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Représentant environ le quart des transports réalisés au niveau européen, le transport routier polonais occupe aussi la première place en Europe en nombre de véhicules de plus de 3,5 t. Selon le quotidien polonais Dziennik Gazeta Prawna, l’année 2021 a été l’une des plus favorables au secteur polonais du transport et de la logistique, qui s’adapte immédiatement à chaque réforme européenne à l’origine de laquelle se trouvent les pays occidentaux.
Un dénigrement généralisé injustifié
Le transport polonais est cependant, depuis plusieurs années déjà, dénigré par la presse française. Si le fondement de ce dénigrement reposait, il y a encore quelques mois, sur ce que la France appelait inadéquatement une prétendue concurrence déloyale, alors que la Pologne a toujours respecté les principes européens de libre circulation des biens et des services, il a dernièrement atteint un niveau indigne par des attaques ciblées et personnelles sur les chauffeurs polonais, visant à généraliser une certaine vision dans l’opinion publique française.
Ne citons que les derniers articles parus ces deux dernières semaines : Le Dauphiné du 10 octobre 2022 indique qu’un automobiliste polonais aurait été contrôlé à Annecy avec de l’alcool dans le sang ; La Dépêche du 24 octobre 2022 insiste sur le fait qu’un conducteur contrôlé à plus de 50 km/h au-dessus de la limite autorisée aurait été de nationalité polonaise, alors que sur environ 35.000 grands excès de vitesse relevés en France, aucune statistique n’est tenue ni les nationalités stigmatisées ; Sud-Ouest du 27 octobre 2022 se félicite qu’un conducteur polonais de véhicule utilitaire ait été contrôlé avec de l’alcool dans le sang ; dans La Voix du Nord du 29 octobre 2022, sur toutes les marchandises transportées via Calais par les centaines de milliers de poids-lourds, la nationalité polonaise est une fois de plus affichée comme principale information quant à un chauffeur routier dans le chargement duquel auraient été retrouvées des matières illicites. Faut-il comprendre de la retranscription par les médias de ces faits divers insignifiants que les contrôleurs décrochent aussitôt leur téléphone quand un Polonais est contrôlé ?
Une discrimination à la plaque d’immatriculation et à la nationalité
Quel est le but exact de ces stigmatisations, alors qu’en général la France a des scrupules à afficher la nationalité des personnes qui commettent sur son territoire les actes les plus graves ? Visent-elles à provoquer dans l’opinion publique française un sentiment de rejet du Polonais quand une plaque d'immatriculation PL est aperçue sur la route ? Or le transport routier polonais ne vole pas d'emplois aux Français, car le transport français est lui-même en manque maladif de chauffeurs routiers (environ 50.000), et qu’il a fondamentalement besoin de son homologue polonais pour fonctionner et absorber les demandes de transport, de sous-traitance et de cabotage.
Les transporteurs polonais transportent pour vous, acheminent vos marchandises, de jour comme de nuit, loin de leurs familles, ils passent leur vie sur la route dans toutes conditions climatiques et font partie de ces héros du quotidien qui étaient encore récemment encensés en France. C’est pourtant avec la boule au ventre qu’ils entrent en France, dans l’un des pays européens où les routes et les parkings sont les moins sûrs (migrants, attaques, vols,). Ils sont la cible favorite depuis des années des contrôleurs routiers qui mènent à leur encontre des procédures s’avérant bien souvent illégales et/ou irrégulières. Les pratiques menées sont, de fait, discriminatoires, car elles jettent sur une nationalité en particulier un opprobre injustifié qu’aucune autre nationalité ou minorité ne tolérerait jamais en France ! Aucun bouclier ni voix ne s’élève pourtant pour s’en insurger, ni au niveau français ni même polonais, la branche polonaise du transport n’étant apparemment pas assez soutenue par son gouvernement déconnecté des réalités du terrain et des besoins des transporteurs comme des chauffeurs routiers.
Le transport polonais, maillon indispensable de notre approvisionnement
Les prix encore concurrentiels des transporteurs polonais sont l’un des moyens de maintenir les prix des biens de consommation à un niveau raisonnable, hors inflation ; si le prix du transport explose, il se répercutera de manière automatique sur les prix à la consommation, qui verront leur niveau dépasser celui de la seule inflation.
Selon Mariusz Kolodziej, CEO d’Upswing Optimize, « en tirant sur le transport polonais, les Français se tirent non seulement une balle dans le pied, mais aussi dans la tête ; si le transport est la circulation sanguine de l’économie européenne, alors la France semble immanquablement atteinte d’athérosclérose ».
Il conviendra donc de se poser deux questions concrètes et cruciales : Est-il correct de stigmatiser la nationalité polonaise à un point où aucune autre ne permettrait d’être ainsi montrée du doigt ? Va-t-on continuer à croire et faire croire que les transporteurs polonais viennent en ennemis alors qu’ils font partie intégrante de la chaîne logistique qui approvisionne nos rayons et nos foyers ? Lorsque vous voyez une plaque d'immatriculation polonaise sur un camion, pensez-y.
François Nicolas WOJCIKIEWICZ, Président de l'Association des Transporteurs Polonais