François FABREGAT (avatar)

François FABREGAT

Abonné·e de Mediapart

434 Billets

0 Édition

Billet de blog 19 octobre 2024

François FABREGAT (avatar)

François FABREGAT

Abonné·e de Mediapart

BRICS+ : Une alternative de puissance pour les pays à faible capacité d’influence [1]

Du 22 au 24 octobre 2024 la Russie accueille à Kazan le 16e sommet des BRICS+, actuellement composé de dix pays, cinq États ayant rejoint le groupe en 2024 au sommet de Johannesburg. Yves Ekoué AMAÏZO, DG d’Afrocentricity Think Tank, analyse les enjeux du sommet de Kazan et projette les perspectives d’alternative de puissance pour les pays à faible capacité d’influence, notamment en Afrique. [1-4]

François FABREGAT (avatar)

François FABREGAT

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
BRICS+

BRICS+ : UNE ALTERNATIVE TEMPORAIRE DE PUISSANCE

POUR LES PAYS À CAPACITÉ D’INFLUENCE FAIBLE

Dr. Yves Ekoué AMAÏZO[1]

SOMMAIRE

PREMIÈRE PARTIE

1- Introduction : BRICS+, une alternative de contre-pouvoir pour le sud global ?

2- Kazan en Russie : un sommet des BRICS+ sans le G7 et L’OTAN

3- Réalité et consolidation de l’influence des BRICS+

4- Fatigue de la domination du G7 et de L’OTAN : en finir avec la culture de l’unilatéralisme

PREMIÈRE PARTIE

1- INTRODUCTION : BRICS+, UNE ALTERNATIVE DE CONTRE-POUVOIR POUR LE SUD GLOBAL ?

Le sommet des pays membres ou désireux d’adhérer et/ou de participer à une Association inter-États créée en 2006 dénommée « BRICS+ » se tiendra du 22 au 24 octobre 2024 à Kazan, capitale du Tatarstan et troisième capitale officielle de la Russie[2]. Depuis le 1er janvier 2024, 10 pays constituent les Etats-membres du BRICS+ : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (Etats fondateurs) d’une part, et de nouveaux membres : Émirats arabes unis, Égypte, Éthiopie, Iran et Arabie saoudite.

Est-ce que sous la présidence tournante du Président russe Vladimir Putin, les BRICS+ ont progressé vers leur objectif principal d’œuvrer collectivement pour un monde alternatif et meilleur, ce dans un monde en conflit et en compétition permanente ?

La réponse devrait émerger lors du Sommet de Kazan et risque d’être celle du verre à moitié plein ou du verre à moitié vide. Mais, nul ne peut mettre en cause la volonté stratégique de renforcer un bloc ayant en commun la volonté de retrouver une forme de souveraineté que recherchée par certains pays émergents. De nombreux pays disposant d’une capacité d’influence faible ont perdu leur souveraineté dans le cadre de relations internationales caractérisées par une application à géométrie variable du droit international, en fonction justement de leurs « relations internationales[3] » avec un ou des Etats puissants, mais aussi de plus en plus avec une ou des entreprises multi-et trans-nationales qui s’imposent grâce à la « loi du plus fort ». En fait, il s’agit en filigrane de la loi de celui qui dispose de plus d’armes léthales et est en capacité de s’en servir offensivement ou pour assurer une dissuasion ou un alignement, voire une dépendance.

Aussi, la question mérite d’être posée : Est-ce que les dirigeants des Etats membres des BRICS+ peuvent œuvrer collectivement pour servir d’alternative de contre-poids de puissance pour les pays du sud global ? Est-ce que la progression de l’influence du BRICS+ élargi ou pas, peut défier la domination du G7 et de l’OTAN ? Un début de réponse à ces quelques interrogations permet d’ouvrir de nouvelles perspectives.

2- KAZAN EN RUSSIE : UN SOMMET DES BRICS+ SANS LE G7 ET L’OTAN

Suite au retrait de l’Argentine, dix (10) pays sont membres des BRICS+, à savoir le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud, la République islamique d'Iran, l'Égypte, l'Arabie saoudite, l'Éthiopie et les Émirats Arabes Unis. Le président russe Vladimir Poutine a annoncé en septembre que 34 pays avaient exprimé leur intérêt pour rejoindre les BRICS[4].

Des représentants de pays ayant comme priorité absolue la défense de leur souveraineté et le refus de l’ingérence dans leurs affaires intérieures par des pays à influence forte -principalement les pays du G7 et de l’Organisation du Traité de l’l’Atlantique Nord (OTAN)-, vont se retrouver pour structurer leur approche, soit près de 33 Etats dont au moins 24 représentés au niveau des chefs d’Etat[5]. La présence d’au moins six organisations internationales multilatérales est annoncée, y compris celle du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), M. António Guterres, surtout depuis qu’un pays « spécial » comme Israël, ne respectant pas les décisions du Conseil de Sécurité et menant une guerre en dehors du mandat de l’ONU, a déclaré, ce dernier comme « persona non grata[6] ».

Il convient de citer la présence annoncée des dirigeants de l'Union économique eurasienne[7] (Eurasian Economic Union (EAEU ou EEU)), de la Communauté d'États Indépendants[8] (CEI), de l'Organisation de Coopération de Shanghai[9] (OCS), de la Nouvelle Banque de Développement[10] (NBD) dite la Banque des BRICS.

L’approfondissement de la coopération au sein de l’OCS est devenu la priorité des priorités tant de la Chine que de la Russie, et sert de fondement pour l’approfondissement des relations entre les membres du BRICS+. Les notions comme « le respect et la confiance mutuels, la coopération de bon voisinage, l’amélioration de l’intégration économique régionale » sont des catalyseurs de la paix, de la stabilité et du développement dans un environnement international complexe et volatil. Aussi, la solidarité, la coordination, le renforcement de la synergie notamment matière d’infrastructures, de logistique et de circulation et transformation au sein d’un espace commun de confiance sont devenus primordiaux. De fait, la coopération intra-régionale BRICS+ pourrait couvrir les domaines tels que :

  • l'économie, la finance et la monnaie commune des échanges et du commerce ;
  • la sécurité, les infrastructures, la logistique et la connectivité, l'énergie et leur sécurisation contre les actions unilatérales du G7 et de l’OTAN ;
  • la préservation de l’environnement et de la biodiversité grâce à une accélération de la production industrielle prenant en compte les urgences écologiques ;
  • la réduction de la pauvreté grâce au développement de chaines de valeurs ajoutées, le transfert de technologie en lien avec l’intégration des chaines d’approvisionnement entre les Etats-membres ;
  • le renforcement des échanges culturels et des liens entre les peuples, notamment l’approfondissement des liens de souveraineté entre les pays émergents et les pays à influence faible ;
  • l’urgence dans un monde multipolaire de maintenir le respect du droit international avec des institutions multilatérales non-inféodées aux dirigeants du G7 ou de l’OTAN ; et enfin
  • la volonté commune de redoubler les moyens et les influences pour défendre collectivement l'équité et la justice internationales, garantes d’une paix soutenable et d’une prospérité commune partagée.

Il va de soi que des sujets inscrits dans le registre de « secret défense » pourraient être évoqués sans une grande publicité.

3- RÉALITÉ ET CONSOLIDATION DE L’INFLUENCE DES BRICS+

À la veille d’un possible élargissement du nombre des pays membres du BRICS+ et dans le cadre d’une confiance retrouvée entre des Etats aux intérêts souvent antagonistes et ne partageant pas nécessairement les mêmes visions du monde, le Sommet de Kazan, sous la présidence tournante de Vladimir Putin[11], Président de la Fédération de Russie, va traiter des deux principaux thèmes interdépendants suivants :

  • renforcement du multilatéralisme pour un développement et une sécurité équitables à l’échelle mondiale ;
  • construire ensemble l'avenir du monde entre les pays BRICS et les pays du Sud.

Rappelons qu’une des priorités de Vladimir Putin en janvier 2024, lors de sa prise de fonction en tant que président en exercice des BRICS+, était de tenir « compte de la volonté de nombreux autres pays, et il y en a environ trois douzaines, de rejoindre les BRICS sous une forme ou une autre, dans le cadre de leur programme multidimensionnel » et d’aider proactivement à « l’élaboration des modalités d’une nouvelle catégorie d’États partenaires des BRICS[12] ».

ll faut croire qu’au sein de l’agglomération d’Etats du Sud global, il y aura vraisemblablement plusieurs formes de modalités de coopération au sein des BRICS+, et plus particulièrement des formes d’alliances des BRICS+ à géométrie variable. Sauf que la ligne rouge ou conditionnalité, elle-même à géométrie variable, pourrait consister en l’appartenance ou l’adhésion « inconditionnelle » au G7 ou à l’OTAN, quoique l’adhésion de la Turquie ou de nombreux pays membres de l’alliance de l’OTAN, pourrait permettre de comprendre la « plasticité » du BRICS+.

Mais nul ne peut mettre en cause la consolidation lente mais certaine de l’influence des BRICS+ face à ce qu’il faut bien appeler « la fatigue » des pays à capacité d’influence faible face à la domination et l’unilatéralisme du G7 et de l’OTAN sur la scène internationale.

En 2024, les pays 10 pays du BRICS+ représentent environ 37,3 % du PIB mondial[13], base d’une influence économique croissante de ces nations. Ils représentent environ 40 % du commerce mondial. Même au niveau des investissements directs étrangers (IDE), les pays du G7 voient leur avance s’amenuiser passant de 62,44 % en 2020 d’IDE dans les pays BRICS, puis à 54 % d’IDE en 2022[14], et 40,69 % en 2023, soit une remontée rapide des IDE des BRICS+ vers l’Union européenne[15], passant de 8,63 % en 2020, puis à 32,79 % d’IDE en 2022, et 28,68 % en 2023, et cela risque de s’accélérer en 2024. Il est possible de comprendre la réaction presque de « panique » de l’Union européenne qui a décidé d’imposer des barrières tarifaires importantes et unilatérales de plus de 30 % sur l’importation des véhicules électriques chinois vers l’Union européenne, tout en posant comme injonction de « fabriquer » les véhicules en Union européenne.

Or, les installations ne se font pas nécessairement là où l’on pense en Union européenne, ce qui revient à ouvrir une compétition entre les entreprises européennes délocalisées dans la partie de l’Union européenne où le prix de la main d’œuvre et la législation fiscale sont plus cléments avec les entreprises chinoises qui se conformeront à cette injonction. A terme, c’est bien la compétitivité de la production de l’UE qui sera en jeu, ce d’autant que cette région du monde s’est donnée comme objectif paradoxalement sous le couvert de la transition écologique[16], d’augmenter les coûts énergétiques de ses industries du fait d’une incapacité à mettre fin à la guerre de l’OTAN en Ukraine, alors que l’essentiel de l’avantage compétitif, notamment des industries allemandes par exemple, provenait en partie des coûts de l’énergie bon marché importés de la Russie.

La lutte en matière d’IDE entre les Etats-Unis et la Chine ne doit pas être oubliée car la Chine est en passe de la gagner. La part des IDE des Etats-Unis vers la Chine était de 26,62 milliards de $EU en 2020 et a légèrement progressé passant à 27,93 milliards de $EU en 2023. A contrario, la part des IDE de la Chine vers les Etats-Unis est passé de 4,3 milliards de $EU en 2020 à 28,61 milliards de $EU en 2023[17]. Autrement dit, la Chine dépassait déjà les Etats-Unis en 2023 et la progression ascendante semble se poursuivre avec des avancées en matière de contenus technologiques à des prix abordables. Le protectionnisme n’est plus la solution. Il faut repenser les formes de partenariat autour de la solidarité y compris le partage du savoir et des technologies, ce que les dirigeants du monde occidental se sont bien gardés de faire au cours des siècles passés. Encore faut-il que la Chine et les puissances émergentes qui en acceptent le principe au sein du groupe des BRICS+, décident collectivement d’étendre cette « prérogative » au pays du Nord Global, G7 et OTAN.

En effet, les dépenses d'investissement de la Chine à l'étranger sont liées principalement à des « mégaprojets » dans des secteurs stratégiques avec des retombées directes pour toutes les parties, ce que ne font ni l’Union européenne, ni les Etats-Unis. Par exemple, et selon FDI Intelligence[18], en juin 2023, le fabricant chinois de véhicules électriques Human Horizons a signé un accord de 5,6 milliards de dollars américains ($EU) avec l'Arabie saoudite pour la construction d'une installation de recherche, de développement et de fabrication automobile, ce qui risque à terme de réduire l’exportation des véhicules et des pièces détachées de l’Union européenne vers ce pays. En Ethiopie, la société West China Cement a créé une coentreprise avec East African Holding pour investir 2,2 milliards de $EU dans la construction d'un méga-complexe industriel. Dans le domaine de la transition écologique, l'entreprise publique China Energy prévoit également de créer une usine d'hydrogène vert en Égypte pour un montant de 5,1 milliards de $EU… Ces mégaprojets s’accompagnent de transfert de savoir-faire et transfert de technologies, avec des effets induits importants en termes de sous-traitance et de création d’emplois directs et indirects.

La concurrence américaine pourrait trouver ses limites dans certains secteurs clés comme l’automobile, générer d’importantes délocalisations et déclassements et donc du chômage et surtout détruire les emplois au niveau des entreprises américaines. Là encore, la Chine pourrait avoir repris à son avantage la fameuse devise « America First » et supplanter les dirigeants et entreprises américaines sur leur propre terrain.

Délocaliser vers et fabriquer aux Etats-Unis ou en Union européenne comme une condition unilatérale de non taxation des véhicules électriques par exemple pourrait se révéler n’être qu’une erreur tactique des décideurs occidentaux. Ces derniers se retrouvent, pour la première fois, à devoir faire face à une crise profonde de la compétitivité des coûts des facteurs, ceux de l’énergie et de la technologies avancée utilisant l’intelligence artificielle par exemple. Seules des négociations intelligentes dénuées de sanctions unilatérales et de mesures de rétorsion réciproques pourraient sceller les bases d’une coopération stratégique « donnant-donnant » entre d’une part le G7/l’OTAN et d’autre part, la Chine/OCS/les BRICS+ élargis.

Les pays à capacité d’influence faible, notamment ceux d’Afrique, devraient revoir leur stratégie à l’aune de ces mutations en cours et mieux s’organiser collectivement pour défendre les intérêts des peuples et moins ceux des dirigeants et leurs affidés.

C’est depuis 2018 que les pays des BRICS (avec 5 pays) ont dépassé les pays du G7 en termes de part du produit intérieur brut (PIB) mondial mesurée en parité de pouvoir d'achat (PPA). En 2024, l'écart s'est encore amplifié avec les BRICS+ détenant désormais 35 % du PIB mondial contre 29 % pour les pays du G7[19] (voir le graphique ci-après).

Illustration 2
Richesse des pays du BRICS et du G7 entre 2000 et 2024 Afrocentricity Think Tank © Afrocentricity Think Tank

4- FATIGUE DE LA DOMINATION DU G7 ET DE L’OTAN : EN FINIR AVEC LA CULTURE DE L’UNILATÉRALISME

Si dans un monde où le champ de bataille s’apparente à des luttes de compétitivité avec en filigrane la loi de celui qui détient les armes et l’avance technologique, alors ce monde ne peut qu’engendrer des conséquences tragiques pour les pays à capacité d’influence faible. Les dirigeants des pays émergents l’ont compris. Ceux d’Afrique certainement aussi, sauf que le virus de la servitude volontaire et l’évitement du combat pour la souveraineté ne peut se faire par des processus de « réconciliation » tous azimuts, y compris aux dépens de la vérité, de la justice et surtout de l’acquisition et l’organisation de contre-pouvoirs. Les dirigeants africains collectivement croient, à tort, qu’il suffit soit de s’aligner sur le plus fort, ou de s’efforcer de mettre en compétition les uns et les autres pour tirer son épingle du jeu. Sauf qu’il s’agit là de l’erreur fatale qui conduit les plus forts à s’adjuger les meilleures parts des ressources mondiales de richesses, parfois sans combattre grâce au précieux concours des « traîtres autochtones » à qui ils n’accordent que des miettes.

Aussi, il n’est pas question de quitter un « alignement » pour se soumettre à un « autre », notamment en faisant de la transhumance entre le G7/OTAN et la Chine/OCS/BRICS+. Non, il s’agit de prendre conscience qu’il n’y a pas de liberté sans une compétition saine avec des règles prévisibles et respectées par tous, le tout dans le cadre d’un respect mutuel. C’est donc bien la « crise de la conscience africaine[20] » qui pose problème. Les dirigeants comme les citoyens, notamment ceux qui ont fait de « la religion, l’opium du Peuple[21] » un mode d’usurpation et de conservation du pouvoir, et refusent délibérément de préparer les Peuples à se structurer collectivement pour générer des avantages compétitifs liés principalement à l’injonction de l’économie du savoir, les technologies et l’intelligence –artificielle ou pas– dans la gestion de la vie quotidienne.

Cette prise de conscience doit s’amplifier grâce à des soutiens effectifs et non générateurs de surendettement autant auprès des deux grands pôles de puissance dans le monde, à savoir d’un côté, le G7 et l’OTAN et de l’autre, la Chine, l’OCS et les BRICS+. Il faut pourtant générer et partager de la richesse sans attendre la soi-disant « main tendue », expression favorite des certains dirigeants africains, qui croient encore que dans le monde multipolaire, la politique de la main tendue peut donner des résultats « gagnant-gagnant »

La myopie stratégique collective des dirigeants africains n’a de corollaire que leur mépris et leur refus d’impliquer les organisations de la société civile et les citoyens dans les analyses des enjeux de puissance et la mise en place de projets de société communs. Lesquels projets de société ne peuvent reposer sur la principale priorité de maintien au pouvoir par la force, la ruse, le truquage électoral de la vérité des urnes et des comptes publics. Justement, cette vérité des urnes n’est pas le « point fort » où excellent les pays membres du BRICS+.

Pourtant, ces derniers sont en train de se constituer en un centre de contre-pouvoirs, forçant les tenants de l’unilatéralisme à revoir leur copie obsolète et générant de la pauvreté extrême au sein même du Nord global. Croire que les problèmes se résoudront en institutionnalisant le « haro » sur les immigrés, dont le coût est au demeurant insignifiant en comparaison avec les ressources et bénéfices procurés pendant des décennies par l’usurpation cumulée des richesses africaines, est là encore une erreur de parallaxe. Il faut donc en débattre dans des conférences inclusives avec comme préalable le respect mutuel des partenaires et participants. Cette nouvelle culture demande un changement du logiciel qui « boucle » sur le mot « unilatéralisme ».

Or, le retournement de la dynamique de la puissance économique et militaire dans le monde signe la mort, sinon la neutralisation de la culture de l’unilatéralisme. En effet, mesuré en parité de pouvoir d’achat, les BRICS+ génèrent un produit intérieur brut (PIB) en 2024 estimé à 65.792 milliards de dollars internationaux contre 55.205 milliards de dollars internationaux pour l’Union européenne (Voir le graphique ci-après).

Illustration 3
BRICS et G7: part dans la richesse mondiale 2000 à 2024 Afrocentricity Think Tank © Afrocentricity Think Tank

En définitive, il s’agira, dans un futur proche, moins de la « fatigue » de la domination du G7 et de l’OTAN dans les échanges mondiaux que de la consolidation de l’influence des BRICS+. Le « retournement » du monde dépendra largement de la capacité des pays du BRICS+ élargi, notamment les « locomotives » comme la Chine, la Russie, l’Inde et même le Brésil, de transférer des contenus technologiques, du savoir et d’entrer en partenariat avec les pays à faible influence. Notamment en Afrique, pour soutenir l’industrialisation notamment les agro-industries et les transformations minières, la construction d’infrastructures, la production d’énergie « verte » à des coûts compétitifs, la valorisation de la logistique et la digitalisation des paiements électroniques, piliers essentiel servant de levier à la création de richesses partagées en Afrique. YEA

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE

19 octobre 2024.

Dr. Yves Ekoué AMAÏZO

Directeur général, Afrocentricity Think Tank

© Afrocentricity Think Tank

NOTES

[1] L’auteur tient à remercier sincèrement François Fabregat pour ses précieuses contributions et son travail éditorial. Ma responsabilité demeure engagée pour toutes erreurs ou oublis qui auraient pu échapper à mon attention.

[2] Gamandiy-Egorov, M. (2024). « BRICS-Afrique et les prochaines adhésions ». In reseauinternational.net. 5 octobre 2024. Accédé le 7 octobre 2024. Voir https://reseauinternational.net/brics-afrique-et-les-prochaines-adhesions/

[3] Badie, B. (2023). Pour une approche subjective des relations internationales. Editions Jacob : Paris.

[4] Pars Today (2024). « Russie : le sommet des BRICS regroupe 24 dirigeants du monde ». In www.parstoday.ir/fr. 14 octobre 2024. Accédé le 15 octobre 2024. Voir https://parstoday.ir/fr/news/world-i126298-russie_le_sommet_des_brics_regroupe_24_dirigeants_du_monde

[5] Pravda (2024). « Combien d'États ont confirmé leur participation au sommet des BRICS à Kazan ». In fr.news.pravda.com. 14 octobre 2024. Accédé le 15 octobre 2024. Voir https://fr.news-pravda.com/world/2024/10/14/264332.html

[6] REUTERS (2024). “Israel reinforces ban on UN chief entering country over Iran attack comments”. In 13. October 2024. Accessed 15 October 2024. Retrieved from https://www.reuters.com/world/middle-east/israeli-foreign-minister-reiterates-un-chief-guterres-is-persona-non-grata-over-2024-10-13/

[7] L'Union économique eurasienne (Eurasian Economic Union - EAEU ou EEU) est une union économique de cinq États post-soviétiques situés en Eurasie. L'UEEA dispose d'un marché unique intégré. En 2023, elle comptera 183 millions d'habitants et son produit intérieur brut s'élèvera à plus de 2 400 milliards de dollars.

[8] La Communauté des États indépendants (CEI) ou la Confédération des États indépendants, est une organisation intergouvernementale composée de neuf des quinze anciennes républiques soviétiques avec les pays suivants : Biélorussie (1991), État fondateur ; Russie, (1991), État fondateur ; L'Arménie (1991) ; Azerbaïdjan (1991) ; Kazakhstan (1991) ; Kirghizistan (1991) ; Ouzbékistan (1991) ; et Tadjikistan (1991). La Turkménistan est un Etat associé et la Mongolie, un Etat observateur. La Géorgie, ancien membre (1993-2009) suite à la guerre d’Ossétie du Sud et l’Ukraine (1991-2018), qui fut un État fondateur, se sont retirés.

[9] L'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) est une organisation intergouvernementale fondée en 2001 par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Elle succède au « Groupe de Shanghai » créé en 1996. Ses objectifs ont évolué, passant d’abord de la sécurité collective extérieure au renforcement de la coopération politique et militaire au sein de l’espace commun, puis à la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et le séparatisme. Puis, l’OCA a mis l’accent sur la promotion de la coopération économique, la facilitation des échanges commerciaux, et la promotion et financement de projets de développement économique mais aussi l’organisation en réseau d’une diplomatie d’influence parmi les Etats-membres. L’OCS met comme priorité d’influencer pour résoudre pacifiquement les contentieux entre les Etats-membres afin d’assurer une stabilité à la région centrasiatique. En 2024, l’OCS comptait dix (10) membres : Chine, Russie, Inde, Iran, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Pakistan, Tadjikistan, et le nouveau membre depuis 2024, la Biélorussie (ou Bélarus). Il y est question d’œuvrer à la création d’un nouvel ordre politique et économique international, plus juste et démocratique. Voir aussi la déclaration des ministres de l’OCS en date du 14 septembre 2024 : OCS (2024). “Statement by Ministers of the Member States of the Shanghai Cooperation Organisation Responsible for Foreign Trade and Foreign Economic Activity, Issues of Equitable Trade and Sustainable Development”. In eng.sectsco.org. 14 October 2024. Accessed 15 October 2024. Retrieved from https://eng.sectsco.org/20240914/1541832.html

[10] New Development Bank (2024). “The 9th NDB Annual Meeting” in Cape Town, South Africa. August 29-31, 2024. Accessed 12 October 2024. Retrieved from https://www.ndb.int/

[11] Ouchakov, I. (2024). « Les BRICS représentent effectivement les intérêts de la majorité mondiale ». In ffance.mid.ru/fr. 6 mars 2024. Accédé le 12 octobre 2024. Voir https://france.mid.ru/fr/presse/iouri_ouchakov_intervyu/

[12] Zoubarev, D. (2024). « Poutine a défini les priorités de la présidence russe des BRICS ». In histoireetsociete.com. 02 janvier 2024. Accédé le 12 octobre 2024. Voir https://histoireetsociete.com/2024/01/02/poutine-a-defini-les-priorites-de-la-presidence-russe-des-brics-par-dmitri-zubarev/

[13] European Parliament (2024). « Expansion of BRICS: A quest for greater global influence?”. In www.europarl.europa.eu. March 2024. Accessed 12  October 2024. Retrieved from https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/BRIE/2024/760368/EPRS_BRI%282024%29760368_EN.pdf

[14] Irwin-Hunt, A. (2023). “Brics expansion dilutes G7 investment influence”. FDI Intelligence. In www.fdintelligence.com. 6 September 2023. Accessed 12 October 2024. Retrieved from https://www.fdiintelligence.com/content/data-trends/BRICS-expansion-decreases-g7-investment-influence-82922

[15] Les statistiques des BRICS+ incluent l’Argentine comme membre et avant que celle-ci ne renoncent à sa participation au Groupe des BRICS+.

[16] C’est sous la direction d’un ministre issu d’un parti écologique en Allemagne que des centrales à charbon ont été remis en fonction…

[17] Irwin-Hunt, A. (2023). Op. Cit.

[18] Irwin-Hunt, A. (2023). Op. Cit.

[19] Statista Research Department of Statista.com (2024). “BRICS and G7 countries' share of the world's total gross domestic product (GDP) in purchasing power parity (PPP) from 2000 to 2024”. In www.statista.com. 15 July 2024. Accessed 10 October 2024, Retrieved from https://www.statista.com/statistics/1412425/gdp-ppp-share-world-gdp-g7-brics/

[20] Agbobli, A. K. (2002). Le monde et le destin des africains : Les enjeux mondiaux de puissance. Editions L’harmattan : Paris.

[21] Laurendeau, P. (2022). C’est l’opium du peuple : Philosophie du fait religieux. Editions Independent Published.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.