Le 12 mai 1941en début de soirée, Hitler fait savoir au monde que son collaborateur Rudolf Hess a quitté l'Allemagne en avion deux jours plus tôt pour une destination inconnue. Le lendemain, Churchill annonce qu'il s'est parachuté en Ecosse et a été capturé. Des bribes de révélations font ensuite savoir qu'il avait tenté d'aller voir le duc de Hamilton, puissant lord et appeaser notoire pendant les années 30, dans l'espoir de négocier la paix avec le roi après le renversement de Churchill. L'Allemagne et l'Angleterre, pour une fois d'accord (mais la première a précédé la seconde), lui prêtent un "dérangement mental" et accréditent l'idée d'une tentative solitaire, ignorée de Hitler. Cette thèse, d'une haute invraisemblance si on la replace dans l'histoire des relations entre les deux hommes, est encore aujourd'hui très répandue.
Combien de décennies encore survivra-t-elle ?
Nombreux détails ici :
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=491
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=489
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=494
La thèse nazie de la folie de Hess, devenue et demeurant l'opinion dominante en dépit de la défaite et du discrédit de ses promoteurs, devra bien un jour céder la place à l'idée qu'il y a un seul fou dans l'aventure, entouré de valets qui tentent de mettre en oeuvre sa stratégie. Le vol de Hess, à cette lumière, est riche d'enseignements. Il nous apprend ou nous confirme que Hitler, ayant pris la décision irrévocable d'attaquer l'URSS le 22 juin, était mortellement inquiet à l'idée de le faire sans en avoir fini avec la guerre contre l'Angleterre, et mettait tout en oeuvre pour l'éviter.