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Billet de blog 29 janvier 2022

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Primaire populaire : une mystification au profit d'un petit groupe d'intrigants

Que penser d'une pseudo association (autrement dit, un groupe de personnes privées partageant un but commun, mais pas forcément d'intérêt collectif) qui prétend jouer les arbitres, grâce aux suffrages délégués de leurs adhérents, entre les différents candidats politiques de la gauche à la présidentielle ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors que Mélenchon et Jadot sont, en l'état des sondages, les mieux placés et les plus légitimes à incarner une convergence des votes de gauche (quelles que soient les réserves que l'on puisse avoir vis-à-vis des convictions réellement de gauche du second), voilà qu'une « primaire populaire » prétend les soumettre, par le truchement d'une petite chapelle, à une intronisation déguisée sous un pseudo-processus représentatif, chapelle de personnes dont les éléments de doctrine seraient les règles « démocratiques » décidées en réalité par eux mêmes (dans le cadre de leurs propres statuts et règlements associatifs)...

Il n'est d'ailleurs pas étonnant qu'une des cautions de cette mascarade démocratique soit Cyril Dion, et l'on peut subodorer que ce n'est pas pour rien si on y voit toujours la même stratégie à l'oeuvre que lors du coup de sa " Convention Citoyenne pour le Climat " : initier ou parrainer un processus de représentation « alternatif », pour se poser ainsi, de façon plus ou moins détournée, en intermédiaire symbolique et médiatique incontournable (justement) , afin de renforcer son aura dans l'opinion des gens de gauche (mais pas très malins).

Car Cyril Dion n'a toujours pas le courage d'assumer ses ambitions politiques et cherche désormais à se mettre en scène dans des processus à priori « désintéressés », c'est à dire d'inspiration « collective » faussement spontanée (puisque, en réalité, réfléchis bien en amont par quelques uns)...

Homme habile qui bénéficie d'un certain charisme, notre écologiste médiatique souhaite d'autant plus se rendre « invisible » (" pour une fois... ", dira-t-on) au sein de cette primaire savamment organisée, qu'il sait que c'est ainsi qu'on le verra le plus, ou le mieux, mais en temps voulu et décidé par lui... (« Effectivement, pourra-t-il déclarer, j'en faisais partie mais, en toute modestie, je n'ai pas voulu me mettre en avant... »)

Quoi qu'il en soit, que l'initiative soit, en réalité ou non, au profit de Dion et (ou) de ses collègues, il est incontestable que le projet politique de cette primaire est plus subtile que ne le décrivent les médias.. Car il s'agit moins de désigner un candidat qui pourrait réellement faire l'unanimité au sein de l'électorat de gauche, candidat qui de toute façon, hélas, a bien peu de chance de l'emporter à la Présidentielle (ce que les concepteurs de cette Primaire savent pertinemment), que de générer un nouveau parti de gauche sur la base d'un nouvel appareil politique, appareil dont les membres auraient gagné leur légitimité grâce à la notoriété et les recettes financières réelles que l'opération leur aura permis ainsi de capitaliser...

Faussement idéaliste mais réellement ambitieuse, la stratégie de cette primaire ne vise donc qu'à donner à ses membres fondateurs, ainsi qu'à leurs parrains de connivence, une légitimité « naturelle »; et ce afin qu'on finisse par les désigner « malgré eux » (probablement à la suite d'un nouveau vote interne où ils se seront cooptés en tant que candidats), à la tête du nouveau parti en question, parti qui ne serait plus "primaire", mais vraiment "populaire" lui...  (Enfin, espèrent-ils)...

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