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VERITE DES CHIFFRES SUR L’ETAT HORS LA LOI DE MACKY/APR/BBY
L’état des lieux qualifié à juste titre de catastrophique par le premier ministre fait ressortir des mobilisations hors budget de 2500 milliards de francs CFA à l’insu du trésor public, des dissimulations du déficit budgétaire annoncé au cours du second et dernier mandat de Macky Sall 2019-2024 de 5,5 % en réalité de 10,4 %, une dette rapportée au PIB déclarée à 69 % au lieu de plus de 83 %, des dettes cachées de 1892 milliards de francs CFA plus un endettement de 600 milliards de francs CFA devant être dépensés pour 2024 mais dont 300 milliards déjà dépensés en 2023 sans traçabilité. N’oublions pas non plus la dilapidation des 1000 milliards de francs CFA du COVID, les 6000 milliards du contrat pétro-team, les 29 milliards du Prodac, etc. La liste est longue des épinglés d’une bourgeoisie néocoloniale politico-bureaucratique d’État devenue experte en privatisation des deniers publics.
Un pan de voile est ainsi levé sur « le coude présidentiel » mis sur les malversations qui ont jalonné la mal-gouvernance des libéraux néocoloniaux de l’APR/BBY. Prolongeant les révélations des corps de contrôle de l’État (OFNAC, IGE, Cour des compte, etc), le premier ministre a montré clairement que le régime de Macky/APR/BBY a menti au peuple en attendant que les audits sectoriels viennent compléter ce sombre tableau des malversations héritées de l’autocratie libérale néocoloniale. Le népotisme, la gabegie, la concussion, la corruption sont structurellement inhérentes à l’État néocolonial et le chemin le plus direct et le plus court pour devenir milliardaire est d’occuper une fonction ministérielle ou dans un des démembrements de l’État ou encore dans le secteur public et parapublic. La petite bourgeoisie intellectuelle néocoloniale et de surcroît libérale détourne systématiquement l’argent du contribuable Sénégalais pour s’en mettre plein les poches pour des fastes de prestige, des placements dans les banques des pays impérialistes et investir dans des secteurs non productifs délaissés par les impérialistes. L’accaparement illicite du foncier urbain et rural est une prédilection de cette bourgeoisie d’État parasitaire.
La bourgeoisie privée autochtone ne s’affaire que dans des secteurs économiques délaissés par les Monopoles économiques des oppresseurs coloniaux et néocoloniaux impérialistes ou comme sous-traitants des mêmes donneurs d’ordre. Confinée dans le secteur marchand, cette bourgeoisie privée est en réalité une bourgeoisie de « l’import-import » d’un pays maintenu dans le sous-développement qui ne produit quasiment rien mais achète et revend tout ce que produisent les pays industrialisés. Le non développement fait du pays un vaste Sandaga où l’on vend tout ce que produisent les autres.
Cette économie anatomiquement de sous-traitance coloniale engendre une croissance économique comptable extravertie qui enrichit d’abord les actionnaires des entreprises impérialistes, ensuite la bourgeoisie bureaucratique d’État et la bourgeoisie de « l’import-import » au détriment des classes laborieuses, des travailleurs manuels et/ou intellectuels, de la bourgeoisie nationale productive, donc du peuple. C’est en cela que le colonialisme et le néocolonialisme sont structurellement un frein au développement des forces productives, c’est-à-dire un obstacle au développement endogène de l’industrie lourde, celle de la production des moyens de productions, de l’innovation scientifique et technologique, la maîtrise nationale et panafricaine productive de la science fondamentale et appliquée, la planification prospective de la sortie du sous-développement.
L’économie néocoloniale est possédée pour l’essentiel par les Monopoles capitalistes des pays impérialistes qui s’accaparent des industries extractives, de l’agro-business, de l’eau, de l’électricité, des télécoms, des ports, de la recherche fondamentale et appliquée, etc. Ce monopole dominateur étranger sur l’économie du pays pressuré, hier réduit à la mainmise unilatérale du pays colonisateur, prend, sous le néocolonialisme et la « mondialisation » libérale, la forme d’une intégration à l’économie mondiale sous la houlette des institutions de Brettons Woods (FMI et BM) surtout depuis la dollarisation des échanges commerciaux et financiers à partir de 1971 et sous la réglementation partisane de l’OMC aujourd’hui et de son ancêtre le GATT auparavant.
Le colonialisme se caractérise par l’annexion politique et économique qui fait du pays colonisateur l’unique intermédiaire parasitaire du pays colonisé pour l’accès à l’économie capitaliste mondialisée. C’est le cas de la Kanaky, Guadeloupe, Martinique, Guyane, etc.
Le néocolonialisme a tendance à prolonger cette intégration forcée de la fraction servile de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie autochtone à l’économie de la puissance dominante. Tendance qui met en contradiction avec le peuple la bourgeoisie politico-affairiste d’État alliée à des secteurs de la bourgeoisie privée de « l’import-import » et aux féodaux terriens et marchands par mutation. Les sous-traitants locaux et les « marabouts de l’arachide » intermédiaires entre le paysan producteur d’arachide et les huileries/savonneries françaises cèdent la place aux marchands de « l’import-import » sous-traitants des marchés commerciaux que sont devenus Dubaï, Doha ou des ateliers industriels d’Asie pacifique.
Et contre les velléités d’industrialisation souveraine, les Etats impérialistes n’hésitent pas à mettre en branle leurs armadas militaires pour ramener le pays visé à « l’âge de pierre » comme on l’a vu en Irak, en Libye et en Yougoslavie. Et comme on le voit dans l’actuelle guerre de l’OTAN par djihado-terroristes interposés contre l’AES (Mali, Burkina, Niger).
L’état des lieux désastreux dont a hérité notre pouvoir souverainiste montre les moyens « techniques » par lesquels de 1960 à nos jours, de L.S. Senghor, A. Diouf, A. Wade, Macky Sall, aplatis devant les diktats du there is no alternativ au libéralisme du FMI/BM, le système néocolonial prédateur contrôle nos gouvernants qui volent nos deniers publics et endettent même nos générations futures. Le diagnostic met en exergue le comment s’enrichissent les bourgeois nationaux juchés dans l’appareil d’État.
Il s’agit maintenant par la transition de réparer les dégâts par la reddition des comptes en faisant par la loi et la justice rendre gorge aux pilleurs de la République. C’est le pas nécessaire pour aller de l’avant et préparer les conditions de s’attaquer aux causes dans la perspective de la rupture d’avec le système de l’oppression impérialiste. C’est le chemin à prendre pour la sortie du sous-développement imposé.
Il s’agit aussi de remettre notre parti Pastef au centre de la vie politique du pays comme le laboratoire de la pensée, de l’organisation et de l’action souverainiste mobilisatrice du peuple, seul véritable garant de la réalisation du projet d’indépendance nationale et panafricaine.
Gagner les législatives en obtenant la majorité suffisante puis réaliser le 1er congrès et de fusion des 14 avant de gagner les locales sont les étapes nécessaires pour gagner l’engagement commun de rupture et de transformation systémique et stopper le désespoir qui fait qu’une partie de notre jeunesse meurt dans l’émigration piroguière et désertique.
Diagne Fodé Roland
1er Octobre 2024
RÉACTION DE L’ÉCONOMISTE SÉNÉGALAIS DEMBA MOUSSA DEMBÉLÉ AU RAPPORT SUR LES COMPTES PUBLICS
Le jeudi 26 septembre, le Premier ministre Ousmane Sonko a présenté à la presse l’état des lieux des finances publiques du pays. Incontestablement, cet exercice est à saluer. Dire la vérité sur la situation économique réelle du pays est un acte salutaire et en même temps un engagement à toujours dire la vérité sur la réalité du pays et à gouverner dans la transparence. Mais on retiendra surtout les très graves accusations portées contre le régime sortant qui a maquillé les chiffres, menti au peuple et à ses « partenaires » sur l’état des finances publiques, notamment sur la dette publique et le déficit budgétaire. Alors, la question qui devrait être sur toutes les lèvres est celle-ci : pourquoi Macky Sall et ses ministres ont-ils fait cela ?
L’OBSESSION AVEC LE « CLIMAT DES AFFAIRES »
Plusieurs commentateurs et la plupart des médias, y compris « Le Soleil » du samedi 28 septembre, ont mis l’accent sur, les « risques » encourus par le Sénégal auprès des marchés financiers et des investisseurs. Certains redoutent l’impact sur la « crédibilité » de la signature du Sénégal, etc. Apparemment, le Premier ministre Ousmane Sonko, semblait plus préoccupé par la teneur des informations qu’il voulait partager avec le peuple sénégalais que par les réactions des marchés. C’est l’obsession à chercher à « rassurer » les investisseurs étrangers et les marchés qui a sans doute perdu le régime de Macky Sall et l’a poussé dans une spirale de mensonges et de falsifications des chiffres. Beaucoup se souviennent de la préoccupation obsessionnelle du régime sortant à présenter un tableau reluisant du pays afin d’obtenir un bon « classement » dans la publication de la Banque mondiale appelée « Doing Business » (DB). Ce machin, qui était une vraie escroquerie, servait d’instrument de manipulations des chiffres et de distillation de mensonges dans le but de forcer les pays à libéraliser davantage leurs économies. Il fut finalement jeté à la poubelle le 16 septembre 2021, suite à un énième scandale ! A l’époque où le DB hantait le sommeil des dirigeants africains, la presse sénégalaise avait fait état « d’une nuit blanche » de Macky Sall après un « mauvais classement » du Sénégal ! Alors pour éviter d’autres « nuits blanches » au Président, des consignes fermes avaient sans doute été données pour améliorer « le climat des affaires » afin d’obtenir une meilleure note dans les prochaines éditions du DB. Dès lors, il n’est pas impossible que les services du ministère des Finances se soient adonnés à une manipulation des chiffres pour atteindre cet objectif. L’amélioration du « climat des affaires » fait partie du credo néolibéral selon lequel l’ouverture d’un pays aux investisseurs étrangers est indispensable pour stimuler la croissance. C’est surtout une croissance tirée par les exportations de produits de base, renforçant ainsi le caractère extraverti des économies africaines, comme celle du Sénégal. Et les mesures destinées à amélioration le « climat des affaires » ont coûté très cher au pays. Mais le régime de Macky Sall voulait aller plus loin encore dans son allégeance au credo néolibéral. Du 6 au 8 juillet 2023, le Sénégal avait organisé à Dakar la première édition du forum international « Invest in Senegal ». Lors de la séance de clôture, le Premier ministre Amadou Bâ disait que « le Sénégal est et restera un pays Open to Business » ! Le père Léo a dû se retourner dans sa tombe !
ÉVITER L’IMPASSE NÉOLIBERALE
Le nouveau régime ne doit pas emprunter cette voie. Il doit éviter d’être obsédé par les réactions des marchés financiers et des investisseurs privés. Sinon, il risque de perdre sa souveraineté dans la définition et la mise en œuvre de ses politiques économiques. Avec le recours aux investissements privés étrangers, le Sénégal et les autres pays de la région perdent doublement. Ils octroient des incitations et exonérations fiscales pour attirer les investisseurs qui ensuite organisent des fraudes et évasions fiscales qui privent davantage les pays de ressources financières. On estime qu’en Afrique de l’Ouest, les avantages fiscaux offerts aux multinationales coûtent aux pays plus de 10 milliards de dollars par an, Pour combler ces pertes, ils se tournent vers les marchés financiers et accumulent une dette commerciale qui prend des proportions de plus en plus inquiétantes. L’obsession avec le « climat des affaires », favorise également les flux financiers illicites, provenant surtout du secteur extractif. En effet, la libéralisation du commerce est une source d’évasions fiscales massives. Selon le rapport 2020 de la CNUCED sur l’Afrique, les flux illicites liés à la libéralisation du commerce ont contribué à hauteur de 58,7% aux flux financiers illicites estimés annuellement à 88,6 milliards. Les pays d’Afrique de l’Ouest sont parmi les principales victimes de ce fléau, dont le Sénégal, avec une fuite des capitaux évaluée à un peu plus de 5% de son produit intérieur brut (PIB). Poursuivre de telles politiques mettrait le pays dans un cercle vicieux qui le rendrait encore plus dépendant de l’extérieur, aliénant ainsi sa souveraineté dans l’élaboration de ses politiques économiques.
CHANGER DE PARADIGME
Il faut donc éviter ce cercle, en révisant la politique à l’égard des investisseurs étrangers et le recours aux marchés financiers, sans toutefois totalement renoncer à ces sources de financement. En fait, ce qu’il faut c’est un changement de paradigme en matière de financement de l’économie, en privilégiant la mobilisation des ressources internes et d’autres pistes. Cela est possible si l’État se donne les moyens de taxer les profits des entreprises étrangères, notamment dans le secteur extractif. Les redressements fiscaux entamés par le régime ont montré tout le potentiel qui existe sur le plan intérieur. La Commission économique pour l’Afrique (CEA) affirme qu’en améliorant leurs capacités de recouvrement des impôts, les pays africains pourraient augmenter leurs recettes fiscales de 3 à 5% du PIB, En dehors de la mobilisation des ressources internes par la politique fiscale, il existe une autre source intéressante de financement pour le Sénégal, avec les envois des migrants, qui sont estimés à 10-12% du PIB. Ces envois pourraient être transformés en un important levier pour l’investissement productif. Par exemple, l’État pourrait étudier la possibilité d’émettre des bons du Trésor destinés à la diaspora, libellés en devises mais remboursables en monnaie nationale Enfin, la coopération Sud-Sud constitue une importante source de financement pour le Sénégal. C’est une coopération basée sur des relations horizontales et qui est en train de prendre le dessus sur la coopération Nord-Sud, vu le poids économique et financier de plus en plus important du Sud Global, avec les BRICS + dont le produit intérieur brut (PIB) a dépassé celui du G 7, composé des États-Unis et de leurs principaux alliés. (Octobre 24)
Demba Moussa DEMBÉLÉ
Économiste
Octobre 2024