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Billet de blog 21 novembre 2008

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Le vendredi matin, Ségolène était toujours vivante !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La France est le seul grand pays développé qui élise au suffrage universel la principale tête de son pouvoir exécutif... à l’exception des Etats-Unis, où cependant les droits et pouvoirs des chambres élues sont beaucoup mieux garantis. C’est donc, de ce point de vue, le MOINS démocratique et le plus enclin, surtout à notre époque, à voir la politique ravalée en un pur et simple star system.

Les sommets atteints à cet égard en 2007 paraissent devoir être considérablement dépassés en 2012. Sarkozy, que sa fonction, acquise au prix de pitreries et de grands écarts en tous genres, a semblé parfois dégoûter, mais qui a trouvé un second souffle dans le malheur des finances mondiales, devrait se représenter. Le congrès de Reims du parti socialiste, préparé pendant des mois, était censé ne pas mettre sur orbite son adversaire de gauche, mais accoucher avant tout d’une ligne politique. Il n’en a rien été et ce matin, entre les deux tours de l’élection du premier secrétaire au suffrage universel des militants, il n’en est toujours rien.

Les ambitions présidentielles de Bertand Delanoë et de Martine Aubry se sont si bien entrechoquées que Ségolène Royal, lors du vote militant précédant le congrès (le 6 novembre), a placé sa motion en tête avec 29%, devant les deux précités, 25% chacun. Le congrès menaçait de se transformer en une machine à exécuter Ségolène Royal, mais à nouveau aucun regroupement ne s’est fait. Delanoë a cependant renoncé au poste de premier secrétaire tout en n’appelant pas à voter Aubry depuis Reims... mais en le faisant depuis Paris deux jours plus tard. Un troisième larron, Benoit Hamon, censé incarner la gauche du parti avec 20 % des mandats, s’est, lui, rallié à la maire de Lille hier soir, à l’issue du premier tour de l’élection du premier secrétaire. Il avait obtenu 22%, contre 34 à Aubry et 43 à Royal, une fois de plus en tête, et bien plus nettement que le 6 novembre. Il apparaît qu’elle a récupéré plus de voix chez Delanoë que ses deux adversaires réunis. A présent il s’agit de savoir combien, dans ce second tour organisé 24h seulement après le premier, elle va en récupérer sur Benoit Hamon.

Même battue, elle sera bien près de Martine Aubry, de la moitié des voix et de la majorité. Mais si, sans avoir de lumières particulières sur le sujet, on se met une seconde dans la tête des membres du parti socialiste, il semble bien qu’eux-mêmes pensent déjà à l’élection présidentielle. De ce point de vue, ils ne pourront manquer d’être frappés par la capacité de Ségolène Royal à défier les chefs du parti sur leur terrain, à leur tenir tête et à grignoter leurs positions, et, inversement, par les deux défaites successives, contre elle, de Martine Aubry, au point d’être fortement tentés d’en ajouter immédiatement une troisième, pour vider l’abcès et préparer dans de bonnes conditions la joute de 2012.

Les médias français, dans leur ensemble, donnent ce matin une nouvelle preuve de partialité à courte vue. Ils ne mettent nullement l’accent sur le score décevant d’Aubry, mettent en revanche le paquet sur le ralliement d’Hamon et bottent en touche avec l’aide, je vous le donne en mille... de l’élection de Simone Veil à l’Académie française, au fauteuil de Pierre Messmer (Seconde Guerre, quand tu nous tiens !). Il fallait y penser : la grande nouvelle du jour est qu’une femme accédera quoi qu’il arrive à la direction de l’opposition.

Le pays se sentait un peu honteux à cause d’Obama, qu’il se rassure, il vire au féminisme !

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