Moi je n'accepte du jour que ses eaux profondes.
Joe Bousquet,
L'Homme dont je mourrai.
Ecris afin de faire apparaître toutes les ressources qui se cachent dans le langage,
la capacité, avant tout, de révéler l'homme dans ce qui le fait plus réel que son apparence.
Saisir le point où le langage n'expose qu'en s'épanouissant entiérement le rapport de l'homme avec lui-même.
Ici même réside le secret de notre art. Inapte à soi-même, né dans tout ce qu'il est, l'homme ne se voit, ne se décrit que dans sa façon de s'adapter aux actes que lui désigne un appel de son coeur.
"Vis hors de toi, dit l'un. Laisse-le dire : il parle sans se comprendre. La vérité est dans sa leçon comme le jardin dans le vol des abeilles retournant à la ruche.
Et toi : l'étendue c'est le tour du monde. La parabole du lien que tu es entre la nuit et le jour.
Tu es l'oeuvre de la nuit dans une image du jour.
Espoir ! Espoir ! Espoir ! Je suis perdu dans mon être comme dans un bois. Le monde entier est le contenu de l'ignorance où je suis de moi-même.
Pauvre ! Si heureux de te voir si leurré. Je ne me suis même pas contemporain.
Je vis dans un monde où le monde où je vis est l'envers et j'appelle moi l'acte où est scellée cette ignorance radicale.
J'existe, comme la lumiére fait exister un puits. Tout ce que je pense de moi se vérifie dans son contraire. Je tourne autour de moi-même et l'univers m'immobilise et me suit.
Rien ne m'advient que pour m'aider à savoir quelle plante je suis.
D'abord, l'étendue n'est pas séparation, mais au contraire, elle est embrassement, et traduit avec des formes sa tendance à se franchir.
Antipodes. Je suis l'oeuvre de la nuit dans le miroir du jour. Chacun de mes regards, pour devenir ma pensée, fait le tour du monde, non sans se renverser, par ce saut de la mort, imposé à l'objet qui boucle sans quitter la piste le signe de l'Infini."