" Dans ce grenier, je parlais aux pigeons, mes seuls compagnons.
"Ce qui m'attriste le plus c'est d'avoir perdu une amie, en même temps qu'une amante. Je n'ai plus personne à qui parler, dans cette ville qui m'est inconnue, où je ne suis personne, personne non plus écrire, à qui me confier. Plus que moi-même, les murs, le silence, et une ouverture sur le toit, vers le ciel tantôt gris, tantôt étoilé, tantôt bleu. Je pense que, dans le désert, c'est ainsi qu'on en est venu à parler à Dieu, la plus grande création de l'homme, pour désigner le mystére, l'incompréhensible, l'Inconnaissable.
C'est ainsi, sans doute, que ne pouvant s'adresser à personne, on en vient à s'adresser à tout le monde, écrire pour des inconnus, un public, la postérité, personne, quelqu'un, quelque part.
Elle est partie parce qu'elle n'avait plus besoin de moi, je lui pesais, à présent. N'avait plus rien à apprendre de moi. Avait fait ce qu'elle avait eu à faire, me laisser la Bible et me mettre en contact avec le Judaïsme. Comme j'avais passé le Yi King à Corinne, après quoi je n'avais plus eu rien à faire avec cette dernière, sinon l'amour, et ce n'était pas essentiel.
Elle est partie parce qu'elle l'a vaincu, parce qu'il a cessé de la dominer, parce qu'elle a fini par le mépriser".