
L’élection présidentielle du Tchad et du Congo présente de fortes similitudes. Idriss Deby et Denis Sassou N’Guesso élus à plus de 60% de suffrages exprimés cumulent plus de 25 ans au pouvoir et ont fait face à une opposition qui conteste, en bloc, les résultats du scrutin. La surprise vient plutôt de l’hexagone qui traite ces deux victoires avec deux poids, deux mesures.
Les résultats provisoires de l’élection présidentielle du Tchad ont été publiés, ce 22 avril 2016, un mois après ceux du Congo. Les deux présidents à savoir Idriss Deby Itno du Tchad et Denis Sassou N’Guesso élus dès le premier tour avec plus de 60% de suffrages exprimés, ont un parcours assez similaire. Les deux Présidents ont chacun plus de 25 ans d'exercice du pouvoir. Cependant, ils ne bénéficient pas du même traitement dans les pays occidentaux, notamment en France.
En dépit de sa longévité au pouvoir, Denis Sassou N’Guesso, à la différence de Deby, a exercé son pouvoir de façon discontinue avec à la clé une ouverture démocratique après le vent de la perestroïka. En effet, arrivé au perchoir en 1979, l’Homme du 5 février, comme on l’appelait affectueusement avant la tenue de la conférence souveraine, est battu à l’élection présidentielle de 1992 remportée par le président Pascal Lissouba. Mais, il revient aux affaires en 1997 à la suite de la guerre du 5 juin. Ce qui est différent du président du Tchad qui est au pouvoir depuis 25 ans d’affilés.
Il ne faut pas aussi perdre de vue que, les deux présidents élus ont fait face à une kyrielle de candidats opposants qui ont utilisé la même technique, celle dite de l’encerclement. Denis Sassou N’Guesso a fait face à 8 candidats, alors qu’Idriss Deby a affronté 13 candidats. Les deux vainqueurs ont utilisé la même méthode. Même si Deby avait changé la constitution de son pays plusieurs années à l'avance, tandis que Denis Sassou N’Guesso, par contre, est passée par un long processus qui a commencé par les consultations pour aboutir au référendum constitutionnel peu avant le scrutin présidentiel.
Au sujet du scrutin présidentiel, les deux cas présentent également les mêmes similitudes : déroulement dans le calme du processus électoral, connexion internet et téléphonique coupée, refus catégorique des opposants d’une victoire au 1er tour des candidats sortants. La différence pour le Congo réside en la création par les candidats de l’opposition d’une commission technique électorale parallèle à la commission électorale indépendante (CNEI).
Un traitement deux poids, deux mesures
Face à ces deux tableaux presqu’identiques, les deux présidents élus devraient bénéficier d'un même regard critique politique et d’un même traitement surtout médiatique. Mais, pourtant sur le terrain la réalité est totalement différente. La victoire du président Congolais est qualifiée de tous les mots. Aucun papier n’a été publié dans la presse dite internationale sans parler d’ »élection contestée. »
Sur le plan politique, c’est un acharnement qui ne dit pas son mot qui est exercé sur le président congolais de la part du parti socialiste français, d' Europe -Ecologie Les Verts, du front national, j’en passe. D’aucuns ont même proposé qu'une transition démocratique soit organisée au Congo, car selon eux, cette élection « s’est déroulée dans une atmosphère d’intimidation de l’opposition, de la population et des médias étrangers. » des allégations, en totale déphasage avec les rapports des observateurs internationaux de l’UA qui ont « noté des avancées démocratiques au Congo avec l’usage du bulletin unique. »
Pour l’élection de Deby, les colonnes des medias dits internationaux n’ont pas joué au sensationnel. Le monde.fr, Rfi.fr, Afrique Education et autres ne semble prêter aucune oreille. Une attitude qui laisse interrogateurs de nombreux observateurs de la vie politique congolaise et autres personnes averties. On a l’impression que l’Union européenne a choisi son camp en Afrique centrale. Traiter avec passion et moins d’objectivité la victoire de Sassou N’Guesso et ne donner aucune leçon de morale à Deby, cela relève d’une politique deux poids et deux mesures. Et Chems Eddine Chilou n’a pas tort de parler « de donneurs de leçons à géométrie variable. »
En somme, le traitement infligé au Congo par les médias et politiques français semble avoir qu’une seule finalité : l'éviction de Denis Sassou N’Guesso du pouvoir pour la simple et bonne raison qu’il ne garantit peut être plus les intérêts pétroliers de ce pays pour le remplacer par le général Jean Marie Michel Mokoko, qui pour le fauteuil présidentiel est à même de brader la souveraineté du Congo quelque soit le prix que cela va coûter. C'est tout le sens de la sortie médiatique maladroite de Monsieur Le Floch Prigent qui n'a pas hésité à jeter l'opprobre sur le Congo et ses institutions et ce, pendant de longues semaines. Mais, la solidarité africaine qui s'est manifestée le 16 avril dernier, date de l'investiture de Denis SASSOU NGUESSO par la présence à Brazzaville de sept (7) Chefs d'Etat et de gouvernement, doit continuer à s’affirmer pour barrer la route à ces pratiques d'un autre âge qui tirent l’Afrique vers le bas.