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Je n'ai acheté "Jours tranquilles à Clichy" d'Henry Miller (dont je ne suis pas nécessairement un grand fan) que parce que les Editions Barillat l'ont republié avec les exceptionnelles photographies de Brassaï. Les rencontres entre la littérature et la photographie sont demeurées mystérieusement fort rares dans les cent dernières années : celle là vaut pourtant le détour.
A ma gauche, un écrivain qui raconte - comme tant d'autres - sa vie de Bohème à Paris (enfin à Clichy) sous une modalité à la fois tendre, ironique, sexeuse (c'est pas forcément ce côté là qui a le mieux vieilli) et, forcément, très nostalgique. Je ne peux pas nier à Miller une vraie efficacité, un regard fin et précis, à la fois sur les décors et sur les êtres. S'il avait pu s'abstenir d'être misogyne, ça aurait été courtois. Mais bon, l'époque...
Brassaï, de son côté, a tiré d'extraordinaire paysage du Paris nocturne des années trente : traînées de lumières des lampadaires, visages et coiffures d'époques dans des bistrots, rouges à lèvres, couples, beuveries, arbres déguinguandés dans le crépuscule, réclames dans le métro.
Pour le coup, les deux univers se combinent magnifiquement et si le boulot d'un livre est de vous faire voyager, celui-ci m'a envoyé près de cent ans en arrière, sans correspondance.