La constitution française est la moins démocratique du monde développé, en ce qui concerne la désignation de l'exécutif.
Même aux Etats-Unis, seule autre grande puissance développée à élire le chef au suffrage universel, si celui-ci explose en vol au propre ou au figuré il y a tout de même un vice-président, tenu par des orientations programmatiques adoptées lors du congrès d'un parti. En France rien de tel : si la statue tombe en poussière, le vide est sidéral.
Si le clash ou le crash de DSK nous fait un tel effet, c'est sans doute moins en raison de sa différence que de sa ressemblance avec le titulaire actuel de la fonction, dont on sent que, par un dérapage, certes, d'autre nature, il pourrait aussi nous laisser en plan du jour au lendemain.
L'événement a ceci de positif qu'il rapproche l'inéluctable moment où nous en finirons avec le star system politique, pour en revenir à de plus austères discussions sur les programmes. Sarkozy lui-même a prétendu voir le problème et fait semblant d'y remédier par un rééquilibrage des pouvoirs au profit du parlement. Mais c'est avant tout d'un rééquilibrage des élections qu'il s'agit : que faire pour que la présidentielle compte moins dans l'orientation de la politique, et les législatives davantage ?
La réforme la plus urgente et, si jamais elle venait en débat, la plus facile à faire adopter, serait la suppression de la présence automatique au second tour des deux candidats arrivés en tête au premier, et d'eux seuls. On pourrait par exemple prévoir un troisième tour (si vraiment on pense que cette élection est la principale, elle mériterait bien une telle exception), ou encore fixer un seuil de voix à partir duquel un troisième candidat pourrait (noter ce terme) se maintenir. Si c'était le cas, Les Pen ne pourraient plus jouer les trouble-fête et obliger la droite comme la gauche à étrangler leurs "petits" candidats dès avant le premier tour, par crainte d'une "dispersion" pouvant favoriser l'autre camp en éliminant leur champion apparemment le mieux placé. Du coup, on ne désignerait pas par avance, au seul vu des sondages et au mépris du suffrage, ledit champion. Nous aurions, ces derniers mois, discuté plus des programmes que des atouts personnels de tel ou tel, et l'affaire Strauss-Kahn n'aurait pas pris ces allures de séisme.