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Billet de blog 3 octobre 2016

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Rapport semestriel de la Banque Mondiale

Le taux de croissance des pays d’Afrique sub-saharienne révèle des disparités

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Les conclusions de la dernière édition d’Africa’s Pulse, du groupe de la Banque Mondiale ont été rendues public ce jeudi 29 septembre 2016, à Washington. Elles ont fait l’objet d’un échange, à travers une visio-conférence, entre les experts de cette institution financière internationale  et les journalistes certains pays africains, tout en analysant les perspectives économiques du continent, le jour même de la publication dudit rapport. 

Africa’s Pulse, pour le compte de ce dernier semestre de l’année fait ressortir des taux de croissance contrastés. Ce qui fait apparaitre deux catégories de pays : les pays qui connaissent un taux de croissance bas et les pays qui maintiennent leur taux de croissance.

La tendance générale est telle que certains pays africains vont poursuivre leur croissance dans une conjoncture morose. S’il a été constaté, en 2015, un ralentissement de 3%, 2016, ne fera que le taux de croissance de l’Afrique subsaharienne devrait continuer de baisser à 1,6 %. Un niveau des plus bas jamais enregistré depuis 20 ans, fait ressortir ce rapport. Une situation qui s’explique, précisent les conférenciers, par la chute des cours des matières premières. Celle-ci affecte principalement les pays africains au Sud du Sahara, dont les économies sont basées sur le pétrole.

Le même rapport, selon les propos des conférenciers, constate des taux de croissance très hétérogènes à travers le continent et révèle des disparités entre les pays. Alors que la croissance s’est effondrée dans de nombreux pays, l’Éthiopie, le Rwanda et la Tanzanie affichent toujours en moyenne des taux annuels supérieurs à 6 %. Enfin, d’autres pays tels que la Côte d’Ivoire et le Sénégal figurent parmi les économies les plus performantes du continent. 

Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique n’a pas manqué de préciser ce qui aurait rendu possible cet état de chose : « Il ressort de notre analyse que les pays qui s’en sortent le mieux sont également ceux qui disposent d’un cadre de gestion macroéconomique plus solide et d’une réglementation plus favorable aux activités commerciales. Leurs exportations sont aussi plus diversifiées et leurs institutions plus efficaces »

A l’évidence les experts de la Banque Mondiale, répondant aux préoccupations des journalistes, ont signalé, malgré les politiques d’austérité ou d’orthodoxie financière, ainsi que d’autres mesures tendant à diversifier les économies,  pratiquées par les pays ont forte dépenses, l’Afrique subsaharienne ne pourrait pas atteindre l’équilibre. Dans un tel contexte, la reprise devrait être modeste, avec une croissance réelle du PIB prévue à 2,9% en 2017, et 3,6 % en 2018.

Les perspectives économiques africaines 

Africa’s Pulse indique, qu’en 2017, les performances économiques des pays du continent continueront d’être contrastées. Si les plus grandes économies de la région et les autres pays exportateurs de matières premières devraient enregistrer une légère hausse de leur croissance, au fur et à mesure que les cours se stabiliseront, le reste de l’Afrique progressera à un rythme soutenu, notamment grâce aux investissements dans les infrastructures. 

Du fait de la conjoncture internationale encore fragile, certains pays devront procéder à des ajustements structurels plus importants pour réduire leurs déficits budgétaires et extérieurs et mieux résister aux chocs économiques. Pour améliorer leurs perspectives de croissance à moyen terme, ces pays devront également réorienter leur politique macroéconomique et accélérer les réformes structurelles.

Mettre l’agriculture sur orbite

Les pays africains au Sud du Sahara se trouvent devant  des défis à relever, à savoir, augmenter la productivité agricole et réduire la pauvreté. A travers la chute des cours des matières premières, l’impératif qui s’impose en termes d’obligation est la diversification des économies. Développer l’agriculture, afin d’améliorer la production agriculture serait une piste salutaire.

Contrairement aux autres régions en développement, l’Afrique n’a pas accru ses dépenses publiques dans le secteur agricole, qui représente pourtant un tiers de son PIB et emploie les deux tiers de sa population active. 

Davantage d’investissements et des politiques plus adaptées permettraient de développer l’économie rurale, de réduire plus rapidement la pauvreté et de promouvoir une croissance plus équitable. L’amélioration de la productivité agricole est indispensable, afin de réussir une transformation structurelle de l’économie et assurer le développement économique des villes. Cela permettra à davantage de personnes de trouver un emploi dans les secteurs non agricoles et d’augmenter leurs revenus. 

« Il est impératif d’améliorer la productivité des petits exploitants agricoles pour augmenter les revenus des populations rurales et réduire la pauvreté en Afrique subsaharienne », a fait observer Punam Chuhan-Pole, économiste principale de la Banque mondiale pour l’Afrique et auteur du rapport, tout en poursuivant « Mais cela demande d’investir dans les biens publics en milieu rural, notamment les infrastructures, d’adopter de meilleures technologies et de développer la recherche agronomique. Il faut aussi améliorer la qualité des données disponibles».

Augmenter la production et la productivité agricoles permettra au continent de capitaliser sur le développement rapide des marchés régionaux africains, qui devraient représenter près de 3000 milliards de dollars d’ici 2030. Or, à ce jour les pays d’Afrique subsaharienne n’investissent pas suffisamment dans des projets à haut rendement. Ils devront donc mieux calibrer leurs dépenses publiques dans ce secteur afin de générer des retombées plus positives sur l’économie dans son ensemble.

Somme toute l’Afrique Sub-saharienne se trouve à la croisée des chemins. Sortir de cette situation imposerait une démarche structurelle capable de doter les économies des mécanismes de résistance aux chocs et de diversification des économies. Ainsi l’agriculture mise sur orbite permettra à la fois d’augmenter les revenus des ménages ruraux, de baisser le prix des denrées alimentaires et de développer l’industrie agroalimentaire sur le continent.

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