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«Jean Marie Mokoko est un démocrate ». Cette rengaine que Norbert Tricaud fredonne actuellement sur les médias internationaux, après la condamnation à 20 ans de détention criminelle de son client, le 11 mai dernier, par la cour criminelle de Brazzaville. Pour chanter sur Africa24, le 15 mai 2018, l’avocat français s’est fait accompagner par le congolais, Marc Madingou, ancien collaborateur de l’ancien président congolais, Pascal Lissouba. Les deux hauts parleurs tentent de divertir la communauté internationale en présentant un opportuniste et apprenti politicien Mokoko comme un démocrate.
En écoutant les Tricaud, Mapingou et autres ‘’cigales’’ qui claironnent sur la place de Paris pour faire passer Jean Marie Michel Mokoko pour un démocrate patenté, les Congolais se posent la question de savoir si ces gens-là connaissent celui qui est devenu, brusquement et spontanément, leur idole.
En fait, Jean Marie Michel Mokoko apparait aux yeux du public pendant la transition démocratique ouverte en 1991, au terme de la deuxième conférence nationale souveraine que le Congo a organisée. Pendant cette période, il est chef d’Etat major général des Forces Armées Congolaises (FAC). Poste qu’il occupait depuis 1987. C’est, Raymond Damase Ngolo (paix à son âme), alors ministre de la défense qui avait, solennellement, pris la parole pendant la conférence nationale pour déclarer la « dépolitisation » de l’armée. Exécutant comme tant d’autres, sous les ordres du commandant en chef de l’armée, le président de la République, Denis Sassou N’Guesso et de son ministre de la défense, Raymond Damase Ngolo, le général Mokoko n’avait pas une mission de premier plan.
On se souvient qu’à la fin de la conférence nationale souveraine, le 10 juin 1991, Mgr Ernest Nkombo qui avait dirigé les travaux de cette conférence n’avait pas caché la peur qui était la sienne pendant les travaux, au regard des insultes et autres accusations gratuites proférées contre Denios Sassou N’Guesso, notamment. Parce que sa peur s’est révélée infondée, il avait reconnu et salué la grandeur de Denis Sassou N’Guesso qui lui avait donné, disait-il, un « chèque en blanc », comme gage de sécurité donné par le président de la République dès le début de la conférence nationale.
Vers la fin de l’année 1992, le Président de la République issu de l’élection présidentielle de juin 1992, Pascal Lissouba qui a été élu avec l’appui incontestable du PCT parti de Denis Sassou N’Guesso (président sortant) a brisé l’accord politique entre son parti (l’UPADS) et le PCT. De plus, le même pouvoir a renforcé la crise en refusant de prendre acte de la motion de censure qui renversait le gouvernement du premier ministre Stéphane Maurice Bongho-Nouarra. Une motion de censure dont l’adoption par l’Assemblée nationale signifiait la perte de majorité par le pouvoir, conformément à l’article 75 de la constitution du 15 mars 1992.
Maintenu par le président Lissouba comme Chef d’Etat Major général, le général Jean Marie Michel Mokoko monte au créneau pour tenter de négocier l’issue pacifique de cette crise qui a abouti en décembre 1992, à la formation d’un gouvernement de transition composé de 60% par l’opposition et de 40% par le pouvoir.
En même temps, qu’il se passait pour le négociateur en chef, en même temps, le général recherchait le soutien des leaders de l’opposition pour renverser le président Pascal Lissouba. Pour avoir compris que Mokoko était un opportuniste, le président Lissouba le qualifia de félon et le releva de ses fonctions de CEMG 18 juillet 1993.
Mokoko n’avait pas pu, à l’époque, renverser Lissouba, parce qu’il ne connaissait pas la position de la quasi-totalité des leaders de l’opposition qui n’avaient guère répondu à ses appels de pied.
Menacé par le président Lissouba, Mokoko s’exile en France, où il fonde le Mouvement pour la Réconciliation des Congolais (MRC). Le pouvoir de Lissouba venait de démolir par dynamite sa maison au quartier Diata, quand ses galons de général étaient portés dans la rue par les miliciens de l’ancien patron Marc Mapingou cherchait la tête de Mokoko.
Politiquement inconstant, Mapingou se passe, aujourd’hui, pour un défenseur Mokoko avec l’espoir d’avoir un poste ministériel, grâce à l’accession, par tous les moyens de Mokoko, à la présidence de la République du Congo. Pourtant depuis l’avènement de la démocratie, toutes les constitutions ont banni la prise de pouvoir par la force. Le seul moyen léga d’accession au pouvoir étant l’élection.
Le leader des Tricaud et Mapingou est toujours comme un parasite. C’est ainsi que « sous le couvert de ses activités de représentant de l’Union Africaine en République Centrafricaine, Jean Marie Michel Mokoko a tissé des liens avec les chefs de l’ex-coalition rebelle de la Séléka. Il a pu aussi approcher certains pays, afin de sensibiliser sur la nécessité d’un changement de régime au Congo- Brazzaville».
Il faut alors que ceux qui rêvent, depuis des lustres, de la déstabilisation du Congo, donnent une autre définition au mot démocrate s’ils tiennent à faire passer leur héros des coups d’Etats pour un démocrate.
Jan N’semi Mandoh.