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Billet de blog 15 mai 2011

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Après l'arrestation de Strauss-Kahn : réformer au plus vite !

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A cette heure et à sept heures (française du matin), on ne sait rien de la version de DSK sur ce dont on l'accuse et son arrestation ne repose que sur la plainte de la femme de chambre du Sofitel de New-York, mais sa fuite précipitée vers le premier avion en partance pour la France augure mal de la poursuite de ses fonctions au FMI et de la possibilité de sa candidature présidentielle en France. C'est l'occasion de tirer des leçons à chaud, avant l'inévitable raz-de-marée du nouveau feuilleton Hollande-Ségolène arbitré par Martine Aubry.

Réveille-toi, de Gaulle, ils sont devenus fous ! Le parti duquel est obligatoirement issu ton successeur, s'il est de gauche, ne sait plus choisir son candidat autrement que par les sondages, qui lui ont imposé Ségo en 2007 et s'apprêtaient à adouber, pour l'élection présidentielle de 2012, le présent prisonnier d'un shériff new-yorkais. La personnalité n'éclipse pas seulement le programme, elle lui retire toute importance. Le spectacle n'est pas plus édifiant à droite, où le président sortant gonfle en Marine Le Pen un épouvantail pour paraître raisonnable, tout en atomisant ses possibles rivaux Villepin, Fillon, Borloo et Juppé, réduits chacun à des miettes de scores sondagiers. Irons-nous au bout du processus et Sarkozy, le gaffeur du Fouquet's, du yacht et du "casse-toi pauvre con", fera-t-il "la faute de trop", attendue depuis si longtemps, créant à quelques mois de l'échéance la même empoignade de seconds couteaux à droite qu'à gauche ?

On en viendrait presque à le souhaiter. Tu voulais, Charles, que l'Etat fût dirigé et que son président lui donnât des orientations propres à maintenir le prestige et l'indépendance du pays. Ta réforme consitutionnelle de 1962, adoptée dans le choc conjoncturel de la fin de la guerre d'Algérie et de l'attentat du petit-Clamart, aboutit à l'exact contraire.

Si on n'abolit pas tout de suite l'élection du président au suffrage universel, au moins qu'on en finisse avec la règle inouïe d'un second tour opposant obligatoirement les deux candidats de tête du premier, qui fausse absolument celui-ci. Pour l'instant, à gauche, les écologistes et les communistes, et, à droite, les prétendus "centristes" ne sont pas vraiment autorisés à compter leurs troupes, ni leurs électeurs à choisir en conscience : on leur fait observer à tout instant qu'ils risquent, par le fait même de présenter un candidat ou de voter pour lui, de faire perdre leur camp. Si donc une élection triangulaire était possible (par exemple par la fixation d'un seuil minimum permettant de se maintenir au deuxième tour), le star-system perdrait instantanément de son lustre et les sondages d'opinion, ou les opinions tout court, joueraient immédiatement un plus grand rôle.

On pourrait même peut-être recommencer à regarder la France comme une démocratie.

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