Dans la gauche dite de gouvernement, de Mélenchon à Glucksmann, chacun cavale dans la pré-campagne de l’élection présidentielle à venir qui comme les précédentes, devrait aboutir à des accords de façade pour conquérir l’Élysée et une majorité à l’Assemblée nationale.
Qu’elle s’engage unie ou non vers le pouvoir suprême, la (les) gauche(s) ne seront pas avares de promesses qui rejoindront la sépulture des illusions.
D’ailleurs, à relire l’histoire, les gouvernements de gauche à la manœuvre dans la Cinquième République n’ont jamais donné naissance à des changements révolutionnaires.
Pour mémoire, le tournant « historique » de Mitterrand en 1983, la frilosité de Jospin en 1997 ou la lâcheté d’Hollande en 2012.
Ces épisodes expliquent en partie pourquoi, planquée sous les ors de la République, la bureaucratie politique inspire du rejet quand ce n’est pas du dégoût.
Ainsi, les « barons » de la gauche contemporaine rivalisent en mode politiquement correct de peur d’effrayer une frange de l’électorat. C’est juste le contraire du courage politique.
Avares de projets, pauvres de manifestes, insolents de suffisance, cette clique institutionnelle sollicitera à nouveau les suffrages des français en lieu et place de ceux du prolétariat (plus personne à gauche n’emploie ce terme).
La différence n’est pas sémantique mais politique. Cela s’appelle la lutte des classes, une définition rangée au dictionnaire des gros mots par les candidats aux maroquins.
Depuis belle lurette, le Pcf n’a de communiste que le nom.
Et depuis des lustres, le PS continue sur sa trajectoire historique : trahir.
Au milieu, les Verts sont tenaillés dans la perspective d’accords électoraux nécessaires à leur survie.
Chapeautant l’ensemble, LFI additionne les outrances par la voix de son mentor, telle une photocopie du mouvement trotskiste lambertiste, chapelle du sectarisme.
En queue du train de ce charivari de roitelets, les branches trotskistes du NPA et de LO revendiquent leur propre caricature. Ainsi, ils ne représentent plus rien, sauf leurs propres querelles.
La notion de parti appartient au passé. Ces appareils sont des usines à fabriquer des dirigeants occupés à protéger leur tour d’ivoire, loin des intérêts du peuple.
Voilà pourquoi, à l’image de la Commune de Paris, il est nécessaire de recréer l’AIT (Association internationale des travailleurs » ((Elle existe peut-être encore mais en mode microscopique)).
A l’échec relatif de la Commune, Karl Marx expliquait qu’avec un parti structuré, la donne aurait été différente.
C’est sur cette analyse que naîtra l’Internationale communiste dont le Pcf sera l’un des premiers enfants.
L’histoire, notamment celle de l’ex-Union soviétique, donne à cet argument un sacré coup de plomb dans l’aile.
Si la Commune a échoué, c’est avant tout pour une question de stratégie.
Entre autres, de ne pas avoir fondu sur les versaillais alors désorganisés dès le début de la prise de pouvoir des communards à Paris. Puis d’être resté légitimiste en refusant de s’emparer des fonds détenus par la Banque de France, etc….
N’empêche, la Commune a démontré, les femmes en fer de lance, que l’organisation politique en forme associative révolutionnaire ouvre la porte à une démocratie directe qui donnera naissance à l’échafaudage du progrès social : l’instauration de la journée de travail limitée à 10 heures, l’interdiction du travail des enfants, l’instauration d’un salaire minimum, l’égalité hommes-femmes, la révocabilité des élus, la séparation entre l’église et l’Etat, l’enseignement laïcisé pour les enfants des deux sexes et l’interdiction de l’enseignement confessionnel.
En substance, ces lois deviendront l'alpha et l’oméga de la République.
Ainsi, si l’agora est un terme antique, sa définition ne l’est pas.
Réuni sur une place publique, une salle municipale, au coin gauche du bar du café du village, organisé dans un réseau associatif national contraire du pouvoir vertical, un embryon de citoyens peut générer des grappes de peuple devenant des foules mobilisées autour d’un objectif commun : dicter la loi des laborieux à celle des possédants.
Alors, nous pourrions connaître le socialisme.
François Desanti
Communiste libertaire
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