteurs, la réaction nucléaire de fission en chaîne doit être ralentie pour éviter son emballement, ce qui provoquerait une excursion de température néfaste et accidentogène. Ce ralentissement est obtenu par l’introduction graduée de barres de contrôle dans l’assemblage de combustible ce qui permet de régler la puissance du réacteur. On comprend que si le bon fonctionnement de ces barres de contrôle subit une altération ou une avarie, le réacteur peut échapper au contrôle, avec un emballement de la réaction nucléaire en chaîne. De plus, ces réacteurs contiennent de hautes pressions associées à de hautes températures, ce qui intrinsèquement les rend susceptibles à des explosions, comme pour une cocotte-minute, d’où la mise en place de barrières de confinement aussi robustes que possible (acier, béton, etc…). De nombreux dispositifs de transport au travers de ces barrières sont néanmoins nécessaires (tuyauteries convoyant des fluides, alimentations électriques…), fragilisant leur étanchéité à cause des nombreuses jointures et soudures nécessaires, dont la tenue à long terme constitue toujours un problème. Contrairement à des caractéristiques de sûreté passive qui font qu’un réacteur subissant une malfonction s’arrête automatiquement en raison de sa conception, un haut degré de sûreté active est nécessaire dans les REP, c’est-à-dire des contre-mesures actives réalisées par les opérateurs gardiens de sa sûreté (ouvrir une vanne, stopper un automatisme, …). Le degré de sûreté est alors proportionnel à la capacité d’anticipation des problèmes dont font preuve les ingénieurs.

     Complexité et gigantisme

Avec ses milliers de vannes, de capteurs d’état ou de mesure, de mécanismes automatisés, de logiciels de calcul, de régulation, de contrôle, etc… un réacteur nucléaire est devenu une usine d’une grande complexité dont la sûreté doit néanmoins être garantie. Même si l’on sait que la complexité croît avec la taille, on persiste à vouloir faire toujours plus gros, plus puissant, et plus complexe, tendant au gigantisme. Or, c’est là précisément qu’excelle l’EPR, car ni la question de la sûreté, ni celle des déchets, ni celle de l’uranium combustible qui s’épuise ne se trouvent améliorées.

La concentration qui conduit au gigantisme technologique est un mal bien français où le jacobinisme préfère les situations de concentration des moyens techniques et du pouvoir. Pourtant, cette tendance malheureuse a déjà démontré ses faiblesses stratégiques, lorsqu’on privilégiait en France le développement de gros ordinateurs centralisés au moment même où la microinformatique basée sur des petits ordinateurs personnels (PC : Personal Computer) apparaissait dans des start-up californiennes, avec le succès que l’on a pas tardé à réaliser à nos dépens.

N'y a-t-il vraiment pas de filière nucléaire différente à mettre en œuvre qui puisse faire mieux sur tous ces problèmes : ne pas être mêlée à des objectifs militaires, utiliser avec un meilleur rendement un combustible peu susceptible de s’épuiser rapidement, produire moins de déchets pour lesquels on n’a toujours pas de solution entièrement satisfaisante, pouvant se contenter de plus petites unités de production, moins complexes, et disposant d’un important degré de sûreté passive ?

Construire une vision vers un nucléaire civil socialement accepté

La filière technologique de réacteurs à eau pressurisée n’est pas une fatalité incontournable. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner l’histoire de la naissance du nucléaire civil pour observer la multiplicité des solutions qu’ont imaginé sur le papier les ingénieurs dans les années 50 et 60, dont certaines ont donné lieu à la mise en œuvre de pilotes expérimentaux. Retenons-en une pour nourrir le propos de ce point de vue. La filière au thorium dans des réacteurs à sels fondus semble bien présenter des avantages considérables sur tous les problèmes évoqués ci-dessus. Le combustible thorium (auquel il convient d’ajouter un peu d’uranium) est abondant sur terre. Il est consommé entièrement dans ce type de réacteurs avec comme corollaire un multi-recyclage quasi complet des déchets actinides à vie longue, les plus dangereux pour la santé et l’environnement. Le mélange combustible - produits de fission - actinides se trouve sous forme liquide dans des sels fondus à haute température mais sous pression ambiante. L’absence de surpression et un fonctionnement restreint essentiellement à la circulation de liquides facilitent la sûreté car les manipulations nécessaires pour réapprovisionner en combustible sont grandement simplifiées. Ils offrent en outre une tolérance élevée aux accidents graves grâce à la facilité de vidange de leur cœur. Enfin, ils ont la capacité de fonctionner en surgénération, ce qui n’est pas négligeable. On voit bien ici que ce type de réacteur est exclusivement dédié à un usage civil de production d’électricité, il n’a pas vocation à produire du plutonium en sus de l’électricité.

Pourquoi serait-il impossible d’envisager que des écologistes, convaincus du devoir de protéger l’environnement, la biodiversité et le climat, puissent adhérer à une technologie nucléaire différente, clairement choisie et expliquée, qui répondrait à ces objectifs ? Gageons que des écologistes avertis, sans parti pris préconçu, capables d’évaluer avec honnêteté les atouts d’une telle technologie en tant que source décarbonée d’énergie, ne produisant pratiquement pas de déchets, pourront l’accepter comme nécessaire dans le mix énergétique français à condition qu’il s’accompagne d’une vision stratégique pour l’avenir.

Compte tenu de l’inertie des investissement nécessaires pour faire émerger une technologie nucléaire à l’échelle industrielle, il est important de bâtir une vision stratégique à long terme qui soit pérenne et porteuse d’un projet ouvert, novateur et apparaissant aujourd’hui faisable à condition de se donner les moyens d’une R&D à la hauteur. C’est une telle vision qui a manqué cruellement ces dernières décennies conduisant à des pertes massives de compétences… que l’on observe jusque dans la construction des EPR. Il n’est pas certain aujourd’hui que la meilleure solution de relance du nucléaire pour les 50 ans qui viennent, relance que le gouvernement a décidé de soutenir, consiste à poursuivre la construction de nouveaux EPR, une technologie déjà ancienne, complexe et qui n’est pas dénuée de problèmes[3]. Avant de poursuivre dans cette voie, ne serait-il pas plus judicieux d’ouvrir le spectre des possibles, d’examiner de près quelques alternatives crédibles, et d’investir sur une technologie apparaissant la plus appropriée par rapport aux objectifs que nous devrions viser ? En d’autres termes, la nationalisation d’EDF qui se profile n’est-elle pas un moyen de sanctuariser l’EPR, comme une sorte de fuite en avant sans résoudre les problèmes qui l’affectent encore et qui ont été brièvement évoqués ici ? Une analyse complète, semble-t-il, n’a jamais été conduite. Elle serait aujourd’hui très utile pour s’assurer d’un choix judicieux qui puisse être partagé pour plusieurs décennies par une majorité de nos concitoyens.

[1] Sylvestre HUET. Nucléaire : 4 g de CO2 par KWh. {Sciences2}, Le monde, 22 Juin 2022

[2] Aux USA, c’était même voulu en raison d’un choix stratégique illustré par le fait que pendant longtemps un même homme, amiral de la marine, a conduit en même temps les programmes et investissements américains civils (production d’électricité) et militaires (réacteurs électrogènes compacts pour la marine, et pour l’aviation… ce qui n’a jamais abouti).

[3] Il suffit pour s’en convaincre de voir les délais et les surenchères budgétaires qui ont affecté la construction et la mise en route de la centrale EPR d’Olkiluoto en Finlande, et celle en cours de Flamanville.

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