Tous les ans, le sujet refait surface : des sans-abris ont perdu la vie en France.
Morts de froid, de manque de soins, ils partent dans l’ailleurs, au crépuscule du désespoir.
Selon la Fondation Abbé Pierre, près de 895 000 personnes sont privées de toit de nos jours. Elle précise que la tendance a augmenté de 130 % depuis 2012.
Cette année, depuis l’arrivée de la période hivernale, à la lecture des quotidiens de la presse régionale, le nombre de victimes approche déjà la dizaine.
Au regard de l’action de l’Etat qui repose davantage sur la communication que sur l’action, il est possible que d’autres de nos concitoyens rejoignent le cimetière de la misère.
Loin des ors de la République, les associations humanitaires croulent sous la demande pour offrir un abri provisoire, un repas, une couverture, quelques vêtements chauds ou simplement un sourire.
Aux bords des abris de fortune, proches de l’univers du minimum qui n’est même plus vital, dépassées par la demande et faute de moyens, les équipes du « 115 » se démènent pour gérer l’ingérable là où la mort rôde, entre deux maraudes.
En face de l’insupportable, d’autres le sont. Ceux qui empochent des dividendes boursiers dont les revenus ont atteint 97 milliards d’euros en 2023 ; ceux qui fraudent le fisc, ceux qui spéculent sur le marché de l’immobilier, ceux pour qui les lendemains ne doivent pas changer de refrain.
En attendant, dans les sous-sols de la nation, là où croupissent ce que certains nomment les « invisibles », à force de souffrances, la colère est devenue silence.
Si rien ne change, pour ces êtres humains, demain ne sera pas un autre jour. Ils quitteront ce monde avec comme seul bagage, leur besace de chagrin. République, réveille-toi ! Parce que sans toit, je meurs !
François Desanti
Syndicaliste et communiste libertaire.