LE PRESIDENT DE PASTEF OUVRE LE DEBAT DE « L’UNITE, CRITIQUE, UNITE » !
« Ne pas avoir peur du peuple et l’amener à participer à toutes les décisions qui le concernent, telle est la condition fondamentale de la démocratie révolutionnaire que nous devons réaliser progressivement ».
Amilcar Cabral
Le président de notre parti, Pastef, et premier ministre a publiquement protesté contre ce qu’il a présenté comme « l’inaction du président de la République » face aux « insultes » et autres provocations dont il est particulièrement la victime de la part de mercenaires de la plume, des radios, télés et réseaux sociaux de l’opposition chassée dans les urnes par le peuple lors de la présidentielle le 24 mars et des législatives le 17 novembre 2024.
O. Sonko explique qu’il a interpellé en interne et a décidé d’interpeller les militants et le peuple pour les rendre juges de cette situation malencontreuse. La tactique apparente du partage des rôles entre président et premier ministre de la transition vers le moom sunu rew semble se fissurer.
Une fois cette interpellation posée, nous demandons la poursuite en interne des échanges au sein de notre camp souverainiste pour une solution démocratique de ces contradictions secondaires non antagoniques au sein du parti et du peuple.
Bien entendu, une telle sortie fait les choux gras des provocateurs qui crient à « la démission du premier ministre » espérant la division et jette un certain malaise dans notre camp souverainiste.
Nous n’avons cessé dans plusieurs articles d’appeler à ce que les bouches s’ouvrent et à la nécessité d’aller résolument vers le congrès de Pastef convaincu que nous sommes que le combat souverainiste pour régler la contradiction antagoniste principale contre le néocolonialisme impérialiste n’est nullement opposable au règlement interne des contradictions non antagonistes au sein de notre camp souverainiste. Ce que nous disions, c’est le président lui-même de notre parti-front qui vient de le mettre en pratique sur la base de ce que nous avons toujours prôné : « unité, critique, unité ».
Ne rien cacher aux militants qui ont fait tant de sacrifices, 85 morts, des centaines de blessés, près de 2000 prisonniers politiques.

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La révolution souverainiste anti-néo-coloniale dans les urnes qui a porté l’offre politique souverainiste représentée par notre candidat à la présidentielle Bassirou Diomaye Faye est dans un premier temps corsetée par une indispensable phase de transition de préparation à « la rupture et à la transformation systémique » promise.
Le second temps est la découverte par les audits sectoriels et centraux, par les rapports des corps de contrôle (IGE, OFNAC, IGF, Cour des Comptes, etc.) de la ruine dans laquelle l’État libéral hors la loi de l’APR/BBY dans le sillage de l’État PDS et l’État PS ont mis les finances publiques du pays. Ce qui nous contraint à une sous-phase de redressement pour passer du quatrième sous-sol au rez-de-chaussée. Le premier ministre parle de la somme ahurissante de la dette cachée dont on pensait qu’elle était de 4.000 à 5.000 milliards de nos francs coloniaux CFA sans oublier que la dette totale atteint la somme astronomique de 18.000 milliards de francs CFA.
Disons-le clairement, si nous comprenons la sortie du président de notre parti, Pastef, pour une contre-offensive commune contre les provocations mais aussi pour avancer dans la reddition des comptes de tout notre camp souverainiste, nous interpellons ouvertement sur sa responsabilité dans l’inertie de notre parti-front. Il faut que le président du parti qui est en même temps premier ministre sache que suivre plusieurs lièvres à la fois est le meilleur moyen de n’en attraper aucun.
Voilà pourquoi nous avons écrit dans notre article intitulé « LE SÉNÉGAL DU REDRESSEMENT DANS LA TRANSITION : ORGANISER LES RUPTURES AVEC LES CONTINUITÉS NÉOCOLONIALES », qu’« une des sources de cette léthargie réside dans le cumul des mandats entre postes de responsables de Pastef et postes dans le gouvernement, dans les agences dont il faudrait par ailleurs évaluer leur fonction de doublons et leur utilité, de PCA ou encore au parlement. Ce cumul de mandats fait qu’il n’y a plus de responsables pour s’occuper et faire fonctionner à plein temps le parti Pastef pour qu’il maintienne et développe le lien avec les bases militantes et le peuple, son rôle de force de contrôle de l’action publique et de proposition au gouvernement ».
Oui Sonko doit aussi mesurer sa propre responsabilité dans cette culture de l’inertie qui fait que le parti, Pastef, attend tout de son président. Le parti doit à la fois lier culture de l’initiative sur la base d’une orientation politique partagée, discipline dans l’action et large ouverture démocratique au débat qui construit l’unité d’action.
Sonko doit apprendre que la force du PCC auquel il se réfère a été sa capacité d’impulser les luttes internes et externes au sein du peuple au moment de la « révolution culturelle » en appelant même au « feu sur le quartier général » contre l’embourgeoisement et tous les successeurs de Mao Ze Dong, y compris Xi Jinping ont fait la guerre contre la corruption, y compris servile aux intérêts des bourgeoisies étrangères impérialistes.
Disons-le clairement aussi : toutes les instances actuelles du parti Pastef ne peuvent qu’être provisoires jusqu’à la tenue du 1er congrès, seul habilité à élire des instances directionnelles nationales et à adopter les documents programmatiques, statutaires et règlement intérieur non provisoires. Le comité national préparatoire du congrès doit être chargé de faire des propositions de contenu, de déroulé et d’agenda aux instances nationales provisoires actuelles lesquelles les amendent et les valident en vue du prochain congrès.
L’unité, critique, unité n’est pas un monopole exclusif du président du parti, mais est un droit de chaque militant du parti dans le cadre de la lutte pour vaincre la contradiction principale à savoir le système néocolonial parce que comme nous l'écrivons dans l’article cité « Il nous faut sortir de ce sentiment d’abandon que vivent certains militants des premières heures et militants, notamment de la gauche historique résistante, arrivés par les fusions dans Pastef.
La « masse critique » à laquelle fait appel le président de notre parti Pastef ne peut être obtenue qu’à travers l’engagement soutenu d’éducation populaire et d’animation des bases militantes auprès des populations.
L’objectif du jub, jubal, jubbanti est de faire émerger un nouveau type de militants, de députés et de citoyens pour libérer le Sénégal et contribuer à la libération de l’Afrique de l’oppression néocoloniale. Ceux et celles qui ont peur du peuple deviennent facilement les proies de l’ennemi néocolonial et impérialiste. Nous n’avons donc rien à cacher au peuple, mais à l’informer pour le réarmer comme cela a été fait face à la tyrannie meurtrière de l’APR/BBY pour obtenir la victoire présidentielle du 24 mars et législative du 17 novembre 2024 ».
La référence au PCC concernant la formation nous amène à préciser que la formation doit dialectiquement lier les connaissances techniques, le jub, jubal, jubbanti et la maîtrise de l’orientation politique souverainiste et panafricaine. Ne pas faire cela, c’est laisser libre cours à la dictature des technocrates dont l’attrait idéologique spontané actuel est le libéralisme dominant.
Certaines frondes des militants de la base contre certaines nominations résultent de la contradiction qu’ils perçoivent à juste titre à nommer de notoires technocrates qui ont servi indistinctement tous les pouvoirs libéraux néocoloniaux successifs au Sénégal.
Il ne peut pas y avoir de « clans » dans le parti tant que les débats sont ouverts sur la base de « l’unité, critique, unité ». En effet, ce serait une erreur de faire comme si les courants qui traversent le camp souverainiste s'arrêtaient aux portes de Pastef.
Comme nous le disons dans plusieurs de nos articles, le camp souverainiste rassemble actuellement les représentants de la bourgeoisie, de la féodalité, de la petite bourgeoisie et des classes laborieuses de notre pays qui ont des visions et conceptions différentes de la souveraineté nationale, mais qui sont actuellement unis, notamment dans Pastef sous la direction de la petite bourgeoisie radicalement souverainiste personnifiée dans le tandem Sonko/Diomaye.
La sociologie des tués lors de la résistance à la répression meurtrière de l’État hors la loi APR/BBY montre à suffisance le sacrifice suprême des ouvriers, étudiants et élèves.
Nous l’avions déjà écrit et le réécrivons encore : « la sociologie des adhérents de Pastef du sommet à la base interfère selon les classes sociales dont ils sont issus ou qu’ils pensent représenter :
– les classes moyennes, c’est-à-dire la petite bourgeoisie intellectuelle, hauts cadres dans l’appareil d’État néocolonial ou de la diaspora dans des grandes entreprises
– classes moyennes inférieures, c’est-à-dire la petite bourgeoisie intellectuelle estudiantine
– les différentes strates de travailleurs immigrés
– des éléments de la bourgeoisie nationale
– les classes laborieuses, ouvriers, travailleurs de l’informel-goorgoorlu, les paysans, les éleveurs, les pêcheurs, etc.
Chaque catégorie sociale analyse les questions de l’éthique, du souverainisme, du pragmatisme, du panafricanisme, de la gauche, de la sortie du néocolonialisme et du développement selon une vision déterminée par sa position de classe. Parce que la vérité et le juste naissent du débat contradictoire, parce que la démocratie exige que dans ce parti-front les bouches doivent s’ouvrir, nous devons apprendre à les gérer dans Pastef et dans le camp souverainiste comme des contradictions non-antagonistes à surmonter pour affronter victorieusement la contradiction principale antagoniste de l’inévitable affrontement avec le néocolonialisme et l’impérialisme ».
C’est cette réalité objective à portée subjective qui exige de nous l’apprentissage de « la solution des contradictions au sein du peuple » sur la base de « l’unité, critique, unité » comme l’enseigne Mao Ze Dong.
C’est aussi la même réalité que confrontent d’ailleurs au Mali les cinq colonels, au Burkina Faso le capitaine Ibrahim Traoré, au Niger le général Thiani.
Toutes ces expériences souverainistes sont en phase de transition vers la conquête progressive de la souveraineté politique, culturelle, économique, monétaire, diplomatique, militaire, etc.
La capacité à rassembler le peuple de façon durable contre le néocolonialisme suppôt de l’impérialisme est le défi que chaque expérience doit relever victorieusement.
Dans ce processus, le rôle et la place du parti dans un processus d’assainissement et de renouvellement de la classe politique néocoloniale totalement discréditée sont à définir par le débat démocratique idéologique et politique entre les militants de la base au sommet dans la perspective enseignée par le grand révolutionnaire communiste Amilcar Cabral : « Ne pas avoir peur du peuple et l’amener à participer à toutes les décisions qui le concernent, telle est la condition fondamentale de la démocratie révolutionnaire que nous devons réaliser progressivement ».
Alors Sonko, Diomaye et tous les militants de Pastef doivent s’atteler à appliquer l’« unité, critique, unité » pour gérer les contradictions non antagonistes secondaires pour notre lutte victorieuse contre l’ennemi principal néocolonial et impérialiste.
Vive le prochain 1er congrès de Pastef.
Diagne Fodé Roland
11/07/25