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Billet de blog 20 août 2020

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

ACTE 1

L’INSPECTEUR (lisant ses notes)   Je vous ai téléphoné à plusieurs reprises. Vous étiez injoignable.

LE P.M.E.   C’est possible. Moi, je travaille.

L’INSPECTEUR   Je vous ai adressé un mail. Que vous avez laissé sans réponse.

LE P.M.E.   Des mails, si vous saviez ce qu’on en reçoit ! On a autre chose à foutre que de tous les lire.

L’INSPECTEUR   Puis je vous ai écrit. Une fois. Deux fois. La seconde, en recommandé.

LE P.M.E.   Si c’est pas du harcèlement…       

L’INSPECTEUR   Et au terme de cette procédure, quand je suis revenu dans votre entreprise, je n’ai observé aucun changement : vos salariés n’étaient toujours pas munis des protections requises. Ni masques, ni gants, ni surblouses, ni gel hydroalcoolique. Ils risquaient donc toujours, trois mois après le début dé l’épidémie à la fois de contracter le virus et de le répandre auprès d’un public, dois-je vous le rappeler, particulièrement fragile : des personnes âgées, la plupart atteintes de facteurs aggravants, diabète, hypertension…

LE P.M.E.   Et cetera. Vous n’allez pas m’apprendre mon métier !

L’INSPECTEUR   Dans ces conditions, vous ne me laissez pas le choix : je dois vous poursuivre en référé.

LE P.M.E.   Faites ça et vous entendrez parler de moi.

L’INSPECTEUR   Mais j’entends déjà parler de vous ! Certains de vos salariés ont utilisé auprès de moi leur droit d’alerte.

ACTE 2

Dans un bureau de l’inspection du travail.

LA HIÉRARCHIE   Nous vous avons téléphoné.

L’INSPECTEUR   Et je vous ai répondu.

LA HIÉRARCHIE   Nous vous avons envoyé un mail, puis un autre d’avertissement.

L’INSPECTEUR   Et j’y ai répondu.

LA HIERARCHIE   Nous vous avons rappelé nos circulaires successives sur le doigté nécessaire avec lequel pratiquer nos missions pendant cette période exceptionnelle. Vous ne semblez pas comprendre que les entreprises ont, depuis des mois, davantage de frais et beaucoup moins de recettes.  

L’INSPECTEUR   L’entreprise en question n’a tenu aucun compte de mes observations. Ses salariés étaient dépourvus de toute…

LA HIERARCHIE   Vous n’allez pas recommencer ! Et d’autant moins qu’à compter de ce jour et de cette heure vous êtes suspendu de vos fonctions.    

L’INSPECTEUR   Je ne suis pas seul. L’intersyndicale me soutient.

LA HIERARCHIE   Fermez la porte derrière vous. Et s’il vous plait sans la claquer. Nous ne sommes pas au théâtre.

Acte 3

Dans le bureau de la ministre du Travail.

LA MINISTRE (le parapheur devant elle)   Et ce cas, de l’inspecteur… ?

LE CHEF DE CABINET   Il a, malgré les avis contraires de sa hiérarchie, voulu imposer le port du masque à une entreprise…

LA MINISTRE   Ah oui ! On en a parlé dans les journaux. Un emmerdeur fini !

LE CHEF DE CABINET   La sanction proposée est une mutation d’office. Sans affectation désignée.

LA MINISTRE   Pour commencer ! (elle signe

Acte 4

Conférence de presse, le lendemain même heure, au ministère du Travail.

LA MINISTRE  Après concertation avec les partenaires sociaux, j’ai décidé que dès le 1er septembre, le port du masque sera systématisé dans les entreprises. Il sera obligatoire dans les espaces clos et partagés, tels que salles de réunion, couloirs, vestiaires, open spaces., ainsi de suite. L’achat du masque sera à la charge de l’employeur.

UN JOURNALISTE   Mais n’est-ce pas ce que demandait au printemps l’inspecteur du travail que vous avez sanctionné hier ?

LA MINISTRE (souriante, coupante, pliant bagage)   Je vous remercie de votre attention.

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