La préfète du Pas-de-Calais, courroie appliquée et docile du Ministère de l’Intérieur, déclarait sans rougir lors d’une réunion à Calais, le 2 mars dernier : « Lors de l’opération de déplacement, l’église évangéliste qui se trouvait dans le périmètre n’a pas été démolie unilatéralement mais au contraire en concertation avec la personne tenant l’église, qui a démonté elle-même son édifice. » Par « déplacement » entendez l’expulsion d’un petit millier d’habitants d’une bande de 100 m de large, le long de la rocade portuaire et de la route de Gravelines. Les habitants avaient dû en effet déplacer précipitamment leurs tentes et cabanes pour créer ce no man’s land. La préfète avait promis de ne pas démolir l’église. La réalité est la suivante : quelques jours après cette promesse, un tracto-pelle démolissait l’église, en présence du pasteur en pleurs. Le conducteur d’engins, plutôt piteux d’exécuter cette opération, peremttait au pasteur de récupérer une des croix en bois surmontant l’édifice. Photos et témoignages de personnes présentes peuvent en attester.
Il en est ainsi au quotidien. Dans la communication du gouvernement et de ses représentants locaux, avec les médias ou les associations sous contrat avec l’état, le mensonge est permanent.
Mensonge sur le nombre de réfugiés concernés par l’expulsion de la zone Sud : comment expliquer autrement la différence entre le chiffre de la préfecture – 800 à 1 000 – et celui des associations – 3 450 à la même date du 15 février-, alors que les chiffres sur les mineurs isolés sont proches – 326 pour l’état, un peu plus de 400 pour les associations-.
Mensonge sur les violences policières, avérées, attestées, et toujours niées.
Mensonge sur la « manipulation des réfugiés et des humanitaires par les No Border », alors que la police sait très bien qu’ils ne sont qu’une poignée, et qu’ils ont peu d’influence sur les réfugiés et pas du tout sur les bénévoles.
Mensonge sur les conditions de l’expulsion actuelle, le sous-préfet expliquant par exemple qu’on ne détruit que des cabanes vides, ou que l’on donne 24 heures aux occupants pour en partir, alors que les policiers annoncent « Cinq secondes pour quitter les lieux !», juste après le passage des équipes chargées de convaincre les réfugiés de partir en CAO ou dans les conteneurs du CAP.
Mensonge sur l’étanchéité de la frontière : « Plus personne ne passe ! » alors que les passages sont nombreux actuellement, bien que difficiles et coûteux, et que le gouvernement le sait.
Il faut dire que l’exemple, s’il était nécessaire, vient de haut. Ainsi, pour Donald Tusk, président du Conseil européen, à propos du projet d’accord entre l’U.E. et la Turquie : "La vague d'émigration clandestine vers l'Europe est terminée ». A supposer même que cet accord soit signé et appliqué, et même efficacement, ce qui est peu probable, il est clair que Tusk aura tort. Et ceux qui l’auront pris au pied de la lettre rejoindront le contingent des déçus de l’Europe et de ses cadres.