AS BESTAS

« As Bestas » est un trés bon film qui raconte la difficulté d’un couple français pour s’intégrer dans un coin perdu de Galice. C’est un thriller, un « Ecolo-Thriller »!
Ils sont pleins de bonnes intentions, La cinquantaine, intelligent, (lui est prof de fac, je crois) et elle, je ne sais pas mais c’est une femme de tête qui réfléchit. Ils font du « bio » et rénove gratuitement des fermes pour que les jeunes reviennent. 
Et, en plus, ils semblent réellement amoureux, bienveillants, ils ont de l’humour.
Ils vivent pleinement leurs engagements. Ils ne s’arrêtent pas, juste le soir pour fumer un pétard, en regardant les étoiles.
Ils sont arrivés avec plein de bonnes intentions, et pourtant ça finit mal, (C’est un "thriller").
En fait, ils ont le tord de refuser de signer pour l’installation d’éoliennes? (Ils ont quand même quelques panneaux solaires dans leur jardin bio). 
J’aimerai tant être le monsieur! Je l’admire, je l’envie, mais je n’aimerai pas qu’il m’arrive ce qui lui arrive.
De l’autre côté, il y a deux autres personnages, deux frères, les mauvais, les méchants. Deux frères qui sont nés au village, qui ont leur ferme à coté de chez eux et qui élèvent des bovins. Ils espéraient toucher l’argent que leurs promettait les norvégiens pour installer les éoliennes. Ils rêvaient de pouvoir quitter le village et d’aller faire taxi à deux, 24h/24, à la ville  la plus proche. Ce sont des alcooliques, l’un est une grande gueule qui respire la haine, et l’autre, un beau gosse simplet qui le suit.
Et puis il y a d’autres habitants dans ce village, plutôt taiseux, qui essayent de vivre comme ils peuvent.
Je le redis, ce film est un bon film, preuve en est que j’écris ces mots et que je conseille à mes amis d’aller le voir.
Cependant, plusieurs points m’interrogent, surtout le fait que les méchants sont présentés comme des idiots, alcooliques, dégénérés qui n’ont rien compris et qui, une fois de plus vont se faire avoir. Il y a une sorte d’opposition entre les sachants progressistes, critiques, capables de renoncements et de désintéressement, à la mode des temps d’apocalypse qui s’annoncent, et les cul-terreux réactionnaires, conservateurs, idiots, égoïstes, un peu comme les républicains et les démocrates aux États Unis. Et, entre eux, les norvégiens qui veulent installer des éoliennes qui sont intelligents et qui, sans foi ni loi, veulent profiter de la bêtise des deuxièmes.
Bien que je sois en accord avec les premiers, je ressens comme une sorte de néocolonialisme: Les premiers se sont donnés comme mission d’apporter la bonne parole au contrées où la civilisation n’est pas encore arrivée, et il leurs arrivent ce qui est arrivé à certains missionnaires, à savoir se retrouver dans une marmite. Ceux par contre, dont la mission civilisatrice est guidée par la recherche de profit (les constructeurs d’éoliennes), ceux qui vont utiliser les bons arguments et les belles promesses pour berner les idiots, vont finalement gagner. Et leurs intelligences, leur art de la manipulation, leur âpreté aux gains, leur soif inextinguible de jouissances vont faire émerger des méchants encore plus méchants, des idiots beaucoup plus idiots et beaucoup plus dangereux. Comme Trump, Poutine, Bolsanoro, et tant d’autres avant eux et aprés eux… 
N’y-a-t-il que ces possibilités? Que manque-t-il à notre volonté bienveillante pour échapper à la marmite et empêcher le désastre? De l’humilité, du respect vis à vis de ces soi-disant cul-terreux, car ils existent avec leurs histoires uniques et leurs espoirs qui ne sont pas ou plus les nôtres, mais ils ont autant le droit d’exister que nous. Nos deux héros auraient-ils dû accepter les éoliennes (ils ne se privent pas d’utiliser des panneaux solaires qui sont aussi critiquables esthétiquement que socialement)? Prendre le temps de voir le monde comme ces mauvais (qui ne sont que de pauvres gens) le voient, et leurs donner le temps de voir le monde comme nous le voyons? Les accepter tels qu’ils sont et non comme ce que nous voudrions qu’ils soient? A vrai dire, je n’ai pas de réponses hors ces propositions, et je doute qu’elles soient ni suffisantes ni efficaces. Je me dis aussi que beaucoup de violences sont la conséquence d’une domination d’autant plus insupportable qu’elle est inconsciente.