Le montage photographique donnant à Merkel des traits et un maintien hitlériens, publié par le journal turc Gunes le 17 mars dernier, suffit à démontrer l'utilité des rééditions de Mein Kampf, n'en déplaise à Johann Chapoutot... ou à Jean-Luc Mélenchon.
L'ouvrage est d'ailleurs depuis des années un best seller en Turquie, ce qui ne doit pas aider la propagande actuelle d'Erdogan... outre la maladresse de ce montage, à laquelle les esprits raisonnables doivent être sensibles en Asie mineure comme partout ailleurs.
Le salut hitlérien par le bras gauche s'accompagne de gaucheries plus évidentes encore : par exemple, un chancelier féminin suffit à produire l'effet inverse de celui recherché, en facilitant la mesure du chemin parcouru.
"Les anciens sont les anciens et nous sommes les gens de maintenant", disait déjà Molière. Il faut cependant les connaître pour savoir ce que nous leur devons. Et notre monde, ainsi que notre France, doivent beaucoup à Hitler.
Il était pionnier à sa façon, détestant le suffrage universel tant qu'il n'était pas strictement encadré, comme beaucoup de nantis commencent à oser le dire dans beaucoup de pays, depuis quelques années.
Les gens de maintenant ne sont ni munichois, ni fascistes, ni islamo-nazis. Ils peuvent être négationnistes, ils peuvent spéculer sur la peur, ils peuvent oublier ou mépriser les droits de l'homme ou s'incliner devant eux de façon purement cérémonielle et rhétorique, ils peuvent ne penser qu'en noir et blanc, ils peuvent fantasmer un ennemi comploteur mondial, ils peuvent rêver de pureté raciale en traitant l'étranger comme un bouc émissaire, ils peuvent élever aux frontières des murs matériels ou non.
L'histoire ne doit pas télescoper les époques, mais éduquer le regard à discerner les pentes, bonnes ou mauvaises.