François Carrassan

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Billet de blog 11 janvier 2021

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Le pire des mondes

Pas de vaccin contre le réel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au sommet de la France, en 2020, il y avait un chef d’Etat genre « Jupiter », entouré de ministres et de savants de toute sorte  formant la cour des puissants. Et puis patatras, un virus respiratoire échappé de Chine s’est répandu dans l’air et, sans que nul n’y puisse rien, a gagné le monde. Et ce fut la panique au sommet du pays, l’impuissance des puissants, toujours drôle à voir, l’incohérence de leurs propos et la comédie de leur pouvoir. Mensonges en rafales. Malades sans remèdes. Hôpitaux saturés. Jupiter au tapis. Jusqu’à la décision, telle une reddition, de renvoyer chacun chez soi et qu’il n’en sorte pas. Et tous les soirs un grand prêtre de la santé faisait le compte des morts. On aurait dit qu’il découvrait que les hommes sont mortels. On voyait bien qu’il n’avait pas lu Pascal, ignorait la condition humaine, à quoi tient la vie sur terre, et que, par exemple, c’est juste « un petit grain de sable qui se mit dans son uretère » qui empêcha Cromwell de ravager toute la chrétienté et de  faire trembler Rome.

Mais que l’espèce humaine soit soudain menacée par un micro-organisme aérien sans frontières permettait d’apprécier la thèse de Schopenhauer selon laquelle notre monde est bien le pire des mondes possibles dans la mesure il a été disposé « tel qu’il devait être pour pouvoir tout juste exister » et où il ne pourrait plus subsister s’il était un peu plus mauvais avec, par exemple, une petite élévation de la température ou une légère altération de l’atmosphère.

Chacun se mit à craindre qu’une telle dégradation fût en cours. Et d’autant plus qu’un an plus tard, nous y sommes, rien ne s’étant arrangé et l’épidémie prospérant même, le gouvernement du pays sans rien perdre de son arrogance aura été seulement capable de culpabiliser la population et de s’en prendre aux libertés fondamentales : confinement, couvre-feu, contrôle permanent, fermetures et interdits. Tandis que file le virus et bonne année quand même !

Dans l’ignorance de la suite, en souhaitant que la vie des gens n’en soit pas trop affectée, on pourrait ici espérer que cette crise sanitaire eût au moins un mérite, celui d’avoir exposé au grand jour la vérité d’une faillite, la faillite d’un pouvoir politique que le réel - en silence et par surprise -  est soudain venu rappeler à son insignifiance. Car le roi était nu quand sa suffisance lui laissait croire le monde à ses ordres, nu et aussi fou qu’un coq s’imaginant que son chant fait se lever le soleil. Quand il se prenait pour le maître des horloges, alors que, les choses étant ce qu’elles sont, il fallait juste être capable d’un peu d’humilité et accepter, pour le dire comme Cioran, de bricoler dans l’incurable.

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