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Billet de blog 4 octobre 2023

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IL Y A QUOI AU JUSTE DE DORIOT DANS ROUSSEL ?

Un dirigeant communiste qui se met à tenir des propos étranges

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Jacques Doriot a essentiellement deux historiens : Jean-Paul Brunet, auteur d'une bio très fouillée, et Philippe Burrin, d'un livre sur les trois transfuges de la gauche des années 30 devenus collabos, Doriot, Déat et Bergery. Les deux ouvrages sont parus en 1986.

Brunet semble, à propos de l'année 1934, essentiellement soucieux de montrer que Doriot avait raison contre Thorez et que le PCF était incurablement à la remorque de Staline, ayant un besoin absolu de son feu vert pour prôner l'union de la gauche après la période "classe contre classe".

Burrin fait mieux apparaître Doriot comme un arriviste et un opportuniste, dès avant 1934. Et il analyse mieux que Brunet le texte décisif, la lettre au Komintern du 11 avril 34. Doriot n'y parle pas que de "front unique au sommet", mais aussi de collaboration de classes et de remise aux calendes de la révolution prolétarienne : on comprend mieux que la direction n'ait guère eu de peine à isoler le trublion dans son fief de Saint-Denis, avant de l'en évincer en 1937.

Malheureusement, la vision de Brunet (Doriot avait eu raison avant Thorez et le PCF était menacé d'éclatement si un providentiel revirement stalinien ne l'avait pas sauvé) a fait école, beaucoup plus que l'analyse de Burrin.
Quant à Roussel, il a déclaré devant des journalistes à la dernière fête de l'Huma :

« J ‘ai dit que je voulais qu’on se donne toutes les chances de pouvoir battre l’extrême droite, si elle arrivait au second tour. Et pour ça, il fallait une candidature, un projet, un candidat, qui ait les capacités de rassembler très très large et la gauche et la droite. Je pense être en capacité de pouvoir le faire d’ici là. Ça va se construire. »

Je n'ai lu nulle part pour l'instant une comparaison ou un rapprochement des deux carrières. Sauf chez des haineux qui ont prétendu, ou des pressés qui ont cru de bonne foi, que les tweets incriminés "nazifiaient" le dirigeant actuel du PCF.
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NB. - Jacques Doriot s'inféode à Adolf Hitler, via Otto Abetz, au début de 1941.

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