FRANCOIS G

Humanitaire et sur la pente de l'anarchisme

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Billet de blog 17 décembre 2015

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Les réfugiés en Allemagne: l’accueil institutionnalisé, la solidarité en plus

Face à l’afflux des réfugiés, l’Allemagne a décidé l’ouverture. L’accueil a été pris en main par les institutions fédérales. Cette institutionnalisation, qui laisse un peu de place aux initiatives citoyennes, crée une quasi-invisibilité des réfugiés. Mais l’Allemagne vient de rétablir des contrôles aux frontières et va instaurer une politique d’accueil bien plus sélective et restrictive.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La frontière entre l’Allemagne et l’Autriche, à Flessheim, à quelques kilomètres de Salzburg, côté autrichien. La longue file de camions et de voitures passe au ralenti devant le poste de contrôle allemand, sur le pont qui surplombe la Sallzach. En contrebas de la route, près de l’ancien poste-frontière, fermé depuis des années, plusieurs tentes sont gardées par des militaires autrichiens. Quelques hommes patientent au seuil d’une de ces tentes : ce sont des migrants refusés par l’Allemagne. Du côté allemand, sur l’autre rive, d’autres tentes, d’autres groupes : là attendent ceux qui ont été acceptés, seulement les titulaires de papiers irakiens, syriens ou afghans. Un autobus de la police fait la navette avec la gare toute proche de Freilassing. Là, à la descente du bus, sous la surveillance des policiers, les familles et les hommes passent sous une tente. Des volontaires de Caritas leur donnent quelques victuailles, avant qu’ils ne montent dans un train rouge, constitué d’une locomotive diesel et de wagons défraichis. Le convoi partira dans la soirée, pour Mannheim nous dit une bénévole de Caritas, pour Berlin croient les souriants passagers du train. Dans le passage souterrain de la gare de Freilassing, un groupe de migrants passe à grandes enjambées, et monte, semble-t-il, dans le premier train à leur portée. Ceux-là viennent d’ailleurs, peut-être ont-ils passé la frontière sur un petit chemin non surveillé. Ce train part pour Berchtesgaden, un cul-de-sac au pied des Alpes bavaroises. En tout cas, ils seront encore en Allemagne ce soir. A Salzbourg, sur le parvis de la gare, des groupes de réfugiés se mêlent aux sans-abris. Ils sont bloqués en Autriche. Trois Pakistanais nous demandent si nous allons en Italie. C’est là qu’ils veulent tenter leur chance, puisque l’Allemagne leur ferme la porte au nez. En attendant, ils passent leurs nuits dans la gare, depuis trois semaines.

Où sont les réfugiés ?

La gare d’Aachen, près de la Belgique, aux portes de l’Allemagne, 18 heures. Le bâtiment municipal, à deux pas en sortant du hall de la station, et son service chargé d’accueillir les réfugiés, sont maintenant fermés. Une famille syrienne, l’homme blessé au pied, son épouse, craintive, deux jeunes adolescentes et trois petits enfants, s’est posée là, avec valises et baluchons. Qui va les aider ? Deux employés du chemin de fer, que la question semble déranger, sont unanimes : c’est la police qu’il faut informer, de l’autre côté de la place. La famille n’est pas rassurée : dans la plupart des pays du monde, on ne peut pas attendre de la police autre chose que des coups, une arrestation et l’enfermement. Ici, en Allemagne, la famille sera effectivement mise à l’abri pour la nuit, dans un des hébergements temporaires ouverts par la ville.

La ville est paisible, très provinciale, et son activité bénéficie de sa position géographique : la Belgique et la Hollande sont à quelques kilomètres. L’Université Technologique a bonne réputation, et le taux de chômage est faible. Il y aurait 4 000 réfugiés à Aachen. Mais les services municipaux chargés de leur accueil sont muets sur la localisation des centres d’hébergement. Le service culturel se contente d’indiquer qu’il gère des professeurs bénévoles, qui aident les jeunes réfugiés scolarisés à apprendre la langue allemande. Même Caritas, acteur très présent dans l’accueil, renvoie à son service communication, lui-même non joignable. Annette, bénévole rencontrée à la Rote Kreuze (Croix-Rouge) est plus diserte. La ville a ouvert des hébergements d’urgence, une caserne, et des appartements pour les familles. Les mineurs sont accueillis dans des familles allemandes. La municipalité, gérée par une alliance S.P.D. et Grünen, a une attitude positive vis-à-vis de ces nouveaux arrivants, même si une partie de la population a peur. De quoi, s’étonne Annette ? La ville collabore avec les organisations, la Croix-Rouge, Caritas et l’Ordre de Malte, et a ouvert un Freiwilligcentrum, qui promeut le bénévolat et recrute des volontaires pour l’aide aux réfugiés.

Non aux réfugiés des Balkans

Plus à l’Est, Cologne est une vraie métropole, avec son million d’habitants. Ici, comme à Aachen, la ville présente sur papier et sur son site web une structure d’accueil très organisée. Les services fédéraux sont chargés de traiter les demandes d’asile (B.A.M.F.) mais aussi le rapatriement et l’aide au retour (R.E.A.G., G.A.R.P.). Les services municipaux concernés par les réfugiés sont regroupés dans le Kölner Fluchtingsrat. Le premier accueil est assuré par la Croix-Rouge, notamment à l’aéroport de Bonn-Köln, ou les arrivants reçoivent un repas et des vêtements dans des tentes chauffées, avant d’être dirigés vers les centres d’hébergement. Où sont ces centres ? Le site Internet de la ville se contente d’indiquer que des salles de sport et des écoles ont été ouvertes pour l’hiver. Des constructions légères sont en cours, afin de rendre à terme ces gymnases à la population. La Maire Henriette Recker s’est faite connaitre, juste avant d’être élue, en octobre dernier, par l’agression qu’elle a subie d’un déséquilibré anti-migrant. Elle est à la tête d’une coalition bancale, qui réunit C.D.U., Libéraux et Verts, ces derniers s’étant fâchés avec le  S.P.D. avec lequel ils dirigeaient la ville lors du mandat précédent. Responsable durant cinq ans des services municipaux chargés des réfugiés, Henriette Recker, comme Angela Merkel, s’est déclarée favorable à leur accueil, avant d’adopter une position plus prudente depuis quelques semaines. Ni Caritas, ni la Freiwillingen Agentur (Agence pour le bénévolat), ne disposent, nous disent-ils, d’une liste des centres d’hébergement.

A Ehrenfeld, une des communes les plus densément peuplées de la cité de Cologne, la ville a confié à l’Appell une des maisons de quartier, qui propose aux réfugiés des cours d’allemand, un foyer et un accueil de jour pour les enfants et les adolescents, avec ordinateurs, baby-foot et petit goûter. L’Appel est une organisation antiraciste, qui s’est investie depuis quelques années dans l’aide aux réfugiés. Bjorn, un de ses animateurs, dresse un tableau un peu sombre de l’accueil, en contraste avec les déclarations positives de la municipalité. Il n’y a pas de logements disponibles sur Cologne pour assurer un hébergement pour les 11 000 réfugiés actuels, qui n’étaient que 5 500 en mars dernier. Henriette Recker se cantonne dans un silence prudent, accompagnant le glissement politique récent du gouvernement fédéral, passé d’un accueil franc à une réserve prudente. Cela fait craindre la fermeture de la frontière avec l’Autriche, lieu de passage pour les réfugiés qui ont réussi à passer les obstacles serbes, slovènes, croates ou hongrois. Le taux d’acceptation des demandes de protection, qui reste proche de 100 % pour les Syriens, Irakiens ou les migrants originaires de la Corne de l’Afrique, est en baisse pour les Afghans et est tombé à 0 pour les personnes originaires de l’Ex-Yougoslavie ou de l’Albanie. Le Ministre de l’Intérieur, Thomas De Maizière, a récemment reproché au gouvernement afghan de ne pas savoir retenir les jeunes et les représentants de la classe moyenne. Leur départ, a-t-il déclaré, nuit à la reconstruction de l’Afghanistan.

Des invités, pas des réfugiés

Aux limites du Vorgebirgpark, un grand espace arboré, situé non loin du Cologne ancien, le gymnase d’un collège a été réquisitionné pour abriter des réfugiés. Son adresse nous a été donnée par Bjorn, car nul panneau de signalisation ne l’indique. Gardée par des vigiles privés, l’entrée du gymnase et le petit préfabriqué installé pour les responsables du lieu, ont été isolés visuellement des collégiens par une palissade de tissu blanc. Là plus de 200 réfugiés dorment, dans le sous-sol du gymnase, sur des lits de camp juxtaposés, sans séparation visuelle ni sonore. Les repas sont apportés et servis par une société privée. L’entrée n’est pas possible pour les visiteurs. Aylil et son épouse Nan, Syriens arrivés il y a trois mois, avec leur petit garçon de trois ans, en sont à leur cinquième centre d’hébergement. Ils patientent, difficilement, dans l’attente de leur demande de protection. Originaires de Damas, Ils ont connu deux années de camp après la destruction de leur quartier par l’aviation d’Assad. Le parcours, classique, par la Turquie, l’île grecque de Lesbos, la Macédoine, la Serbie, la Hongrie et l’Autriche, a laissé Aylil dans une santé précaire. Les trois membres de la petite famille, outre cet hébergement inconfortable et les repas fournis, reçoivent un peu moins de 500 € par mois. Il était instituteur à Damas. Ses parents et ses frères, tous diplômés, sont partis avant lui, en Suède ou en Suisse. Son avenir, à lui, est en Allemagne, mais il rêve de l’Australie.

A 30 km de Cologne, les grandes tentes blanches disposées à l’entrée de l’aéroport de Köln-Bonn attendent l’arrivée de 300 réfugiés à la tombée de la nuit. Ils débarqueront d’un avion en provenance de Munich. Sur les tables, les bénévoles de la Croix Rouge, de l’Ordre de Malte ou de Willkommens-A.B.C. ont déjà disposé des fruits, du chocolat et du jus de pomme. On décharge d’un camion la soupe et le plat halal qui seront réchauffés avant d’être distribués. Il y a ici un coin pour la prière, et un espace pour les nourrissons et leurs mamans. Des dessins d’enfants décorent les murs, réalisés par des jeunes réfugiés et des écoliers allemands. Franz, un quinquagénaire bénévole, explique qu’après s’être restaurés et reposés un moment, les arrivants seront emmenés par bus vers différents centres d’hébergement de la région. Des interprètes seront chargés de rassurer et de donner des explications. Il affirme que près de la moitié des réfugiés repartiront d’Allemagne dans quelques semaines ou quelques mois, notamment vers l’Europe du Nord. La plupart sont Syriens, Irakiens ou Afghans, et parmi ces derniers de nombreux mineurs isolés. Franz affirme : « ils sont nos invités, pas des réfugiés »

Incendies criminels

La politique de répartition de 700 000 réfugiés sur le territoire fédéral en attribue un peu plus de 90 000 au Land de Bade-Wurtemberg, dont 4 740 pour le Landreis de Karlsruhe. Dans cette grande agglomération industrielle et administrative, proche de Strasbourg, les réfugiés sont discrets. Dans la Kriegstrasse, l’entrée de l’ancienne caserne est protégée par des vigiles. La plus jeune, qui a commencé à répondre à nos questions, se fait vite rappeler par son chef. Les allées et venues des résidents sont strictement contrôlées. Au 2-4 de la Felstrasse, 300 réfugiés sont hébergés dans un récent immeuble de la Caisse d’Epargne locale. Là encore, deux vigiles et une standardiste nous opposent un refus souriant mais ferme. Il nous faut demander une autorisation à la police locale. Un ensemble de conteneurs sommairement aménagés, situés à quelques kilomètres de la ville, et encore signalés sur le site internet de la municipalité, s’avère désert.

Partout en Allemagne, la consigne semble être la même.  Les réfugiés sont comme invisibles. Il s’agit sans doute d’assurer leur sécurité. Le Ministère de l’Intérieur a relevé pour les onze premiers mois de 2015 plus de 800 délits contre des hébergements de réfugiés, dont 130 actes de violence, quatre fois plus que pour toute l’année 2014. Sur 220 attaques, des suspects ont été identifiés pour seulement 44 d’entre elles, dont 8 ont pu donner lieu à des plaintes motivées. Dans le village de Herxheim, au sud du Palatinat, un incendie criminel a détruit une partie d’une résidence, où 9 réfugiés vivaient depuis quelques semaines. Cela n’a pas pour autant remis en cause le projet du Land, qui va aménager en deux ans 800 places dans un ancien parc d’entreprises de haute technologie. Mais le motif principal de cette invisibilité organisée est probablement d’éviter d’augmenter le mécontentement de la population allemande face à la politique d’ouverture décrétée par Angela Merkel et le C.D.U., en cohérence avec l’attitude majoritaire du S.P.D. et des Verts. Sur le site web de la ville, un débat révélateur s’est ouvert sur le thème « L’aide aux réfugiés nuit-elle à l’aide sociale accordée aux habitants de Karlsruhe ? »

Au milieu de nulle part

Augsburg est une ville cossue de la Bavière. Détruite à 90 % par les bombardements alliés, cette ancienne capitale du commerce avec l’Italie a été reconstruite en respectant l’architecture et le plan de la ville ancienne. L’Hôtel Cosmopolis est le théâtre d’une expérimentation sociale et artistique. Situé près du centre ville d’Augsburg, cette propriété du diaconat protestant local a été concédée en 2011 à un groupe d’artistes, qui a entrepris sa rénovation. En 2013, la municipalité, qui envisageait d’en faire un centre d’accueil pour les réfugiés, a demandé d’y employer  à cette fin deux étages. Aujourd’hui cohabitent donc des artistes,  65 réfugiés, et des hôtes de passage, auxquels on demande 40 € par personne pour la nuit, libre à chacun de donner plus. Le Land paie pour les réfugiés. Le repas de midi est préparé ensemble et servi gratuitement. Au bar, comme pour les chambres, on demande aux visiteurs ou aux résidents un prix minimum. Ici, pas de vigile, pas de policiers. Pourtant, les autorités locales portent un regard attentif au lieu, et la police y a débarqué récemment, à 6 h du matin, pour procéder à l’arrestation, en vue d’expulsion, d’une famille albanaise. La mobilisation des occupants du lieu a permis d’empêcher, ou du moins de retarder, l’expulsion, car cette famille envisageait le retour volontaire en Albanie.

L’attitude récente du gouvernement fédéral s’explique en partie par l’origine géographique des réfugiés. Sur les 5 premiers mois de 2015, près d’un sur deux était originaire de l’ex-Yougoslavie, par ordre décroissant du Kosovo, d’Albanie, de Serbie, de Macédoine et de Bosnie-Herzégovine. Le 10 décembre dernier, un avion a décollé de l’aéroport de Karlsruhe avec des expulsés d’origine africaine. Les reconduites dans les Balkans sont fréquentes. La mobilisation des citoyens allemands contre ces expulsions est faible, malgré le soutien d’activistes. Le 19 septembre dernier, une manifestation a rassemblé à Karlsruhe environ 500 réfugiés, sans-papiers, activistes et soutiens locaux, pour protester notamment contre les expulsions, le racisme et les conditions de vie de migrants, hébergés depuis des mois dans des conteneurs, « au milieu de nulle part ».

Resocialisation

Cependant, l’Allemagne n’attend pas pour accorder l’asile que les réfugiés arrivent d’Autriche ou d’ailleurs. Rasha, une jeune Syrienne, nous raconte qu’elle a quitté Damas pour Istanbul, par crainte de représailles contre son engagement politique. La majorité des Syriens présents en Turquie vit dans les villes turques, les camps n’étant qu’une solution temporaire. Depuis quelques mois, nous explique-t-elle, l’attitude des Turcs vis-à-vis des Syriens s’est dégradée. Il y est de plus en plus difficile de trouver un travail et un logement. D’autre part, la situation en Syrie semble bloquée, et voilà sans doute les principales raisons pour lesquelles les Syriens affluent en Europe.  Après avoir tenté un départ clandestin vers la Grèce, Rasha a demandé et obtenu après quelques mois d’attente un visa pour l’Allemagne. Arrivée à Augsburg il y a trois mois, elle vit pour le moment dans l’hôtel Cosmopolis. Sa mère et son plus jeune frère se sont réfugiés en Suède, son père et deux frères sont encore à Damas. Rasha apprend l’allemand pour tenter ensuite de reprendre en Allemagne son métier d’origine, interprète.

Dans une école protestante des faubourgs d’Augsburg, Julia est institutrice. Elle travaille à mi-temps, avec des bénévoles, pour les jeunes migrants : aide aux devoirs scolaires et cours en petits groupes. Ici, dans ce faubourg populaire, le diaconat, l’autorité protestante locale, ne se contente pas de mettre des locaux à disposition. Il encourage les fidèles à s’investir personnellement. Le travail avec les enfants et les jeunes ados des familles de réfugiés commencent par une resocialisation. Ces jeunes sont souvent perturbés et ont adopté des comportements agressifs. Il faut quelques semaines pour leur faire accepter des règles sur le silence, le respect mutuel, le dialogue, des règles expliquées aux nouveaux arrivants par les enfants les ayant déjà adoptées. Julia raconte aussi la panique qui a saisi un groupe d’enfants à l’entrée dans leur salle d’un visiteur barbu. Pour eux, cette barbe signifiait le terrorisme !  Elle explique aussi que les enfants ont des difficultés pour suivre la journée de travail normale d’un élève, puis de participer à ce renforcement scolaire, tout en assurant souvent la fonction d’interprète pour les démarches administratives de leurs parents !

Schengen et l’Europe en déconfiture

A Dachau, au nord de Münich, des appartements ont été aménagés dans des anciens locaux utilisés par les nazis. A la recherche d’une médecine naturelle, qui se distinguerait de la médecine conventionnelle, jugée trop cosmopolite et sous influence juive, les médecins nazis ont utilisé des prisonniers du camp de Dachau pour le travail de culture et de préparation. Il se trouve que les baraquements du camp avaient déjà hébergé des réfugiés, entre 1948 et 1965, avant que l’endroit ne soit aménagé en mémorial. En 2015, ce sont les locaux annexes du jardin des plantes nazi, en face des miradors et des barbelés du camp, qui ont été aménagés. La ville s’est contentée d’ajouter à des appartements anciens et sans confort des lieux communs, douches, toilettes, lavoir et local pour les vélos.

Il y a quelques semaines encore, les véhicules ne ralentissaient même pas, sur l’autoroute 8, à la sortie de Salzburg vers Munich, au passage de la frontière. Aujourd’hui des kilomètres de camions, d’autocars et de voitures roulent au pas sur deux files : l’Allemagne a rétabli ses contrôles à la frontière autrichienne. C’est ce que l’état fédéral a trouvé de plus simple pour tenter de ralentir le flot de réfugiés. La chancelière a obtenu le week-end dernier un soutien massif de son parti, le C.D.U., sur sa politique d’accueil, en échange d’une promesse : diminuer le nombre de migrants entrant dans le pays. L’Allemagne a en effet accueilli en 2015 environ un million de réfugiés. L’Europe de Schengen s’écroule par pans, les règlements européens sur la protection des réfugiés sont remplacés par ce tri sommaire et arbitraire entre migrants originaires de pays en guerre, et ceux de pays supposés être en paix. L’hiver sera long pour les réfugiés. 

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