"Le 15 mars 1939, Hitler envahit la Tchécoslovaquie, quelques mois après l’annexion des Sudètes. Alphonse Mucha est immédiatement arrêté par la Gestapo. En tant que personnalité forte, il inquiète par son engagement pour le nationalisme. L’Épopée slave (1910–1928), un ensemble de vingt tableaux à la gloire de l’histoire des Slaves du IIIe au XXe siècle, représente pour les nazis la glorification d’une race de sous-hommes dignes d’esclavage. De plus, il est menacé en tant que franc-maçon. Interrogé, molesté, l’affichiste âgé de 78 ans est relâché à cause de sa santé fragile. Il ne se remettra pourtant jamais du traumatisme : le 14 juillet 1939, à un mois et demi de l’invasion de la Pologne qui marque le début de la Seconde Guerre mondiale, l’artiste s’éteint."
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Ce texte de Beaux-arts magazine témoigne à lui seul d'une surprenante carence dans l'historiographie du nazisme. Le sujet est trop sérieux, et complexe, pour être laissé aux spécialistes de la peinture !
Dans la folie raciste des nazis et de leur chef, personnellement très concerné, les Tchèques ne sont justement pas des sous-hommes voués à l'esclavage, mais le gratin de l'engeance slave, et sa partie la plus germanisable.
A la condition expresse d'étrangler le patriotisme tchèque, dont Mucha est alors le représentant le plus en vue.
Sa disparition a la triple vertu de faire comprendre aux occupés que l'occupant ne plaisante pas dans ce domaine, d'interrompre une oeuvre et de priver la résistance d'un inspirateur très influent.
Mais s'agit-il d'un meurtre avec préméditation ? d'un homicide par imprudence et manque de soins ? d'un désespoir favorisant la progression d'une maladie ?
L'enquête ne fait que commencer, à moins qu'elle ait fait l'objet d'une publication confidentielle.