Je ne vais pas dire tout ce avec quoi je suis d'accord mais sauter directement à ce que je trouve faible -chez Hollande et Mélenchon aussi bien que chez Edwy Plenel.
Depuis le début de l'affaire il y a un consensus majoritaire, chez les politiques comme dans les médias, pour présenter les attentats comme l'oeuvre, soit d'un "loup solitaire", soit d'un "fou isolé". La découverte de Merah, puis sa mise à mort, ont à peine fait bouger les choses, et seulement à l'intérieur de la susdite alternative : toujours aussi solitaire, l'assassin est à présent un peu plus prédateur que dément.
Alors que, ne sachant rien, on aurait dû dire d'abord qu'il s'agissait, soit d'un isolé, soit d'une organisation, le bon sens à présent devrait imposer d'en finir avec la solitude, et de retenir comme la plus probable l'hypothèse d'une série de meurtres programmée et organisée par plusieurs personnes. Ni le loup, ni le fou ne sont envoyés par d'autres pour abréger les jours de leurs proies.
Je vois bien l'intérêt politique de continuer au pas sur la fausse piste, après y avoir galopé : à droite, la dissimulation des résultats calamiteux, non seulement de la politique sécuritaire, mais de la guerre d'Afghanistan; à gauche, l'évitement ou le retardement maximal d'une réflexion sur le sens, la portée et les lendemains possibles d'une action d'Al-Qaïda sur le sol métropolitain, pour ne pas risquer d'aggraver, et la peur, et les divisions du peuple.
Or si la droite joue ici le jeu normal du sortant, pimenté par toute l'originalité de la personnalité sarkozyenne, la gauche me semble bien timide dans son rôle de candidat à la succession. Elle a au contraire un devoir, et même plusieurs :
-réclamer la lumière, et pas seulement par une commission d'enquête (si des impératifs de discrétion empêchent de dévoiler certaines informations, l'exécutif peut recevoir des représentants tenus au secret);
-insister sur la nécessité d'un procès (tout en déplorant beaucoup plus que ce n'est fait actuellement l'issue mortelle de l'assaut) et de mesures efficaces pour surveiller et entraver l'organisation d'attentats;
-rompre enfin avec le discours blairo-bushiste, né peu après le 11 septembre 2001 pour des raisons d'autoglorification, suivant lequel Al-Qaïda est maintenant démantelé, et ce sont des militants livrés à eux-mêmes qui bricolent désormais des attentats dans leur coin.