dernier article de Pauline Graulle
Et traître à ses convictions, on a encore le droit ? Et félon à son camp, on a encore le droit ? Et menteur, multi-menteur, sur l'affaire de la promesse de la retraite minimale à 1 200 euros, on a encore le droit ? On a le droit, Monsieur le président Chassaigne, Monsieur le président Faure, Madame la présidente Le Pen, Madame la présidente Bergé ? À regarder l'Insoumis Aurélien Saintoul acculé à de plates excuses au ministre Dussopt, pour l'avoir traité d'"imposteur" et d'"assassin", la question se posait des limites du combat politique, à l'Assemblée. Et pas n'importe quelles excuses. "Des excuses, point barre", comme l'avait exigé la cheffe des députés macronistes, Aurore Bergé, sitôt après l'affront.
Donc, le ministre du Travail n'a pas de sang sur ses blanches mains, que cela soit dit. Donc, il est juridiquement faux de le traiter d'assassin, que cela soit dit. Donc, c'est indélicat, c'est violent, c'est même insultant, et cela exige des excuses, que cela soit dit, et les excuses offertes dans l'hémicycle, dans un silence de cathédrale. Mais pourquoi Saintoul a-t-il ainsi insulté Dussopt ? Non pas sur le motif de la réforme des retraites. Mais sur la suppression des CHSCT (Comités d'hygiène, de sécurité, et des conditions de travail) dans les entreprises. Vous vous souvenez ? C'estune réforme Macron de 2017, par ordonnances. Or il se trouve que dans la même période, les dix dernières années, le nombre de morts au travail a augmenté en France. Dans les secondes précédant l'insulte fatale, Dussopt venait d'affirmer que ce nombre était "relativement stable" et Saintoul, en réponse, venait d'égrener les chiffres de l'augmentation.
Par cette flamboyante entame de son édito d'Arrêt sur images, c'est Daniel Schneidermann et non, hélas, Edwy Plenel sur Mediapart, qui a sauvé l'honneur de la presse. Et Pauline Graulle, se décidant dix jours plus tard à faire porter au calendrier insensé imposé par le pouvoir la responsabilité principale du climat délétère, fait figure de carabinier non seulement tardif, mais poussif.