Après le cas de Mme Grâce Koumayi Bikonibiyate, voici un autre exemple de persécution sournoise du système Gnassingbé à l’égard d’un opposant politique. Avec l’aimable autorisation de la rédaction de Liberté, journal trihebdomadaire du Togo, nous reproduisons un article paru le 3 novembre 2025, traitant des tracasseries et menaces subies par M. Targone Sambiri N’Wakin, Coordinateur de la DMP.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
Targone Sambir N’Wakin, Coordinateur de la Dynamique pour la majorité du peuple, (DMP)
PERSECUTIONS, MENACES ET INTIMIDATIONS, VIOLATION DES DROITS…
TARGONE SAMBIRI A VU SON PASSEPORT BLOQUE DEPUIS 11 MOIS A LA DGDN
11 mois. C’est le temps qui s’est écoulé depuis que Targone Sambiri N’Wakin, Coordonnateur de la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP), président national du parti DSA (Les Démocrates Socialistes Africains) a déposé son dossier pour le renouvellement de son passeport à la Direction générale de la documentation nationale (DGDN). Un délai qui devait initialement prendre deux semaines s’est transformé en un véritable parcours de combattant.
« Lors du dépôt du dossier, les agents m’ont informé que je pourrai venir retirer mon passeport dans deux semaines », explique-t-il. Mais lors de sesmultiples visites au service des passeports,le même scénario se répète : son dossierest complet, mais serait mystérieusement« retenu par quelqu’un ». Les agents eux-mêmessemblent dépassés par la situation,promettant des rappels qui ne se font jamais.
« A ma grande surprise, deux semaines après, je n’ai reçu aucun appel. C’est alors que je me suis rendu au service des passeports. Les agents ont passé à la vérification et m’ont dit que le dossier est complet, mais est retenu par quelqu’un. Ils m’ont dit qu’ils vont aller voir le chef. J’étais assis là pendant des heures. L’agent qui était parti voir n’est plus revenu. Les autres agents necomprenant plus la situation, m’ont conseillé de laisser mon numéro de téléphone et de partir, dès que l’autre sera de retour, ils vont m’appeler. C’est ce que j’ai fait », confie Targone Sambiri N’Wakin.
« Après deux semaines, pas d’appel. J’ai décidé d’y retourner. Ce fut toujours le même langage : ton dossier ne comporte aucun problème, nous allons t’appeler la semaine prochaine ; soyez patient. Et voilà, aujourd’hui cela fait 11 mois que mes aller et retours n’ont donné aucune suite à mon dossier de passeport », déplore-t-il.
Pour l’ancien député, ce blocage administratif n’est que la dernière manifestation d’un acharnement contre sa personne depuis plus d’une décennie. « Depuis 2013, je demeure victime d’un acharnement inédit de la part du régimede Faure contre ma personne », affirme-t-il.
Dès son élection à l’Assemblée nationale en 2013, Targone Sambiri N’Wakin est persécuté par des tenants du régime. Il accuse nommément Dadja Maganawé, alors préfet de Dankpen, d’avoir déposé une « plainte imaginaire » contre lui, marquant ainsi le début d’un harcèlement systématique.
Une du n°4048 du 3 novembre 2025 du journal Liberte, trihebdomadaire du-Togo
Agrandissement : Illustration 2
Après la fin de son mandat parlementaire en 2018, il dit avoir été privé de son salaire pendant 13 mois, alors que ses anciens collègues députés percevaient leurs émoluments dès le premier mois suivant le dépôt de leurs dossiers. Une discrimination flagrante qu’il attribue à sa posture d’opposant.
L’épisode le plus troublant survient lors d’un voyage en Europe en 2019. En Belgique, son passeport est confisqué par la police. Les autorités belges lui expliquent que la France et l’Allemagne refusent de l’accueillir sur leur territoire, ayant reçu des informations des autorités togolaises le présentant comme « une personnedangereuse, voire un terroriste ». « Unconsul belge dans un pays africain, à quij’avais adressé une plainte, était étonnéd’apprendre que j’étais député dans monpays », rapporte-t-il. Ce diplomate lui aurait même confié que « vu le traitement faitdans son passeport, il comprend que savie soit en danger » et lui a conseillé « d’être prudent ».
Lors des élections municipales de 2025, un cadre du parti UNIR a laissé entendre que d’après les autorités locales, « il fallait me tuer pour avoir une tranquillitéau nord, car je suis un poison qui s’associeavec les nationalistes du Sud pourdéstabiliser le régime ».
L’on se souvient également des évènements de septembre 2024 au siège de la CDPA où l’opposant a été victime d’une agression physique lors de l’attaque contre le député sénégalais Guy Marius Sagna au siège de la CDPA. « Lesmiliciens du régime UNIR ont portéplusieurs coups sur ma tête avec descailloux », raconte-t-il, ajoutant qu’il souffre encore des séquelles de ces blessures.
Plus inquiétant encore, il révèle qu’il y a quelques mois, deux militaires en civil se sont présentés clandestinement à son épouse pour l’avertir que « cinqmilitaires ont reçu ordre et mission dansleur camp pour me suivre et me poignardersans laisser de traces ».
Pour Targone Sambiri N’wakin, le message du régime est clair : « On restedangereux et une cible à abattre aux yeuxdu régime UNIR, une fois que l’on refusede manger avec eux ou si l’on refuse departiciper au pillage des richesses dupeuple avec eux ».
Face à qu’il qualifie de « torture psychologique et physique », TargoneSambiri N’wakin lance un appel auxorganisations de défense des droits del’homme et à la communauté internationaleà œuvrer pour que son passeport lui soitrestitué et que cessent les menaces de mortà son endroit.
Joël D.
Liberte
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.