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Billet de blog 18 mars 2013

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Dray et le nazisme : persiste et s'enfonce

Julien Dray débat avec le dirigeant du Parti de gauche Alexis Corbière par blogs interposés.

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Julien Dray débat avec le dirigeant du Parti de gauche Alexis Corbière par blogs interposés.

http://juliendray.blogspot.fr/2013/03/aucune-gauche-na-jamais-triomphe-contre.html

http://www.alexis-corbiere.com/index.php/post/2013/03/17/De-l-importance-de-ne-pas-parler-une-langue-morte-%28nouvelle-r%C3%A9ponse-%C3%A0-Julien-Dray%29?pub=1#pr

Juju (ainsi signe-t-il ses billets à AC) tente comme suit de se dépatouiller de sa bourde (billet précédent) :

Puisque nous parlons d’histoire, je maintiens qu’en 1933 tout aurait changé si, aux élections de novembre 1932 (et auparavant), KPD et SPD avaient conclu une alliance électorale. Devançant ensemble de quatre points les nazis (SPD : 20,4 ; KPD : 16,9 ; NSDAP : 33,1), les partis de la gauche allemande pouvaient empêcher Hitler et les siens de parvenir au pouvoir. S’ils avaient conclu une alliance, nul doute que la dynamique politique qui en aurait résulté aurait permis d’empêcher Papen et Hugenberg de tenter l’opération politique qui amena Hitler à la Chancellerie en janvier 33. Ce ne fut pas le cas.

Le scribe, qui est enfin allé voir les chiffres, ne maintient rien du tout mais change subrepticement son fusil d'épaule. Il ne prétend plus que la gauche allemande était majoritaire à la veille de la venue des nazis au pouvoir et qu'une attitude moins sectaire du parti communiste aurait empêché celle-là par la simple vertu de l'arithmétique, mais se concentre sur un fait anecdotique : aux législatives du 31 juillet 1932, le total KPD-SPD était pour la première fois inférieur au score des nazis, tandis qu'à celles du 6 novembre il était redevenu supérieur. Tout cela se passe dans un mouchoir de poche, le rapport droite-gauche reste de plus de 60 à moins de 40% et il faut une foi rétrospective de charbonnier pour penser qu'en quelques semaines un front populaire consitué sur une base aussi étroite aurait pu venir troubler les magouilles internes de la droite qui ont abouti au résultat que l'on sait : on peut tout aussi bien concevoir que la "dynamique" en question aurait cristallisé le regroupement de tout ce qui se trouvait à sa droite.

Car il ne faut décidément pas se lasser de le redire, et le fait d'avoir extrait Dray par le col de son erreur la plus grossière ne l'a pas rapproché pour autant de la lucidité : la division des forces non nazies, à droite comme à gauche, ne tombait pas du ciel et elle était pour l'essentiel l'oeuvre d'un stratège expert, d'autant plus efficace qu'il excellait à ne pas être perçu comme expert, ni même comme stratège, imposant dans les esprits, cultivés surtout, l'image d'un tribun démagogue et vociférant.

Pour quelques détails : http://www.delpla.org

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