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A l’occasion de sa session criminelle ouverte le 29 mars 2018, la Cour d’appel de Brazzaville a statué en plénière et tour à tour sur les affaires général Jean Michel Mokoko et Norbert Dabira, accusés tous les deux d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. Mais, il est observé que l’opposition, les Ong dites des droits de l’homme et autres pourfendeurs du pouvoir de Brazzaville couvrent le procès Dabira d’un silence étonnant.
Le procès Jean Marie Michel Mokoko et autres a suscité un tollé presque général, aussi bien chez les leaders de l’opposition, qu’au sein de la société civile. Les uns et les autres ont criaillé dans les médias étrangers pour attribuer à l’affaire Mokoko et autres un statut hautement politique. Aujourd’hui, alors que pour le même chef d’accusation (atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat), un autre général est devant la barre, avec un témoin principal, lui aussi général, ces mêmes leaders précités préfèrent marmonner entre leurs dents : « l’affaire Dabira, c’est une affaire entre eux ». C’est un ‘’deux poids deux mesures’’ qui trahit le discours aux élans tribalistes, de nombre de nos leaders aussi bien politiques que de la société civile. Ce discours contraire au jeu démocratique dans le pays.
Entre eux, lesquels ?
La démocratie plurielle souffre au Congo de deux maux qui ne favorisent pas son développement. Ces mots tant décriés pendant le monopartisme, ont été ramenés au galop par le multipartisme. Il s’agit du régionalisme et du tribalisme.
Les réseaux sociaux, mais pas seulement, sont truffés de commentaires tendant à confirmer l’exacerbation des fléaux. « C’est une affaire des gens du Nord qui se déchirent entre eux ; une affaire des Mbochis ; Tala bango na bango bakomi kosuana eyimabe », ces mots se lisent sur les réseaux sociaux et s’entendent dans les transports en commun à Brazzaville. Et, comme c’est une affaire des gens du Nord, ceux du Sud jubilent et se frottent les mains. Dommage !
Mais, quand est-ce que les Congolais vont-ils parler de l’unité nationale, d’un Congo sans ses deux points cardinaux politiques ? Sous d’autres cieux, les partis politiques se fondent sur les idées, une cause politique commune à défendre. Mais, il est triste de constater au Congo qu’un parti politique, a pour base, d’abord et avant tout, l’intérêt de son fondateur qui détermine la position du parti, la localité de son fondateur, sa famille biologique, sa tribu, sa contrée natale et sa région. Il n’y a pas de Gauche, pas de Droite. On ne parle pas dans ces partis de socialistes ou de communistes. Telle est entre autres, l’explication à donner à l’instabilité politique au Congo, où les alliances contre nature qui se font et se défont au gré de l’humeur du ou des leaders.
On ne peut pas affirmer, sans se tromper, que les opposants qui ont qualifié le procès Mokoko de procès politique ne l’ont fait parce que les idées politiques de Mokoko sont si différentes de celles de Denis Sassou N’Guesso. Loin s’en faut ! Le fait est que bien qu’étant de la Cuvette comme le président de la République, Jean Marie Michel Mokoko, est de la tribu Makoua. Il n’est pas considéré comme un Mbochi, stricto sensu. Au nom de sa tribu, il peut donc bénéficier de l’indulgence de ceux qui s’opposent aux Mbochis, parce qu’ils sont au pouvoir.
Son frère Norbert Dabira a le malheur d’être Mbochi, stricto sensu. Ainsi, il ne bénéficie pas de la pitié de ces congolais-là qui pensent que tous les Mbochis sont au pouvoir. Une appréciation globalisante qui fait penser à tort qu’au Congo, toutes les institutions, les administrations et services publics ne sont dirigés que par les Mbochis.
Ce débat de la honte pourra être fait un jour. On se rendra, alors, compte, par exemple, que le nombre des membres du gouvernement actuel, originaires de la Cuvette n’est pas loin de celui de leurs collègues ressortissants du Pool. On peut aussi faire ce même décompte institution par institution pour constater que ceux qui entretiennent ce débat sont de véritables poisons pour l’unité des filles et fils du Congo.
Il est fort certain que les opposants occuperont les médias pour parler de procès politique, quand viendra le tour de Jean Martin M’Bemba, Téké du Pool ou celui d’André Okombi Salissa, Koukouya des Plateaux ; parce qu’ils ne sont pas Mbochis. Sans doute que ces Congolais qui ternissent l’image du Congo attendent-ils les applaudissements de leurs compatriotes pour ce rôle qu’ils ont choisi ?
Jan N’Semi Mandoh