François Préneau (avatar)

François Préneau

syndicaliste retraité,

Abonné·e de Mediapart

8 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 octobre 2025

François Préneau (avatar)

François Préneau

syndicaliste retraité,

Abonné·e de Mediapart

Buchenwald samedi 11 octobre. Hommage aux communistes internationalistes

Pour la première fois depuis la libération du camp en avril 1945, un rassemblement en hommage aux communistes internationalistes qui y ont été détenus et dont plusieurs y sont morts, s’est déroulé dans l’enceinte du Mémorial de Buchenwald.

François Préneau (avatar)

François Préneau

syndicaliste retraité,

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quand, portés par des militants allemands, français et néerlandais, les portraits des quatre déportés auteurs de la déclaration des communistes internationalistes de Buchenwald, le français Marcel Baufrère, les autrichiens Ernst Federn, et Karl Fischer, le belge Florent Galloy et ceux des deux dirigeants de la IVème internationale, le français Marcel Hic et l’allemand Martin Monath, principal rédacteur du journal clandestin Arbeiter eund Soldat, ont franchi la grille du camp – où est inscrite cette inscription odieuse « Jedem das seine », « A chacun son dû » -, un lourd silence se fit dans le petit cortège des participants à cet hommage.

Huit décennies, 80 ans, avant qu’un hommage ne soit enfin rendu à ces résistants antinazis pour ce qu’ils étaient : des militants internationalistes refusant toute responsabilité collective du peuple allemand dans cette effroyable barbarie nazie et appelant à la fraternisation des travailleurs..

A deux pas de la place centrale, où plus de 250 000 détenus vécurent des heures d’horreur et où 56 000 d’entre eux périrent, Claudius Naumann,  a exprimé avec émotion le sens de ce rassemblement, avant que chacune et chacun dans sa langue, n’entonnent l’Internationale.

Pour ne jamais oublier ces femmes et ces hommes et parce que le combat contre le fascisme est loin d’être achevé.

 F.P.

Illustration 1
Buchenwald, 11 octobre 20215 © François Préneau

Discours de Claudius Naumann

« Chers amis, chers camarades,

il y a 80 ans prenait fin la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle les peuples du monde entier, et en particulier la classe ouvrière des pays belligérants, ont payé un lourd tribut en vies humaines. Mais les militants ouvriers internationalistes et les membres de la IVe Internationale ont résisté dans différents pays dominés par les nazis et se sont battus pour la fraternité internationale des travailleurs, en particulier des travailleurs en uniforme.

Beaucoup de ces camarades originaires de différents pays européens, que les nazis ont pu capturer, ont fini comme prisonniers politiques dans ce camp de concentration où nous nous trouvons actuellement ; certains ont été déportés vers Dora ; les camarades féminines ont été envoyées à Ravensbrück.

Il y a 80 ans également, en avril 1945, les portes du camp se sont ouvertes. Beaucoup de camarades déportés n'ont pas survécu jusqu'à ce jour. Tous, survivants comme morts, avaient vécu des choses terribles. L'objectif des nazis était d'exterminer les prisonniers par le travail, mais aussi de leur soutirer jusqu'à leur dernier souffle toute leur force de travail. Les trotskistes du camp n'étaient pas seulement exposés à la terreur meurtrière des nazis, mais aussi aux dangers représentés par les staliniens qui contrôlaient les organisations de prisonniers.

Il y a un an, à Brest, notre association « Les amis d'Arbeiter und Soldat » a rendu hommage aux militants ouvriers français et aux ouvriers allemands en uniforme qui ont publié et diffusé ensemble le journal clandestin Arbeiter und Soldat. Beaucoup de nos camarades français ont été déportés ici, où ils ont poursuivi leur travail de fraternisation internationaliste avec leurs camarades allemands, belges et autrichiens, dans la mesure où les conditions du camp le permettaient.

Nous vous rendons hommage, camarades, vous qui avez brandi haut le drapeau de l'internationalisme même dans le camp et qui l'avez payé de votre vie :

Honneur à vous,

  • Camarade Georges Berthomé
  • Camarade Yves Bodenez
  • Camarade Constant Boucault
  • Camarade Henri Colliard
  • Camarade Leib Ehrlich
  • Camarade André Floch
  • Camarade Albert Goavec
  • Camarade Walter Herz
  • Camarade Marcel Hic
  • Camarade Eduard Kalischer
  • Camarade Erich Melcher
  • Camarade Fritz Reuter
  • Camarade Werner Scholem
  • Camarade Walter Winter

Nous rendons également hommage aux camarades qui ont survécu aux horreurs du camp et qui, malheureusement, ne sont plus en vie aujourd'hui.

Honneur a vous,

  • Camarade Henri Berthomé
  • Camarade Marcel Baufrère
  • Camarade Jean-René Chauvin
  • Camarade Matthias Corvin
  • Camarade André Darley
  • Camarade Ernst Federn
  • Camarade Roland Filiâtre
  • Camarade Karl Fischer
  • Camarade Philippe Fournié
  • Camarade Florent Galloy
  • Camarade Gerhard Grabs
  • Camarade Gustav Gronich
  • Camarade Fritz Ohlhof
  • Camarade Erich Persson
  • Camarade Karl Plättner
  • Camarade David Rousset
  • Camarade Gérard Trevien

Nous n'oublions pas non plus les courageuses camarades françaises qui ont été déportées au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück.

Honneur à vous, camarades !

  • Camarade Anna Kervella
  • Camarade Marguerite Metayer
  • Camarade Eliane Ronël

Nous voulons également rendre hommage à deux camarades qui n'ont pas été déportés en Allemagne , mais assassinés en France. Tous deux ont joué un rôle central dans le « travail allemand » de la IVe Internationale.

Honneur à vous,

  • Camarade Martin Monath
  • Camarade Robert Cruau

Nous rendons hommage à tous les camarades qui étaient ici et dont nous n'avons pas encore connaissance. L'association aura pour mission de les retrouver et de découvrir leur destin.

Nous commémorons également en ce lieu d'horreur tous ceux qui se sont élevés contre le fascisme au prix de leur vie et d'atroces souffrances.

Nous rendons également hommage à tous les combattants pour la liberté et la fraternité entre les peuples, qui sont ici à Buchenwald réunis pour toujours.

[Minute de silence]

Chers amis, chères amies, chers camarades,

je voudrais répéter ce que j'ai dit il y a un an à Brest : Les actions héroïques des combattants internationalistes n'ont pas été vaines : elles montrent l'exemple aux travailleurs en uniforme du monde entier pour qu'ils cessent de s'entre-tuer. L'ennemi n'est pas l'autre peuple ou l'autre nation, les ennemis sont les bellicistes impérialistes qui mènent leurs peuples à l'abattoir.

Agissons dans cet esprit !

Merci ! »

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.