Ils sont au lit. Soudain Macron se dresse dans un hurlement.
BRIGITTE Mais qu’est-ce qui t’arrive, mon Manu ?
MACRON Un cauchemar ! Mais alors un cauchemar… Atroce ! À tiroirs !
BRIGITTE Raconte, sinon… Tu vas y replonger si tu ne t’en débarrasse pas.
MACRON J’étais à Brégançon. Dans la piscine. Le ciel était bleu roi. Et vlan, une explosion ! Mais pas le pétard de feu d’artifice. Hiroshima, à peu près. L’eau de la piscine s’évapore, déborde, je ne sais pas, je suis à sec. Et je vois des nuages noirs comme des charbons se rouler dessus, se bousculer, et j’entends des sirènes qui hurlent depuis Lyon, depuis Paris…
BRIGITTE Mais qu’est-ce que c’était cette explosion ?
MACRON Une centrale nucléaire. Au moins une. Fessenheim ? Une fausse manœuvre en la démontant ? Mais attends ! Des tas de types sautent dans la piscine, le Premier ministre, des types de la sécurité, des experts… On m’hélitreuille, on m’héliporte, je survole une France en feu, des familles en exode, des caravanes, des troupeaux, des corbillards…
BRIGITTE Pauvre Manu !
MACRON Il y a pire ! Bien pire ! On me dépose dans la cour de l’Elysée. Je suis toujours en slip de bain. Et qui je trouve dans mon bureau, les pieds sur mon bureau ?
BRIGITTE Qui ?
MACRON Devine un peu.
BRIGITTE Sarkozy ? Mélenchon ? Marine Le Pen ?
MACRON Tu n’y es pas du tout ! La C.I.A. en personne ! Qui suit sur l’écran de télé le Président des States en train de parader sur les ruines de la Tour Eiffel. Et que je te compatis au malheur des Parisiens, et que je te dénonce les dirigeants français… Et soudain le Trump bondit de l’écran dans la pièce, claque des doigts et me fauche mon agenda. Et il appelle un à un les présidents des Assemblées, les dirigeants des partis. D’un seul coup, ils envahissent la pièce, avec des degrés de bronzage divers.
BRIGITTE Le tien n’est pas mal.
MACRON C’est pas le sujet. Le Trump nous passe un de ces savons, nous sommes tous des nuls, des vautrés, des pourris. Et il nous dicte les mesures à prendre, promet de revenir voir où nous en sommes d’ici un mois. Et tu sais, pendant qu’il parle, je remarque que son visage se modifie, et que maintenant il ressemble aussi à Angela Merkel…
BRIGITTE (elle ne peut pas s’empêcher de rire) Quel cauchemar !
MACRON Tu ne comprends pas ! C’était le comble ! Nous étions, moi, toi, la France, non seulement accablés d’une catastrophe pire que Seveso, l’AZF et Tchernobyl réunis, mais dépossédés de notre souveraineté, putain, humiliés, piétinés dans notre palais même. (Il trépigne et sanglote)
BRIGITTE (prenant la tête de Macron entre ses mains douces)
Dors min p’tit Quinquin,
Min p’tit pouchin, min gros rojin,
Tu m’fras du chagrin
Si te n’dors point ch’qu’à d’main