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Billet de blog 11 octobre 2014

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Ecrire fragment. Deux

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

   Je vis dans une case de béton, rationellement pensée, rationellement attribuée.

   "Vous gagnez tant : rat ! Vous avez tant !"

   "Vous êtes tant : rat ! Vous avez droit à tant."

   Les rues, la nuit, la haine, les couples qui se déprennent, qui se friment, le vent.

   Qui s'agitent.

   Les néons, les voitures, les gazs, la frime.

   La vitesse.

   La mort.

   Tous ces petits enfants la mort la vitesse les gazs

   La frime

   Les lunettes noires, pour qu'on ne voit pas qu'on a pleuré, ces enfants de trente ans, le blouson, les bottes, maman, papa !

  Téléphone

   Télévision

   Répondeur

   Répondeur enregistreur, la nuit.

   Piéces, cuisine, ascenseurs, lave-linge, chauffage compris, décor paysage, parking. Pas de voiture pour vous évader ? Autoroute, week-end, espaces verts, oxygéne, santé ?

   Sport !

   Oui, sport !

   Compétition, joie de vivre, sport !

   Chasse !

   (Sport signifiait chasse, du temps où l'on parlait anglais : sportsmen.)

   La nuit, la rue, la tristesse.

   La mort des chats, qui s'éloignent pour crever.

   Il y avait, là-bas, au bout du dernier chemin,         un méandre

   Une île de ré.

   Bagnards, les chats, l'épouvante, une grotte, une prison, bagnards les chats.

   Il y avait, là-bas, au bout du chemin l'épouvante

    la brême

    une falaise

    une grotte

    la brême la nuit

   Des eaux stagnantes.

   La mort des chats

   L'épouvante

   la mort lente, le retour aux néons, les papillons, les bars, l'anamour, le bavardage et le silence et la solitude

   Et le mensonge

   La nuit, la rue, le mensonge, les faux-semblants

                                   "ces grelottantes étoiles

                                    de fausses femmes dans vos lits"

   Il y avait encore l'autre, dans les rues,la nuit, sous les ponts du périphérique

   Mais un jour, une nuit, une terrasse, un café

   Une femme

   Une enfant

   Une adolescente

   Mais une femme

   Une enfant, femme

   Un être humain

   Une forte, une courageuse, faible, forte

   Hingabe

   Quelqu'un.

   Une.

   Grande.

   Deux enfants.

   Deux enfants, mais pas la nuit.

   La nuit, ils dorment.

   Je n'en parlerai pas.

Pas la nuit.                Mes deux tout-petits.

La nuit. La misére. L'insomnie.

La nuit."

        Ce fragment, je l'ai dit, était inséré comme un marque-pages dans un livre qui recueille les écrits de Marseille de Simone Weil. Je dirai quelle page il marquait.

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