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Billet de blog 6 décembre 2025

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MALI- Proto-Califat du JNIM-AL-QAÏDA et tentative d’asphyxie du Mali [3]

Depuis octobre 2025, le Mali fait face à une crise sécuritaire majeure orchestrée par un groupe de mercenaires-terroristes-djihadistes JNIM (Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin ) ou (Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans). Le Dr. Yves Ekoué Amaïzo, Pt d’Afrocentricity Think Tank analyse et décrypte les arcanes de la nébuleuse terroriste, l’incidence sur la vie des populations. [3° partie]

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Illustration 1
Les connexions internet haut-débit permises par la technologie Starlink offrent la possibilité aux terroristes du JNIM de coordonner leurs actions sur le terrain pour gagner en efficacité.

MALI- PROTO-CALIFAT DU JNIM/AL-QAÏDA ET TENTATIVE D’ASPHYXIE DU MALI[i] : REORGANISER LES RENSEIGNEMENTS, LA DEFENSE NUMERIQUE ET LA PALABRE AFRICAINE INCLUSIVE[ii]

 TROISIÈME PARTIE

SOMMAIRE

19 Le mur de défense numérique ou la capacité de coupure ciblée de la connectivité des mercenaires-trafiquants-terroristes-djihadistes (MTTD)

20 Mali : terrorisme instrumentalisé avec un mercenariat international et déterritorialisé

21 Qui sont les principaux responsables de la déstabilisation orchestrée au Mali ?

22 De Iyad Ag Ghali à d’Abdurrahman al-Mauritani alias Abu Hind al-Libi : d’un « faucon » à l’autre au sein du JNIM

23 Mali, Afghanistan, Syrie, Somalie, Irak : instrumentalisation d’Al-Qaïda et de l’Etat islamique ?

24 Instrumentalisation croisée entre Azawad et JNIM

25 Déstabilisation du JNIM par la promotion de zones d’influence et de nuisance

26 Vulnérabilité du JNIM : augmenter le renseignement, neutraliser les réseaux de financement et de contrebande et améliorer la coopération transfrontalière via les confréries soufistes

***

19- LE MUR DE DÉFENSE NUMÉRIQUE OU LA CAPACITÉ DE COUPURE CIBLÉE DE LA CONNECTIVITÉ DES MERCENAIRES-TRAFIQUANTS-TERRORISTES-DJIHADISTES (MTTD)

La réalité est que ces mercenaires-trafiquants-terroristes-djihadistes opérant au sein d’un écosystème dynamique transfrontalier utilisent « Starlink » pour parfaire leurs communications, coordonner leurs actions violentes et criminelles et échapper à la surveillance des militaires envoyés par l’Etat régalien. En effet, Starlink est un système de satellites en orbite basse développé par la société d’Elon Musk, SpaceX. Il permet de fournir un accès Internet haut débit partout dans le monde, y compris dans les zones reculées ou sans infrastructure terrestre. Il fonctionne via une constellation de milliers de satellites et des terminaux portables au sol. Ce système est disponible sous forme de « kits » modulables et facilement démontables, donc adaptés pour la contrebande. Le nord du Nigeria sert de point d’entrée des kits Starlink et des motos via Maradi et Zinder. Les motos (marques TVS, Sanili, Haojue) sont utilisées pour la mobilité tactique, et sont souvent importées via des circuits informels.

Véritable innovation, Starlink permet une coordination en temps réel, même dans des zones sans réseau mobile, facilitant les attaques et la logistique. Cette efficacité satanique est décrite comme une « constellation obscure » par des experts de la sécurité regroupés au sein d’une organisation indépendante basée à Genève du nom de « Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale » ou Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC).  Celle-ci n’hésite pas à expliquer « comment le système Starlink façonne les conflits et la criminalité dans le Sahel[iii] ».

Avec des Accords complets ou restreints d’approvisionnements et ventes aux Etats, il faut savoir que les équipements en kits sont introduits clandestinement dans la zone sahélienne via le Nigeria, la Libye et le Tchad, puis redistribués vers des zones de conflit au Burkina-Faso, au Niger et au Mali notamment Tillabéry au Niger et Gao et Ménaka au Mali.

Les mercenaires-trafiquants-terroristes-djihadistes (MTTD) exploitent la portabilité des kits, la corruption douanière et l’ignorance technologique d’une partie des forces de sécurité et douanières dans la région sahélienne. Il est de notoriété publique que les MTTD du Mali élargis aux responsables du Front de libération de l’Azawad (FLA), utilisent Starlink pour coordonner leurs offensives contre l’armée malienne et ses soutiens extérieurs notamment l’ex-société militaire privée russe Wagner opérant de manière semi-autonome jusqu’en 2023 et remplacée en Afrique par Africa Corps, une nouvelle force paramilitaire directement contrôlée par le ministère russe de la Défense.

De nombreuses vidéos utilisées par les mercenaires-trafiquants-terroristes-djihadistes (MTTD) du JNIM témoignent de l’utilisation de Starlink pour « revendiquer » des attaques. Les forces de sécurité nigériennes ont saisi des kits Starlink lors d’opérations contre le JNIM et l’Etat Islamique au Sahel. Or, la volonté des Etats comme le Niger ou le Tchad en 2025 de légaliser l’utilisation de Starlink sous conditions n’a pas fonctionné. Le marché parallèle de la contrebande a rapidement pris la relève, si ce n’était pas déjà fait, bien avant même que les États ne prennent conscience de l’utilisation des kits Starlink en contrebande.

Or, le coût légal (25 000 FCFA/soit env. 37 € / mois) est bien inférieur aux tarifs du marché de contrebande qui dépasse les 100 Euros (65900 FCFA par mois) alors que des tarifs pouvaient atteindre parfois 120 € (78 700 FCFA/ mois)[iv].

La responsabilité d’Elon Musk bien qu’indirecte, est engagée. Mais, il demeure bien silencieux et témoigne d’une absence de zèle et d’objectivité pour ce qui est de critiquer les mercenaires-trafiquants-terroristes-djihadistes qui ne sont pas bien éloignés des crimes contre l’humanité commis par des Afrikaners, dont il est héritier, lors de la période d’Apartheid en Afrique du Sud. En effet, en bon « homme d’affaires », ce businessman hors pair est coactionnaire de Starlink et à ce titre, bénéficie de l’élargissement, l’expansion et l’explosion du marché officiel et en contrebande des kits Starlink. Elon Musk n’a rien fait pour empêcher l’usage détourné de son produit « phare ».

La responsabilité de Donald Trump représentant les Etats-Unis, bien qu’indirecte, est aussi engagée, puisque les États-Unis, bien que « considérés » comme ayant des relations cordiales, abusivement considérés comme des alliés du Mali, n’ont pas imposé de restrictions visibles sur l’utilisation de Starlink par les mercenaires-trafiquants-terroristes-djihadistes (MTTD) du JNIM. Pourtant, les États-Unis, peuvent, s’ils le veulent et surtout s’ils veulent « soutenir » le Mali et l’ensemble des pays concernés victimes du terrorisme dans le Sahel, restreindre ou brouiller le réseau Starlink, notamment dans les zones critiques, comme ils l’ont fait en Ukraine ou apparemment refusé de le faire ailleurs notamment au Soudan.

Or, la lutte contre le terrorisme de sous-traitance passe nécessairement par la maîtrise de l’établissement d’un « mur numérique ». Il s’agit de renforcer au Mali et dans tous les Etats concernés par les MTTD, la capacité de coupure ciblée de la connectivité appelée aussi « le ring-fencing[v] ». Le mur de défense numérique est devenu un levier géopolitique, géoéconomique et géomilitaire dans les conflits de déstabilisation en Afrique et ailleurs dans le monde.

Or, si les MTTD continuent d’utiliser Starlink et des entreprises multinationales, des financiers des pays du Golfe ou même des Etats comme les Etats-Unis, utilisent de manière ciblée et arbitraire le mur de défense numérique comme une arme de négociation pour accéder aux matières premières des pays africains sans payer le prix international. Ainsi, il y a non seulement deux poids deux mesures, mais une véritable duperie pour capter les matières premières africaines et surtout relancer la servitude volontaire politique, une contre-offensive contre la souveraineté des États africains, ceux de l’Alliance des États du Sahel (A.E.S.) en particulier. La situation de déstabilisation contenue au Mali en octobre et novembre 2025 n’est que la tête de l’iceberg de cette nouvelle forme de négociations asymétriques d’entreprises multinationales et d’États puissants contre des Etats souverainistes mais disposant d’une capacité d’influence faible et un pouvoir de nuisance en émergence.

Or, au cours de la période de transition, les pays de l’A.E.S. ne pourront s’en sortir que s’ils entrent en partenariat avec des États qui puissent tenir tête en termes de capacités de nuisance et d’influence aux entreprises multinationales américaines, occidentales et arabes avec ou sans le soutien de leurs États respectifs.

En effet, qui peut croire dans cette constellation du double-jeu dynamique et permanent que les objectifs réels des États-Unis et leurs alliés occidentaux européens des États du Golfe finançant en sous-traitance certains MTTD d’une part, et celle de la Russie ou même de la Chine et des BRICS+ et leurs alliés d’autres part peuvent servir les intérêts des Peuples africains, ceux du Mali, du Burkina-Faso et du Niger en particulier ?

Seules, la redevabilité et la transparence dans les informations fournies aux peuples de ces pays pourraient permettre d’y voir clair, si, et seulement si, une lutte acharnée est menée contre la corruption des agents qui promeuvent ou facilitent la contrebande des kits Starlink et des données de renseignements satellitaires stratégiques et tactiques que cela véhicule aux dépens de nombreux morts, blessés, déplacés, violés et appauvris. Or, il n’y a pas un niveau d’organisation de la déstabilisation et du chaos sans un terrorisme ou un mercenariat international déterritorialisé et instrumentalisé ayant pour objectif, l’instauration d’un proto-califat[vi] en réminiscence de paléo-califats imaginaires.

Illustration 2
Le JNIM recourt à la technolgie Starlink permettant des communications internet haut-débit pour coordonner ses opérations et échapper à la surveillance des militaires envoyés par l’Etat régalien du Mali

20- MALI : TERRORISME INSTRUMENTALISÉ AVEC UN MERCENARIAT INTERNATIONAL ET DÉTERRITORIALISÉ

Le terrorisme au Mali ne peut se concevoir sans faire référence au mercenariat et au djihadisme (et non au Djihad qui demeure pacifique) violent. Il y a manifestement une menace contre la paix et la sécurité du Mali et par extension, des pays ayant signé un accord de défense avec le Mali, à savoir les deux autres pays formant l’Alliance des Etats du Sahel, le Burkina-Faso et le Niger. Cette menace contre la paix et la sécurité du Mali prend des dimensions internationales dès lors que certains états estiment, unilatéralement ou à la demande du Mali, de contribuer à lever cette menace dans le cadre d’un véritable « droit à la légitime défense ». 

A y regarder de près et en considérant l’historique de la multipolarité des rivalités internes et les « transferts » liés aux conséquences des interventions de l’OTAN en Libye et dans les pays du proche et Moyen-Orient dont, entre autres, l’Irak, la Syrie, le Yémen ou ailleurs, l’Afghanistan, il convient d’admettre qu’il s’agit bien d’une rivalité subjectivement interétatique. Les groupes armés et criminels qui lancent leurs attaques sur le territoire malien ont, pour certains leurs bases sur ce même territoire et, pour d’autres, sur des territoires voisins avec souvent des équipements, des armes, et des financements venant de plus loin encore, bien que de plus en plus discrets et de moins en moins avoués.

De fait, l’acte terroriste au Mali est en fait un acte de guerre[vii] puisque les alliances et dissidences au sein des groupes dits terroristes ont permis de générer des nébuleuses d’entités mobiles devenues de véritables mercenaires au service d’objectifs de moins en moins avoués publiquement. La désinformation de nombreux médias dits « mainstream » ou politiquement alignés -corrects pour l’euphémisme-, a généré une confusion telle que seuls la citoyenne malienne et le citoyen malien peuvent encore établir un lien direct entre l’incarcération de l’ex-président français Nicolas Sarkozy et sa condamnation à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs dans le cadre de l’affaire du financement libyen[viii] présumé de sa campagne présidentielle de 2007[ix]. En effet, sans l’intervention de la France[x] et le refus de suivre les propositions de l’Union africaine à l’époque, les interventions de l’OTAN n’auraient pas conduit à une déstabilisation de la Libye, encore moins par contrecoup à une déstabilisation de tout le Sahel.

Ce n’est pas seulement le nord du pays que les mercenaires-terroristes-djihadistes ont l’ambition de contrôler mais bien l’intégralité du pays. Le Mali est donc victime d’attaques terroristes lancées contre son territoire à partir de celui-ci comme à partir de territoires voisins, par des acteurs non étatiques qui ne dépendent pas nécessairement d’un État ou d’entreprises multinationales. Cette forme de terrorisme et mercenariat internationaux et déterritorialisés trouve ses sources de financement et ses prosélytismes religieux violents à partir d’une interprétation unilatérale et violente de l’Islam en dehors du territoire malien.  De nombreux acteurs qui convoitent le sous-sol, le sol et le hors-sol maliens[xi] y trouvent un intérêt et ne se gênent pas pour souffler sur la braise de la déstabilisation du Mali.

Ne pas l’intégrer dans les analyses sur la réalité de ce qui se passe au Mali et sur la souffrance des populations installées au Mali relève de la cécité stratégique ou d’un strabisme déviant au service d’une recolonisation des espaces et des imaginaires du Peuple malien.

21- QUI SONT LES PRINCIPAUX RESPONSABLES DE LA DÉSTABILISATION ORCHESTRÉE AU MALI ?

La crise malienne actuelle est le résultat d’un enchevêtrement de responsabilités, où plusieurs acteurs, -internes et externes-, -privés et publics- ont contribué à une dégradation progressive de la situation. Ce n’est pas l’omerta ou le silence qui permettra de tenter de structurer ces responsabilités, sans chercher à exonérer ni à accuser unilatéralement un responsable, puisqu’il n’y a que des responsables.

Les responsabilités internes sont au moins au nombre de quatre :

  • des failles dans la gouvernance, notamment la corruption, le clientélisme, l’absence de services publics et la faiblesse de l’offre de services essentiels dans les zones rurales et isolés ont favorisé le rejet de l’État centralisé ;
  • les crises politiques répétées notamment les coups d’État (2012, 2020, 2021) ont affaibli les institutions et fragmenté le pouvoir qui pour le moment ne donne aucune perspective pour une alternative politique ;
  • les tensions communautaires notamment les conflits entre certaines ethnies tels que les Peuls, les Dogons, les Touaregs et les autres groupes ont été instrumentalisés par les mercenaires-djihadistes, eux-mêmes souvent financés de l’extérieur ;
  • une gestion sécuritaire mitigée car malgré les succès ici et là, les forces armées maliennes (FAMa) ont parfois été confondues avec des exactions conduisant certains à tomber dans le piège du recrutement djihadiste.

Les responsabilités régionales et internationales du terrorisme et mercenariat déterritorialisés peuvent être résumés en sept points :

  • les effets en cascade des conséquences des interventions de l’OTAN en Libye en 2011 en outrepassant les résolutions des Nations Unies et les interventions françaises[xii] au Sahel dans le cadre d’un émiettement massif d’armes et de combattants vers le Sahel suite à l’assassinat et la chute de Kadhafi ;
  • la remobilisation d’une partie des maliens-Touaregs qui se sont réarmés avec l’appui des ex-combattants de l’armée libyenne démantelée et ayant rejoint le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA)[xiii] déclenchant la rébellion au nord du Mali, non sans formatage occidental ;
  • les opérations militaires françaises (Serval, Barkhane) qui ont contribué au départ à freiner l’expansion des mercenaires-djihadistes mais les évolutions ont été perçues comme une ingérence et une arrogance alimentant de facto un rejet populaire ;
  • le retrait de la mission onusienne (MINUSMA) en fin 2023 a malgré tout laissé un vide sécuritaire dans plusieurs zones sensibles ;
  • la réalité des passoires transfrontalières que constituent la faiblesse des contrôles frontaliers et l’absence de coordination régionale entre pays voisins, ce qui a permis aux groupes armés (mercenaires, terroristes et djihadistes) de circuler quasi-librement dans la zone ;
  • les groupes djihadistes notamment le JNIM, l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS[xiv]) et autres factions furent les catalyseurs du chaos et ont exploité les failles pour imposer un régime de terreur, avec charia, les taxations, et le contrôle territorial, souvent au service d’intérêts étrangers ;
  • la stratégie de l’asymétrie de la violence repose sur la mobilité, le renseignement local, et l’usage de technologies comme Starlink (en contrebande ou pas) pour contourner les blocages et même piéger l’armée nationale du Mali, les Forces Armées Maliennes (FAMa).

En définitive, les responsabilités dans la crise au Mali sont multiformes mais sont à décliner à des degrés différents. Les puissances étrangères, en particulier la France et l’OTAN, ont joué un rôle indirect mais décisif dans la déstabilisation régionale post-déstabilisation de la Libye.

Toutefois, les groupes mercenaires-terroristes-djihadistes sont les acteurs les plus violents, déstabilisateurs et destructeurs du Mali et du Peuple malien. Mais ils prospèrent sur un terreau de fragilités préexistantes. Enfin, l’État malien, notamment les dirigeants « civils » portent une part importante dans la responsabilité en matière d’intégration et inclusivité du Peuple malien, de gouvernance, de compromissions avec les entreprises multinationales.

En définitive, l’échec demeure une absence de cohésion nationale qui se fait en excluant une partie de la population par les dirigeants militaires. Or, la transparence et la vérité font partie intégrante de l’équation collective pour gagner la bataille contre des groupes terroristes qui défendent leurs propres intérêts dans le cadre d’un mercenariat international multiforme.

Néanmoins, aujourd’hui, le premier responsable direct de la déstabilisation malienne actuelle se retrouve au niveau du JNIM et ses réseaux intérieurs et extérieurs.

22- DE IYAD AG GHALI A D’ABDURRAHMAN AL-MAURITANI ALIAS ABU HIND AL-LIBI : D’UN « FAUCON » A L’AUTRE AU SEIN DU JNIM

Le chef historique du JNIM (Jama'at Nusrat al-Islam wal Muslimeen) est Iyad Ag Ghali, un Touareg malien, ancien leader d’Ansar Dine. Difficile à localiser, il serait en principe toujours actif mais plus discret et bénéficierait de bases arrière dans les pays voisins du Burkina-Faso, du Mali et du Niger qui forment l’Alliance des États du Sahel. Plusieurs recoupements de sources fiables l’auraient identifié opérant dans une zone géographique située entre le nord du Mali et les zones frontalières avec l’Algérie, avec une perte d’influence au sein du JNIM. Rappelons dans les années 2000-2010, les terroristes ont vécu principalement avec l’argent des rançons des otages récupérés en Algérie et libérés au Mali[xv].

Il apparaît que suite à une réorganisation stratégique du JNIM, le réseau de groupes djihadistes du JNIM qui demeure affilié à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), aurait désigné un nouveau chef pour superviser ses opérations dans le triangle frontalier entre la Mauritanie, le Sénégal et le Mali. Il s’agit d’Abdurrahman al-Mauritani, aussi connu sous le nom Abu Hind al-Libi, ancien chef de l’Émirat du Sahara[xvi].

Ce dernier considéré aussi comme le « faucon d’Al-Qaïda » est en train de prouver qu’il a pris les « commandes » et prouve sa capacité d’influence et de nuisance au Mali et dans les pays voisins afin d’émerger comme le nouveau « chef » de la déstabilisation au Mali. Pour cela, lui et ses troupes, non sans lien avec l’étranger, doivent faire connaître la violence de leur radicalité par un usage excessif et démesuré de la force ou de la violence pour atteindre leurs objectifs. Imprégné par une forme d’intransigeance au plan de l’idéologie religieuse en refusant tout compromis ou syncrétisme, le « nouveau » JNIM fonde ses actions stratégiques sur des actions arbitraires, offensives, malfaitrices, criminelles, unilatérales, bref colonisatrices.

Incarnant la ligne extrême du réseau des mercenaires-terroristes-djihadistes, il recherche une unité d’actions en rejetant les médiations et en prônant des négociations directes avec les États avec en filigrane une expansion territoriale. Et au plan cultuel, il y a une imposition stricte de la charia et des marqueurs comme l’imposition du voile aux femmes maliennes sur ce que le JNIM considère comme son espace territorial au Mali. Cet espace sous son contrôle exclut systématiquement la présence des forces armées maliennes et l’État malien. Abdurrahman al-Mauritani, récemment désigné chef du JNIM pour le triangle Mauritanie–Sénégal–Mali, de son surnom le faucon d’Al-Qaïda, veut imposer sa marque au Mali, par la peur, la déstabilisation des flux d’approvisionnement et d’alimentation des villes et villages. Il serait celui qui aurait ordonné l'exécution de supposés « espions » et de soldats de la mission de l'ONU[xvii] au Mali, la MINUSMA[xviii].

C’est ainsi que le JNIM doit être considéré comme une armée de mercenaires, de trafiquants-mafieux, de terroristes et de djihadistes. Cette militarisation repose sur une stratégie de blocus et d’embargos sur le système d’approvisionnement. Or, il y a eu une erreur stratégique du pouvoir actuel du Mali qui a opté pour une stratégie du gouvernement du tout militaire. Or, pour que cette stratégie fonctionne, il aurait fallu stopper la capacité du JNIM à recruter localement. Autrement dit, il aurait fallu donner plus d’importance à la réduction du chômage des jeunes et des moins jeunes notamment dans les zones rurales ou les espaces où l’État malien est absent.

C’est donc cette stratégie du tout militaire qui pose problème au pouvoir malien actuel compte tenu des capacités militaires et financières accrues du JNIM grâce à des soutiens extérieurs, y compris par l’accession à des technologies satellitaires comme « Starlink » qui permettent une mobilité dynamique, une déstabilisation économique par les déséquilibres dans les approvisionnements urbain et rural artificiellement générés par les attaques et explosions des camions citernes des transporteurs maliens.

Illustration 3
Mali Iyad Ag Ghali, le chef du GSIM en 2020

23- MALI, AFGHANISTAN, SYRIE, SOMALIE, IRAK : INSTRUMENTALISATION D’AL-QAÏDA ET DE L’ÉTAT ISLAMIQUE ?

En Afghanistan, en Syrie, en Somalie, en Irak et au Mali, les mercenaires-terroristes-djihadistes sont directement liés à Al-Qaïda. Ils sont régulièrement instrumentalisés par ceux qui ont besoin, souvent de manière opportuniste, de leurs services. Cela n’exclut pas des surprises avec des retournements de situation, des dissidences, des sécessions au sein du réseau terroriste, et même des compétitions entre dissidences ou carrément des conflits ouverts entre Al-Qaïda et l’Etat islamique.

En Afghanistan, et depuis le retrait précipité et en catastrophe des Etats-Unis en août 2021, les Talibans sont devenus, de facto, les autorités politiques en Afghanistan, avec leur chef spirituel dit le « Guide suprême », Mullah Haibatullah Akhundzada. Il n’y a pas eu de reconnaissance internationale de l’Organisation des Nations Unies (ONU), ni aucun soutien officiel des pays membres de l’OTAN. Mais le soutien tacite des Talibans d’Afghanistan pour le mouvement Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) qui mènent des attaques régulières et fréquentes transfrontalières de déstabilisation contre le Pakistan, ont causé des tensions avec le Pakistan. Or, la réponse proposée par l’Etat pakistanais est de « soutenir des forces rivales[xix] » si les Talibans devaient continuer à soutenir le TTP. Les tensions se sont encore accrues lorsque les talibans ont ouvert des voies diplomatiques de rapprochement avec l'Inde, situation qui cumulait à la fois des problèmes de sécurité et un défi géopolitique pour Islamabad. Or, les Talibans ont maintenu des relations avec Al‑Qaïda, offrant un sanctuaire à ses combattants. Le mercenariat permet alors de « commercialiser » l’instrumentalisation des services secrets commandée par des puissances extérieures, soit pour la sauvegarde de leurs intérêts stratégiques en propre, soit pour des enjeux de puissance ou de déstabilisation en cas de faiblesse avérée.

  • EN SYRIE, le nouveau Président de transition, Ahmed al‑Sharaa est un ancien chef du groupe jihadiste Hay’at Tahrir al‑Sham, et est directement lié à al‑Qaïda. Anciennement connu sous le nom de mercenaire-terroriste-djihadiste, Abu Mohammad al‑Jolani, il fut l’ancien chef du Front al‑Nusra, la branche d’Al‑Qaïda en Syrie, puis de Hay’at Tahrir al‑Sham (HTS[xx]). Il est devenu président le 29 janvier 2025 après la chute du régime de Bachar al‑Assad en décembre 2024. Cette prise de pouvoir s’est opérée grâce à un soutien, plus qu’actif, des pays occidentaux, ce après le lâchage négocié par la Russie de l’ex-président, Bachar al‑Assad, actuellement réfugié en Russie. Le paradoxe de la position américaine est que pour tenter de « vaincre » l’Etat islamique, les diplomaties américaine et occidentale ont réussi à convaincre, de force ou de son plein gré, nul ne le sait, le Président par intérim Ahmad al-Sharaa de s’engager à rejoindre la Coalition menée par les États-Unis pour vaincre l'EI[xxi].

Sans entrer dans les détails, il est possible de citer les cas notables de :

  • LA SOMALIE, avec Ahmed Diriye (dit Abu Ubaidah), et chef d’Al‑Shabaab, groupe affilié à Al‑Qaïda, contrôlant principalement les zones rurales comme le JNIM au Mali ;
  • L’IRAK, notamment Abu al‑Hussein al‑Husseini al‑Qurashi qui était le 4ᵉ “calife” de l’État islamique (ISIS/Daech), nommé en novembre 2022 après la mort de son prédécesseur. Il n’était pas lié à Al‑Qaïda, mais bien au groupe État islamique, une scission rivale d’Al‑Qaïda depuis 2014 et historiquement rival de ce dernier, apparemment suite à une instrumentalisation d’Al Qaïda. Le 4e « calife » de l’EI, premier syrien à occuper ce poste, a été tué en avril 2023 en Syrie lors d’une opération attribuée aux services turcs. Son successeur Abu Hafs al‑Hashimi al‑Qurashi, a été proclamé le 5ᵉ calife de l’État islamique en août 2023. Ces chefs de « proto-califats » de l’Etat islamique (EI) n’ont jamais été reconnus comme dirigeants officiels d’État. Mais leur capacité de déstabilisation et de nuisance fait l’objet d’instrumentalisation.

Au Mali, le groupe JNIM (Jama’at Nusrat al‑Islam wal‑Muslimin) est une coalition jihadiste affiliée à al‑Qaïda, qui contrôle des zones rurales et les artères logistiques d’approvisionnement et d’accès à certaines grandes villes. Ils vivent essentiellement grâce à des enlèvements crapuleux et le contrôle de certaines mines. Le contexte malien présente des dynamiques propres. Le JNIM (Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin), affilié à Al-Qaïda, ne revendique pas un territoire à la manière de l’Etat islamique (EI ou Daech ou ISIS), mais cherche à imposer une influence territoriale, idéologique et politique durable sur des espaces mouvants au gré des défauts de sécurisation du territoire par les formes armées maliennes. Rappelons que les termes État islamique (EI), Daech et ISIS (Islamic State of Iraq and Syria) désignent en réalité la même organisation jihadiste, mais avec des nuances liées à la langue et au contexte politique.

En filigrane, il s’agit bien pour le JNIM au Mali de revendiquer le contrôle d’un « proto-califat » sans frontière territoriale avérée, en organisant une déstabilisation qui permet d’occuper des mines, de racketter les populations et surtout de faciliter l’exportation et l’importation informelles d’un commerce fondé sur des compensations entre matières premières ou personnes kidnappées contre matériels militaires ou de transports, voire de l’argent cash.

Personne ne peut prouver que le JNIM n’est pas paradoxalement soutenu de l’extérieur, notamment par des États, mais aussi des entreprises multinationales des pays du Golfe et ayant des relations étroites avec l’Occident et les États-Unis. Ces derniers ne peuvent prétendre à s’afficher innocents dans cette configuration car les financements occultes ou pas, les fournitures de motos et véhicules de transport, les équipements militaires, notamment de renseignement (kits Starlink), de drones, et d’armes létales modernes aux mains des mercenaires-terroristes-djihadistes permettent de faciliter la déstabilisation du Mali. Les revendications et objectifs principaux et stratégiques observés du JNIM en 2025 visent à organiser :

  • la déstabilisation de l’Etat ;
  • les mutineries au sein de l’armée malienne ; et
  • une résolution de faire retourner la population contre les dirigeants militaires du Mali.

Paradoxalement à ce jour, face à une résistance inattendue, et vraisemblablement dopée par le soutien direct de la Russie et plus discrète d’autres puissances, ces trois objectifs stratégiques n’ont pas été atteints. Seule, la déstabilisation parcellaire demeure factuelle dans les zones rurales avec les conséquences que sont la peur de circuler sans escortes militaires sur les grandes voies de circulation et d’approvisionnement des grandes villes.

Toutefois, il y a eu, entre autres, des évolutions notables vers une force d’occupation symbolique d’un espace « proto-califat » à l’image d’un Etat islamique sans territoire comme si le JNIM s’évertuait à créer une fédération de mercenaires-terroristes-djihadistes y compris avec des dissidences de l’Etat islamique local, non sans tenter d’attirer d’autres forces opposées à l’Etat central et menant davantage des combats pour leur indépendance ou autonomie politique et économique comme l’Azawad[xxii].

24- INSTRUMENTALISATION CROISÉE ENTRE AZAWAD ET JNIM

En novembre 2024, plusieurs mouvements Touaregs (MNLA, HCUA, MAA, GATIA) ont fusionné pour créer le Front de Libération de l’Azawad (FLA) qui revendique l’autonomie ou l’indépendance du nord du Mali. Le FLA est actif dans les zones sahéliennes, en conflit avec la junte malienne et ses alliés russes (Wagner/Africa Corps).

Des négociations ont eu lieu en mars 2025 entre le Front de Libération de l’Azawad (FLA) et le JNIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, affilié à Al‑Qaïda). Ceci est le témoignage de forts indices qui tendent à justifier l’instrumentalisation et les liens, opportunistes ou pas, entre l’Azawad et le JNIM/Al‑Qaïda. En effet, le FLA a accepté l’application de la charia dans certaines zones, ce qui montre une convergence tactique avec les jihadistes avec en filigrane une alliance potentielle et une instrumentalisation mutuelle :

  • les Touaregs de l’Azawad utilisent le JNIM pour renforcer leur poids militaire ;
  • le JNIM exploite la cause touarègue pour tenter de légitimer son contrôle territorial et justifier son proto-califat islamique ;
  • l’Azawad et le JNIM promeuvent l’ambiguïté stratégique avec comme dénominateurs communs, rendre vulnérable le pouvoir central de Bamako.

Toutefois, il n’y a pas de manière avérée d’accord direct entre le FLA et l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) qui est aussi présent au Sahel, mais demeure un concurrent offensif du JNIM.

Depuis la rupture de l’accord de paix d’Alger, le Front de libération de l’Azawad comme d’autres mouvements indépendantistes n’ont pas exclu une coopération opportuniste, tactique et conjoncturelle avec le JNIM. Perçu comme extrêmement violent et étranger aux dynamiques locales touarègues, l’Azawad n’a pas de liens connus avec l’Etat Islamique au Grand Sahara, ce qui a conduit aussi à une marginalisation de l’EIGS au Mali qui concentre ses attaques au Niger et au Burkina-Faso. De fait sur le terrain, grâce à ses alliances locales et son enracinement dans les communautés, notamment Katiba Macina et grâce à des financements venus d’ailleurs, JNIM attire davantage de combattants, ce qui contribue à la perte d’influence de l’EIGS.

25- DÉSTABILISATION DU JNIM PAR LA PROMOTION DE ZONES D’INFLUENCE ET DE NUISANCE

Le JNIM occupe de facto des « espaces » maliens grâce à ses réseaux, cellules et zones d’influence en imposant par la peur des lois, comme une démonstration d’existence. On peut valablement faire référence à cette nouvelle stratégie comme le contrôle mouvant de « zone d’influence et de nuisance » où le JNIM exerce une pression militaire, sociale ou économique sans gouvernance officielle.

Il s’agit alors de sanctuaires mouvants où les mercenaires-terroristes-djihadistes trouvent refuge, s’entraînent et se réorganisent, sans contrôle administratif, non sans trouver des havres de repos à l’extérieur du Mali, notamment en Algérie, en Mauritanie, et vraisemblablement ailleurs. La difficulté à circonscrire les espaces vient aussi de la présence diffuse et dynamique des membres avec des implantations sous forme de cellules clandestines, dispersées et se fondant avec la population, corollaire d’un recrutement massif au sein d’une population pauvre, qui considère que l’État central l’a abandonnée, livrée à elle-même, sans futur ni avenir. Aussi, sans vouloir « prendre » la capitale Bamako, le JNIM a modifié sa stratégie en imposant une autorité et un pouvoir de facto fondés sur la peur et les assassinats.

C’est cette formule machiavélique qui permet de disposer d’un pouvoir de nuisance dans une zone fluctuante du Mali, sans pourtant avoir une reconnaissance légale, ni revendication territoriale formelle.  Officiellement sans une revendication de volonté de prise d’un État souverain.

Cela se traduit, au niveau des routes, des villages, des zones rurales et des points névralgiques d’approvisionnement ou de renseignements satellitaires, par des contrôles et points de contrôle asymétriques avec une dictature ponctuelle. Cette occupation coloniale du territoire est informelle par endroits, et formelle dans certaines zones rurales.

Cette forme de colonisation moderne ne peut être résiliente que grâce à un système d’instrumentalisation du JNIM pour servir des intérêts étrangers autres. Celle colonisation est transfrontalière et témoigne du zèle nouveau à vouloir fédérer y compris dans les rangs de l’État islamique, agissant aussi en dehors du Mali, du Burkina-Faso et du Niger, y compris dans certains pays dits « côtiers », dont le Togo, le Bénin, le Ghana et la Côte d’Ivoire. Or, l’absence d’une administration et d’une gouvernance officielle par les relais officiels de l’État dans certaines zones, favorisent l’influence du JNIM, par le biais des crimes contre les citoyens et le Peuple, l’instauration de la peur, le prélèvement de taxes illégales, les menaces, le chantage et autres extorsions crapuleuses. On peut ainsi de la sorte, distinguer actuellement au moins encore six raisons qui alimentent la volonté d’en découdre avec l’Etat malien du JNIM et de ceux qui l’instrumentalisent :

25.1 IMPOSER LA CHARIA DANS LES ZONES SOUS CONTROLE : le groupe impose le port du voile aux femmes sur les routes, avec des sanctions physiques en cas de non-respect. Cela traduit une volonté d’instaurer un ordre islamique strict dans les zones rurales et périphériques ;

25.2 DÉSTABILISATION DE L’ÉTAT MALIEN : le Premier ministre malien de transition a dénoncé une « tentative de déstabilisation[xxiii] » orchestrée par le JNIM, notamment via le blocus économique et les attaques ciblées contre les convois de carburant ;

25.3 CONTROLE TERRITORIAL ET GOUVERNANCE PARALLELE par le JNIM qui a occupé ou tente d’occuper les localités comme Farabougou, installe des tribunaux islamiques, et manipule les rivalités locales pour asseoir son autorité tout en imposant des « impôts islamiques » (zakat), ainsi que le contrôle des routes commerciales et d’approvisionnement ;

25.4 SABOTAGE ÉCONOMIQUE PAR LE BLOCAGE DES AXES LOGISTIQUES et en ciblant les infrastructures, le groupe cherche à affaiblir l’État central et à se rendre incontournable dans les négociations ;

25.5 REVENDICATION D’ATTAQUES MILITAIRES du JNIM notamment contre les Forces armées maliennes (FAMa), notamment via des engins explosifs improvisés (IED) sur les routes stratégiques, contre les transporteurs de citernes d’essence, voire contre les stocks énergétiques contre des mines, des industries et autres commerces…

25.6 IMPOSER UN CANAL DE NÉGOCIATION UNIQUE entre un Etat et un groupe JNIM unifié.

Il y a donc des similitudes avec le cas de l’Afghanistan, de la Syrie, de la Somalie, de l’Irak avec le Mali et les pays de l’A.E.S.

Voici au moins quatre principales similitudes :

25.7 contrôle territorial avec ou sans gouvernance territoriale par des groupes armés, de véritables mercenaires-terroristes-djihadistes ;

25.8 effondrement partiel de l’autorité étatique dans certaines zones ;

25.9 tentatives de gouvernance parallèle et imposition de normes religieuses ;

25.10 soutien tacite de puissances étrangères promptes à proclamer la chute de l’État central plutôt que d’organiser une coalition pour lutter efficacement contre le JNIM ou l’EI.

Cependant, il y a aussi deux différences importantes :

25.11 le JNIM fait semblant de ne pas chercher pour le moment à établir un califat territorial décentralisé mais affilié au plan mondial à l’Etat islamique (Daech, ISIS), mais plutôt à négocier une forme de proto-califat « national » avec l’État malien, à condition que certaines zones restent sous son influence et qu’il puisse continuer son commerce directement avec les États extérieurs qui payent pour accéder aux matières premières importantes du Mali (or, lithium, métaux rares), sans compter la contrebande avec les pays frontaliers, etc.

25.12 le Mali bénéficie du soutien de partenaires internationaux dont la Fédération de Russie, même si la coopération militaire a été réduite compte tenu de l’opération dite « spéciale » de la Russie et de la guerre par procuration de l’OTAN sur le sol ukrainien.

Malgré cela, il y a aussi des similitudes :

25.13 en effet, les mercenaires-terroristes-djihadistes servent de protection armée pour les trafics (armes, drogues, or, bétail, migrants). Sur ce plan, il n’y a aucune différence au Sahel et ailleurs entre le JNIM et l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) qui facilitent ou prélèvent des taxes sur les trafics transsahariens ;

25.14 certains acteurs locaux ne sont pas neutres dans cette histoire. En effet, certains clans, milices ou autorités locales, toutes ethnies confondues, s’allient temporairement avec ces groupes pour sécuriser leurs propres routes commerciales.

En définitive, l’Afghanistan des Talibans avec Hibatullah Akhundzada a des liens avec Al‑Qaïda. La Syrie avec Abu Mohammad al‑Jolani (HTS) a des liens avec Al‑Qaïda. En Somalie, les shebabs avec Ahmed Diriye (Al‑Shabaab) ont des liens avérés avec Al‑Qaïda. En Irak et en Syrie, les liens avec l’Etat islamique sont évidents.  Aussi, la question est ouverte pour le JNIM du Mali avec Iyad Ag Ghaly affilié à Al‑Qaïda : quelles puissances économiques ou politiques instrumentalisent Al-Qaïda et l’État islamique pour le contrôle de zones facilitant la prolifération des trafics, de toutes formes illégales de commerce et la prospérité des réseaux criminels ?

Face à des États fragiles en mode tout militaire pour défendre leur souveraineté territoriale, politique et économique, l’absence d’autorité centrale forte, que ce soit au Mali, en Somalie, en Irak ou en Syrie post‑Assad, favorise la création de « zones grises » dans lesquelles ces groupes deviennent les acteurs mouvants et incontournables grâce à l’instrumentalisation de la faiblesse étatique pour se poser davantage en alternative de gouvernance de la déstabilisation qu’en alternative de gouvernance légale. Or en termes de légitimité, des coups d’État militaires non sanglants, comme au demeurant la poursuite de la période de transition sans approbation libre et transparente des populations maliennes, rencontrent des difficultés face à la non-moins légitime occupation/colonisation informelle du sol malien par les mercenaires-terroristes-djihadistes du JNIM.

De fait, ce ne sont pas uniquement des puissances étrangères qui instrumentalisent Al‑Qaïda ou l’EI au Mali et au Sahel. Ce sont aussi :

  • les groupes eux‑mêmes, qui transforment leur idéologie en outil de contrôle territorial ;
  • les réseaux criminels transnationaux, qui trouvent dans ces zones une protection pour leurs trafics ;
  • les États fragiles, dont la faiblesse est exploitée pour imposer une gouvernance parallèle.

Les mercenaires-terroristes-djihadistes d’Al‑Qaïda et l’État islamique, territorialisés, sont devenus des « gestionnaires de zones grises », où idéologie et la criminalité s’entremêlent pour servir les intérêts d’Etats ou d’entreprises étrangères, en usurpant le pouvoir régalien de l’État, en contrôlant illégalement les voies logistiques, les routes, les biens, les ressources et les populations du Mali et du Sahel. Il n’est plus possible de ne pas faire la corrélation entre le blocage des approvisionnements et une forme moderne et discrète de la sous-traitance coloniale. Or, cette forme de recolonisation violente, avortée pour le moment, s’accompagne aussi d’une forme de nettoyage idéologique religieux. Le Mali profond multiconfessionnel ne tombera pas dans ce piège !

26- VULNERABILITÉ DU JNIM : AUGMENTER LE RENSEIGNEMENT, NEUTRALISER LES RÉSEAUX DE FINANCEMENT ET DE CONTREBANDE ET AMÉLIORER LA COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE VIA LES CONFRÉRIES SOUFISTES

Malgré des efforts certains et des réussites en matière d’accompagnement par les FAMa des convois de camions-citernes de carburant, personne n’est à l’abri d’offensives du JNIM. Les Forces Armées Maliennes ne peuvent être partout à la fois et pourraient gagner à relancer des coopérations transfrontalières, notamment avec la Guinée, pour contenir de manière significative les avancées du Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda. La coopération avec l’Algérie serait également une piste intéressante compte tenu de l’expérience algérienne réussie contre le terrorisme. En effet, il convient de mettre au crédit du Gouvernement algérien, le fait qu’il a, sur son territoire, défait l’État islamique et le djihadisme transnational[xxiv], tant au plan idéologique que sur le terrain opérationnel, forçant les mercenaires-terroristes-djihadistes à se replier et se réfugier dans les pays africains où la répression est moins forte pour le moment.

Mais pour l’heure, les relations demeurent encore teintées de méfiances réciproques. Néanmoins, compte tenu du rôle important de l’Algérie et du Niger dans l’installation d’un pipeline pétrolier et gazier (A vérifier) qui passerait par le territoire malien, il ne sera pas inutile que le Niger tente une médiation ciblée entre l’Algérie et le Mali. Cela suppose d’entrer en négociation sans préconditions préalables, mis à part le respect des souverainetés mutuelles et la ferme volonté d’éradiquer les mercenaires-terroristes-djihadistes du JNIM et apparentés. L’Islam du Mali promeut un soufisme pacifique, ce qui le distingue du salafisme et de la violence.

Là aussi, le rapprochement transfrontalier entre les pays pratiquant le soufisme modéré et pacifique pourrait constituer une piste pour rapprocher le Mali avec l’Algérie, la Mauritanie et même au-delà. En effet, le blocus frontalier de fait entre l’Algérie et le Mali ne sert en définitive les intérêts de personne dans la sous-région.

Au contraire, cela profite à certains pays arabes du Golfe et leurs soutiens occidentaux dont les Émirats Arabes Unis et même la Turquie dont les politiques paramétrables peuvent apparaître parfois proche de certains Djihadistes, comme au demeurant les États-Unis avec l’exemple déjà évoqué de la Syrie. Enfin, l’utilisation de la monnaie Franc CFA demeure un véritable handicap pour le Mali compte tenu des blocages lors de la convertibilité. Aussi, des alternatives peuvent exister avec les pays disposant de leurs monnaies nationales hors du contrôle du Trésor français comme l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie.

Néanmoins, il semble difficile de faire appel à une force d’intervention de la CEDEAO, encore moins de la France, des Etats-Unis, de l’Union européenne ou même des Émirats Arabes Unis qui apparaissent pour le moment comme faisant partie du problème et non de la solution. Il reste donc les soutiens venant de deux autres pays de l’A.E.S., le Niger et le Burkina-Faso, avec en filigrane les soutiens directs de la Fédération de Russie. La Chine qui commerce beaucoup avec le Mali demeure étonnamment silencieuse.

En 2025, le groupe du JNIM a intensifié ses attaques dans les régions de Kayes, Sikasso, Mopti et même près de la frontière sénégalaise. Avec la multiplication des fronts, on assiste à des offensives coordonnées sur plusieurs axes, forçant les FAMa aussi à se disperser. Du coup, on assite à des blocus économiques de fait dont témoignent les longues queues des motocyclistes notamment à Bamako.

Hors de la capitale le JNIM s’est démultiplié et impose des restrictions sur les routes commerciales, notamment à Kayes et Nioro du Sahel, bloquant les convois de carburant et paralysant les échanges commerciaux et économiques et même financiers. Facteur aggravant, le ciblage d’infrastructures et de capacités productives n’est pas exempté. En effet, les attaques visent désormais les secteurs miniers, industriels, logistiques et même les espaces agricoles afin d’affaiblir l’État malien et pousser à une révolte des populations contre le pouvoir malien.

Mais, l’avantage compétitif du JNIM repose sur les kits Starlink ce qui renforce indubitablement la force de frappe et l’agilité du JNIM. En effet, l’acquisition de kits Starlink, que ce soit par la contrebande ou par des moyens officieux provenant de soutiens étrangers, ce malgré leur interdiction initiale par le Gouvernement malien, a permis au JNIM de gagner en efficacité opérationnelle.

Il faut bien rappeler que les kits Starlink pourraient servir efficacement les Etats si cela n’atterrissait pas dans les mains des mercenaires-terroristes-djihadistes par des voies de contrebande ou de financement occulte pour préserver ou défendre des intérêts étrangers. La réalité est que ces kits Starlink :

  • permettent la connectivité dans les zones reculées notamment offrent un accès Internet dans des régions hors couverture, permettant au JNIM de coordonner leurs attaques même en terrain isolé ;
  • offrent une communication sécurisée pour les groupes djihadistes qui utilisent ces réseaux pour contourner les interceptions classiques et maintenir des liaisons entre cellules dormantes ou pas ;
  • circulent dans le cadre de trafics et de circuits logistiques où la corruption règne en maître. En effet, les kits sont acheminés via des filières clandestines, échappant aux contrôles étatiques et alimentant une économie parallèle.

Aussi, l’hypothèse de mettre fin aux exactions du JNIM ne doit pas demeurer une hypothèse d’école. Voici en effet quelques leviers d’action, à la fois militaires, technologiques et diplomatiques au nombre de cinq :

26.1 RENFORCER LES CAPACITES en matière de renseignement et des capacités d’actions satellitaires, notamment par le déploiement de drones et satellites pour surveiller les mouvements transfrontaliers.  Cela suppose une coopération accrue avec les pays voisins pour traquer les flux logistiques et les chefs opérationnels ;

26.2 NEUTRALISER LES RESEAUX DE CONTREBANDE et la corruption avec en filigrane un contrôle des sites miniers exploités souvent clandestinement par ceux qui ont intérêt à la déstabilisation. Cela passe par un contrôle strict des importations technologiques, notamment les kits Starlink, l’accès aux satellites et aux équipements de communication, non sans oublier les motos et véhicules qui servent aux déplacements des agents du JNIM et apparentés. Cela suppose qu’un système efficace de contrôle et de sanctions ciblées contre les fournisseurs et passeurs identifiés soit mis en place ;

26.3 IDENTIFIER ET INTERROMPRE LES CIRCUITS DE FINANCEMENT EXTERNES notamment ceux qui financent les instruments qui permettent les déplacements, le contrôle de l’espace aérien, et surtout les aéroports informels qui permettent l’exportation sans taxes, ni enregistrement des matières premières du pays ;

26.4 INTEGRER UNE GRANDE MAJORITE DE LA POPULATION dans une stratégie d’envergure de contre-insurrection intégrée, afin d’utiliser les populations comme effet de levier et moins d’en faire au mieux des acteurs indifférents, au pire des acteurs qui ne sont pas sollicités et dont la parole et les propositions ne comptent pas. Pour cela, il faudra nécessairement des appuis matériels et financiers si possible décentralisés, aux communautés locales pour réduire l’influence du JNIM. Des programmes de déradicalisation et de réintégration pour les combattants capturés sont aussi des leviers importants au même titre que des programmes de désarmement des combattants pris en étau par le chantage et les menaces des mercenaires-terroristes-djihadistes. Il faudra aussi lever les incompréhensions du côté des actions militaires menées parfois sans discernement préalable ; enfin

26.5 RENFORCER L’APPAREIL JURIDIQUE, INSTITUTIONNEL ET DIPLOMATIQUE par une coordination ad hoc entre des Etats transfrontaliers avec lesquels la confiance existe afin d’harmoniser les réponses militaires, judiciaires et financières, notamment la neutralisation des circuits d’exportation des matières premières spoliées aux populations maliennes, notamment l’or.  Pour cela, il faudra inclure des clauses robustes de réciprocité dans les accords bilatéraux afin de disposer d’un minimum de bases de données de partage de renseignements dotées d’un système utilisant l’intelligence artificielle.

Or, malgré tout ceci, la contrebande sévit aux frontières maliennes et dans le Sahel. Aussi, l’Etat malien se doit d’augmenter le renseignement, de neutraliser les réseaux de financement et de contrebande et d’améliorer la coopération transfrontalière, principalement via les confréries soufistes disposant d’un réseau de confiance élargi. Fin de la partie 3 […]

26 novembre 2025

Dr. Yves Ekoué AMAÏZO

Directeur Général, Afrocentricity Think Tank 

© Afrocentricity Think Tank

NOTES

[i] Le lecteur(rice)/l’internaute est invité(e) à suivre le débat portant sur « la pénurie de carburant au Mali et ses conséquences » organisé par Samantha Ramsamy, Journaliste auprès de Global Africa Telesud dans son émission « Mutipolaire » :  Global Africa Telesud (2025). « Pénurie de carburant : le Mali peut-il s'en sortir ? ». In Global Africa Telesud. Débat organisé par la Journaliste indépendante Samantha Ramsamy entre Seddik Abba, Président du Centre international d'études et de réflexions sur le Sahel (CIRES) et Dr. Yves Ekoué AMAÏZO, Directeur Afrocentricity Think Tank. Accédé le 30 octobre 2025. Voir https://www.youtube.com/watch?v=MfehLuuhrV4 et https://youtu.be/MfehLuuhrV4?si=b8s0BGye_-UuQAJM ; ainsi que le lien sous www.afrocentricity.info

[ii] Afrocentricity Think Tank ainsi que l’auteur remercient vivement Mme Brigitte Gaudet ainsi que François Fabregat qui ont pris sur leur précieux temps pour corriger les fautes et éditer le texte. Je les remercie sincèrement. Les erreurs qui auront échappé à mon attention relèvent de mon entière responsabilité.

[iii] Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC) (2025). Op. Cit.

[iv] Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC) (2025). Op. Cit.

[v] Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC) (2025). Op. Cit.

[vi] Normand, N.  (2022). Le grand livre de l’Afrique. Chaos ou émergence au sud du Sahara ? Éditions Eyrolles : Paris. (ex-ambassadeur de France au Mali en 2010, au Congo et au Sénégal).

[vii] David, E. (2002). Principes de droit des conflits armés. 3e éd. Editions Bruylant : Bruxelles, p. 111, cité in B. AURESCU, B. (2006). « Le conflit libanais de 2006. Une analyse juridique à la lumière de tendances contemporaines en matière de recours à la force ». In AFDI, pp. 141-144. Voir aussi les Résolutions du Conseil de Sécurité numéro 1368 du 12 septembre 2001 et numéro 1373 du 28 septembre 2001.

[viii] Selon le tribunal correctionnel de Paris, il est reproché à Nicolas Sarkozy d’avoir laissé ses proches collaborateurs (notamment ses ancien collaborateurs et ministres Claude Guéant et Brice Hortefeux) solliciter des financements occultes auprès du régime de Mouammar Kadhafi, en Libye, afin de soutenir sa campagne électorale. Les juges ont qualifié ces actes d’une « gravité exceptionnelle », car ils portaient atteinte à la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques. Nicolas Sarkozy a été incarcéré à la prison de la Santé à Paris le 21 octobre 2025 et est resté incarcéré 21 jours avant d’être remis en liberté. Il y avait été placé à l’isolement dans une cellule individuelle de 9 m², avec des conditions de détention strictes mais sans traitement de faveur. Il s’agit de la troisième condamnation pénale de Nicolas Sarkozy, mais la première avec incarcération effective ; Voir Lez, M. (2025) ci-dessous.

[ix] Lez, M. (2025). « Nicolas Sarkozy en prison : demande de remise en liberté, affaire Bygmalion… quel est le calendrier judiciaire pour l’ex-président ». In www.ladepeche.fr. La Dépèche. Accédé le 20 octobre 2025. Voir

https://www.ladepeche.fr/2025/10/21/nicolas-sarkozy-en-prison-demande-de-remise-en-liberte-affaire-bygmalion-quel-est-le-calendrier-judiciaire-pour-lex-president-13005626.php

[x] Ben Attar, O. (2013). « Le rôle de la France dans la crise malienne ». In Civitas Europa, 31(2), pp. 145-180. https://doi.org/10.3917/civit.031.0145. Accédé le 20 octobre 2025. Voir https://doi.org/10.3917/civit.031.0145 et https://droit.cairn.info/revue-civitas-europa-2013-2-page-145?lang=fr

[xi] Amaïzo, Y. E. (2025). « Nouvelle géographie du sol, du sous-sol et du hors-sol entre États africains volontaires ».  9 juin 2025. In Afrocentricity.info. Afrocentricity Think Tank. 25e Forum de Bamako (29–31 mai 2025), dans le cadre du Panel 1 sur la souveraineté monétaire et économique. Accédé le 20 octobre 2025. Voir https://afrocentricity.info/files/2025/06/25e-forum-de-bamako-panel-1-souverainete-amaizo-nouvelle-geographie-du-sol-29-05-25-diff-09-06-25.pdf

[xii] Ben Attar, O. (2013). Op. Cit.

[xiii] La Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) est un groupe politico-militaire fondé en octobre 2011 par des membres des communautés touarègues du nord du Mali. Le MNLA a été créé par des Touaregs revenus de Libye après la chute de Kadhafi, dont Mohamed Ag Najem, ex-officier de l’armée malienne. On retrouve pêle-mêle des déserteurs de l’armée malienne, des combattants Touaregs expérimentés, et des partisans de l’autonomie du nord du Mali, sans compter les instructeurs étrangers.

[xiv] L’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), créé le 13 mai 2015, par scission du groupe Al-Mourabitoune, a pour idéologie le salafisme djihadiste, avec allégeance à l’État islamique (Daech). Ce groupe a promu l’expansion du proto-califat dans la région sahélienne et l’instauration de la charia avec un objectif clair : La déstabilisation et la délégitimation des États sahéliens. Avec plus de 2 000 à 3 000 combattants, le mode opératoire repose sur la guérilla, les embuscades, les attentats, les enlèvements, le chantage, les crimes, les embargos, etc. ce groupe opérait dans un espace large comprenant le Mali, le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie, le Nigeria, le Bénin, etc.

[xv] Normand, N.  (2022). Op. Cit.

[xvi] Kum, P. (2025). « Terrorisme : Un nouveau chef du JNIM désigné pour le triangle frontalier Mauritanie-Sénégal-Mali ». In www.alwihda.info. 4 Juillet 2025. Accédé le 20 octobre 2025. Voir https://www.alwihdainfo.com/Terrorisme-Un-nouveau-chef-du-JNIM-designe-pour-le-triangle-frontalier-Mauritanie-Senegal-Mali_a142265.html

[xvii] Kum, P. (2025). Op. Cit.

[xviii] La MINUSMA est l’acronyme pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali. Elle a été créée par la résolution 2100 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée le 25 avril 2013, dans un contexte de crise sécuritaire et politique majeure au Mali. Cette mission a pris fin 10 ans après, le 30 juin 2023 suite à une demande des autorités maliennes qui a considéré que les 5 principaux objectifs n’ont pas été atteints ou l’ont été de manière insuffisante à savoir : 1/ appuyer le processus politique malien, notamment les accords de paix ; 2/ stabiliser les zones en conflit, en particulier dans le nord et le centre du pays ; 3/ protéger les civils contre les violences armées ; 4/ surveiller les droits humains et faciliter l’aide humanitaire ; 5/ soutenir la réconciliation nationale et la restauration de l’autorité de l’État.

[xix] Baranwal, R. (2025). “Pakistan sends ultimatum to Taliban amid shifts in Afghanistan policy, calls it ‘final message’”. In news24online.com. 21 November 2025. Accessed 22 November  2025. Retrieved from https://news24online.com/world/pakistan-sends-ultimatum-to-taliban-amid-shifts-in-afghanistan-policy-calls-it-final-message/672832/

[xx] Da Silva, C., Omar, A. C., Williams, A. and Alba, M. (2025). “From jailed jihadist to the Oval Office: Syria's president caps unlikely rise with Trump meeting”. In www.nbcnews.com. 10 November 2025. Accessed 15 November 2025. Retrieved from https://www.nbcnews.com/world/middle-east/syria-president-al-sharaa-meets-trump-white-house-jihadist-rcna241774

[xxi] Da Silva, C., Omar, A. C., Williams, A. and Alba, M. (2025). Op. Cit.

[xxii] Azawad. C’est le nom donné par les Touaregs au nord du Mali (régions de Gao, Kidal, Tombouctou). En 2012, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avait proclamé un État indépendant, jamais reconnu. Depuis, l’Azawad est resté une revendication politique et identitaire, sans existence officielle.

[xxiii] Baché, D. (2025). « Mali: le JNIM poursuit son offensive, le Premier ministre dénonce «une tentative de déstabilisation». In www.rfi.fr. Accédé le 22 octobre 2025. Voir https://www.rfi.fr/fr/afrique/20251022-mali-le-jnim-poursuit-son-offensive-le-premier-ministre-d%C3%A9nonce-une-tentative-de-d%C3%A9stabilisation

[xxiv] Benraad, M. (2023). L’État islamique est-il défait ? CNRS Éditions : Paris.

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