Dimanche 16 octobre 2011, 6h du matin
La participation comme les résultats du premier tour ont constitué une mauvaise surprise pour la droite, qu'elle soit nationale, centriste ou socialiste.
La semaine suivante a été consacrée à des opérations de colmatage. Le "tous contre Aubry" des autres candidats, des médias (très majoritairement) et des instituts de sondage exprime la mobilisation désespérée des partisans du statu quo et de ceux du changement minimal. Les deux arguments agités (Aubry copie conforme de Hollande -aussi à droite, menteuse, corrompue, voire plus si le public s'y prête-, nécessité de donner à l'élu une forte marge pour le "légitimer") battent des records de sottise, de désinformation et de contradiction : si les deux candidats se valent, comment se pourrait-il qu'un faible écart entre eux soit gros de catastrophes ?
Il faut redire que l'élection au suffrage universel du principal dirigeant politique, unique en Europe, est aux antipodes de la démocratie puisqu'elle transforme le débat sur les réformes nécessaires en une cotation des personnalités par des gens à peu près aussi bien renseignés sur elles que les participants du tiercé sur la condition physique des chevaux de course. Or le contrôle des banques et celui de la mondialisation, deux nécessités déjà clairement urgentes en 2007 et totalement absentes du duel Sarkozy-Royal, ont dominé le débat du premier tour de cette primaire... ce qu'eût empêché sans doute la présence de Dominique Strauss-Kahn s'il avait continué de caracoler en tête des sondages sur la personnalité la mieux à même de battre Sarkozy. Le courage d'une femme de chambre portant plainte contre un notable ne fournit pas seulement un argument de plus contre notre système électoral : il révèle la fragilité de notre guérison. La victoire de Hollande refermerait cette parenthèse, et ce d'autant plus qu'elle serait plus large !
Alors faisons en sorte qu'elle soit courte. Et si nous arrivons à faire revenir in extremis Martine Aubry de l'enfer dans lequel elle s'est, il est vrai, largement jetée elle-même, faisons-lui comprendre d'ici le mois de mai -comme à Hollande dans le cas contraire- que le résultat de la présidentielle n'a d'intérêt que s'il procède d'une volonté de rompre vraiment avec la politique catastrophique suivie depuis 2007.