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Billet de blog 6 février 2017

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LA FRANCE RETROUVE LA LIBERTE...

... de parole lors d'une élection présidentielle.

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Cette liberté avait été peu à peu étouffée en raison d'une anomalie à laquelle personne, lors de l'édiction de la règle électorale en 1962, n'avait prêté attention : l'obligation, pour figurer au second tour, d'occuper l'une des deux premières places au premier. Dans toutes les autres élections, une méthode plus douce est utilisée pour simplifier la donne entre les deux étapes : par exemple, un seuil, autrement dit un minimum de voix (5 à 10 % en général) à obtenir au premier tour pour pouvoir figurer au second.

La règle actuelle tue non seulement le premier tour, induisant à voter pour une personne présumée apte à gagner l'élection plutôt que pour celle qu'on préfère, mais la discussion démocratique. Exemple : la percée fulgurante dans les sondages d'Emmanuel Macron (qui porte provisoirement bien son nom alors qu'au départ il était plutôt micron) doit beaucoup au souci d'une masse d'électeurs d'éviter une victoire du Front national, la présence de Marine Le Pen au second tour se faisant de plus en plus probable. Or le programme de Macron d'une part est flou, d'autre part est loin d'être au centre des discussions. Le tourbillon et le récif du détroit de Messine, que cherchait à éviter la marine antique, devraient pourtant inciter à réfléchir : si l'actuelle Marine est considérée comme Charybde, aucune attention n'est prêtée à la nécessité de ne point se jeter contre un Scylla.

La mort subite des politiciens qui s'est abattue sur la planète comme un virus en 2016 et l'a déjà privée des dynasties Bush et Clinton, de Cameron, de Renzi et de Dilma Roussef, s'acharne sur la France comme si cette dernière tenait à son rang de laboratoire politique universel. Morts ou moribonds Sarkozy, Hollande et leurs premiers ministres Fillon et Valls. Quant au mort Juppé, il peine à renaître des cendres de Fillon.

L'électeur baillonné depuis des lustres redonne de la voix. Il se saisit des élections primaires et se remet à fréquenter les meetings. L'accaparement galopant des médias par quelques milliardaires n'en peut mais, ils sont toujours en retard d'une dictée. En vain les députés-godillots du parti socialiste protestent contre la victoire d'Hamon en menaçant de ne le point soutenir s'il ne reprend pas le programme de son vaincu. Les nantis, qui ont toujours été hostiles au suffrage universel mais n'osaient plus guère le dire depuis 1945, ont de plus en plus de mal à tenir leur langue, mais qui les écoute ?

Le plus dur reste à faire, car la crise actuelle de la politique mondiale doit beaucoup à l'ampleur des problèmes accumulés en matière sociale, économique, diplomatique et écologique. Mais la prise de parole était un préalable, et elle est en train de s'accomplir.

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