Macron,
Ce soir, je ne peux vous traiter que d'enfoiré de première.
Depuis sept ans vous avez travaillé à faire de l'extrême-droite votre faire-valoir, et vous n'avez réussi qu'à faire valoir les thèmes et les thèses de l'extrême-droite, et à faire monter leur audience et leur score jusqu'à des niveaux inédits, inouïs. Ce soir, devant l'éclatante faillite où vous avez conduit votre camp, votre présidence et la République française, votre réflexe immédiat est de l'aggraver encore, et de tendre à vos soi-disant adversaires les clés de Matignon en attendant celles de l'Elysée.
Vous auriez pu attendre, laisser le pays souffler, enregistrer ces résultats et réfléchir. Aucun texte constitutionnel, aucun, ne vous contraignait à tirer (comme ce verbe est adéquat!) la leçon qu'aussitôt vous infligez à la nation et à la démocratie: des élections à la campagne mutilée, rabougrie, située par surcroît au moment bien mérité où un premier fort contingent de concitoyens part en congés. Ce qui risque de renforcer encore la pente à l'abstention que votre règne a dans l'ensemble aggravée, au moins chez les plus jeunes et les moins aisés d'entre nous.
Vous vous en moquez. L'abstention sur laquelle après chaque scrutin vous et les vôtres versez des larmes de crocodile, est une des façons d'exclure les pauvres du cercle des décisionnaires, et vous n'avez rien entrepris de sérieux pour la réduire, au contraire.
D'autre part, en acculant le corps électoral à un délai aussi bref entre les élections européennes et les législatives, vous le poussez à bégayer en pire encore son vote de trois semaines auparavant. Et vous bondissez sur l'occasion que vous croyez béante d'écraser davantage les velléités d'union qui n'ont pas fini de frémir à gauche, et d'obliger ce qu'il reste de la droite dite de gouvernement à choisir entre l'extrême droite et le centre inconsistant en quoi votre action a transformé le mouvement que vous aviez fondé.
Bien sûr, la manoeuvre scandaleuse à laquelle vous vous livrez, avec de faux airs de courage pêchés sans doute sur les plages du débarquement, est vouée à se clore en une nouvelle piteuse mascarade où vous devrez en rabattre encore sur votre prétention à entrer dans l'Histoire autrement que comme le pire président que nous ayons eu à subir sous la Vème République. Mais vous serez surpris: nous serons très nombreux, unis, à tenter de déjouer cette contrefaçon de démocratie, et à vous combattre, plus et mieux que par le passé, vous, votre Marine et votre Jordan.