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Billet de blog 3 mai 2017

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QUAND MELENCHON REND CAZENEUVE REPUBLICAIN !

Une bien tardive sagesse

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"Je ne veux pas que dimanche prochain on élise à la tête de l’Etat une personnalité qui n’aura de cesse de créer la division, la fracturation et l’abaissement de la société française dans l’abandon de la République";
Ce propos de Bernard Cazeneuve hier à Dijon n'aurait pas été déplacé il y a cinq ans.
Les dégâts infligés depuis à la France en violation de la promesse de renégocier les traités européens, et aux libertés par l'abus des lois antiterroristes pour réprimer le mouvement ouvrier, comme par les projets délirants de lois sur la déchéance de nationalité ou l'interdiction d'une tenue de plage présentée comme un drapeau islamiste, sont la cause principale des menaces présentes contre la démocratie.
Seule ou presque la France insoumise s'est mis en tête d'y remédier, tout en portant haut la fierté nationale et ses symboles. Seule ou presque elle est aujourd'hui en position d'accusée dans la bouche d'innombrables personnes qui disent désirer un rassemblement contre l'extrême droite -dont ces personnes parlent peu ou mal. La traiter de "fasciste" à grand renfort de références aux années 1930 et 1940 lui enlève probablement moins de voix que cela ne lui en rapporte. Peu importe à ceux qui par là cherchent, encore et toujours, à atteindre la force de gauche que le premier tour a mise en lumière. La qualifier elle-même d'extrémiste semble être l'alpha et l'omega de ces discours.
Cazeneuve encore :
« A Jean-Luc Mélenchon et à ceux qui le suivent ou tergiversent, je veux dire qu’il est encore temps de faire le choix de la République, et que ne pas le faire en vertu d’un goût irrépressible pour la rupture ou la révolution relèverait d’une impardonnable faute morale. »
Cette ingérence inusitée et peu républicaine de l'Etat dans les affaires des partis politiques se double néanmoins, ô surprise, d'une lecture de la constitution de 1958 plus exacte et plus démocratique que ne l'a été son application, de plus en plus monarchique :
« Bien entendu, le soutien sans restriction que nous apportons à Emmanuel Macron en cette circonstance ne signifie pas que nous approuvions sans réserve la totalité de son projet. Mais c’est dans le cadre des élections législatives que l’orientation de son quinquennat sera scellée. »
Eh bien nous sommes d'accord, finalement ! Entre les maux il faut choisir les moindres et ce qu'on peut souhaiter de moins mauvais à la France est une courte victoire de Macron, qui lui interdise de dire que c'est son "projet" qui a été plébiscité et laisse un vaste champ ouvert au débat sur les programmes, que diverses circonstances ont lourdement entravé jusqu'ici.

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